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Scénario : Jules, accompagné de son « génie » arrive devant saint Pierre à la porte du Paradis. Ce dernier refuse de laisser entrer le pontife et lui reproche toutes ses turpitudes. Jules se défend vigoureusement, mais ne parvient pas à fléchir le saint.
La réalité historique : Jules II exerça le pouvoir papal, temporel et spirituel, de 1503 à 1513. Il fut un pape très remarquable dans les deux registres et reconnu comme tel. Ses pairs temporels soulignèrent - à défaut de les saluer puisqu'elles s'exerçaient généralement à leur détriment - ses qualités d'homme d'État et de chef de guerre. Ses pairs spirituels lui reprochaient de ne croire ni à Dieu ni à Diable, en un mot d'être l'exact contre-exemple du Christ et de laisser le peuple chrétien sans pasteur. Il eut un grand admirateur : Machiavel (1469-1527).
Élu avec le large secours de la corruption, Jules avait trouvé un État papal considérablement réduit du fait des agissements de son prédécesseur Borgia. Il s'employa à le restaurer dans son extension territoriale et dans ses prérogatives du passé. Il y consacra toute son énergie, tout son talent de négociateur et toute sa connaissance des hommes. Sa réussite fut complète : à sa mort, l'Église était l'un des États les plus puissants d'Italie, tenant en échec les rois de France, d'Espagne et d'Angleterre tout comme l'empereur. Jules eut également à coeur la splendeur de Rome : il fit entamer la construction de Saint-Pierre de Rome et commanda à Michel-Ange son tombeau et les fresques de la chapelle Sixtine. En revanche, la plupart de ses contemporains furent profondément révoltés par l'immoralité, l'absence de foi et de scrupules de la cour pontificale : la Réforme luthérienne éclata quatre ans plus tard.
Le texte : le dialogue Julius exclusus, écrit peu de temps après la mort de Jules, circula en copie manuscrite dans toute l'Europe avant de devenir un best-seller imprimé au début de 1517, et connu par de très nombreuses rééditions. Il a été publié sous le nom de Fausto Andrelini, poète favori du roi de France et vieil ami d'Érasme. Cependant, la rumeur courut immédiatement qu'Érasme en était l'auteur. Il fut aussi attribué au jeune Ulrich von Hutten (1488-1523), chevalier et humaniste allemand, connu pour ses pamphlets particulièrement virulents contre Rome.
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