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Nous sortons pour planter le pêcher.
Au lieu du grand silence d'ici et de ses bruits de vent, une clameur, mi- articulée, mi- roucoulée, à voix si aigües que féminines, comme en une langue étrangère.
Les grues ! Les grues cendrées sont de retour.
Et le regard s'élève, scrute le bleu et les nuages blancs, s'égare, avant de contempler enfin, tout au fond du ciel, les très hauts vols mouvants - innombrables variantes de V non enchevêtrés, qui ne cessent de se recomposer savamment.
Et l'esprit se déroute, fasciné par ces rythmes millénaires des bêtes et des lunes, qui font de nous des humains si petits, soudain, parmi l'immensité des ciels.
Mars.
A peine audible, un bruissement emplit l'espace et lui redonne sa profondeur de grand château à ciel ouvert. Un souffle doux meuble les airs d'une immobile pulsation.
Et nous voici parmi la pluie !
Hôtes - en sa demeure, en son silence qui bruit menu, en sa fraîcheur. Hôtes d'un jour et bouche-bée en sa présence ? immense.
Juillet Le pays d'ici.
Ici, la nuit est sombre, parfumée et la petite route, parfois inondée de lune pour une balade improvisée - la maison, posée au bord de la Voie Lactée.
Ici, l'on écoute le silence : bruissement de ce jet d'eau végétal qu'est le tremble, roucoulement des tourterelles turques, froissement d'ailes dans les feuilles touffues, appel plaintif de la hulotte, friselis des maïs séchés sous le vent...
Ici, la fenêtre ouvre sur un coteau brodé de vignes hautes et sur le méandre de la départementale, qui s'étire en pente douce vers le clocher.
Ici, les petits chemins mal goudronnés portent en leur centre une ligne herbue, parfois hachée, parfois ornée de touffes vertes, et, sur leur côté ensoleillé, un double feston, tout noir : l'ombre des fils du téléphone.
Ici, au détour d'un virage grand ouvert sur l'espace, c'est l'horizon à nu qui soudain vous saisit... et le coeur qui bondit !
Août.
La porte s'ouvre sur la nuit. Et la fraîcheur soudain au visage me drape : exquis allègement.
Ciel gris blanc pommelé entre étoiles sur fond d'azur.
De ce côté-ci du silence, à l'ombre claire des arbres, repose un monde autre - présence souveraine.
Septembre.
A contre-ciel, le tremble ne bruit plus - ses feuilles d'or frais sur le pré vert éparpillées.
L'été s'en va contre un ciel bleu rosé. Lentement chutent les feuilles ensoleillées : cérémonie discrète, léger bruit sec. S'annonce le temps du dépouillement.
Tremble sois-tu - et de bois vert : à toi de bruire en tes feuillets.
Septembre.
L'hiver a envahi la terre, celui qui glace et éblouit.
Bosquets de givre et ciels purs. Grand silence sans loups. Espaces lumineux où se coule le corps.
Peu à peu s'esquive la fatigue de l'âme.
Les textes sont accompagnés de la reproduction d'une aquarelle de Claudine Goux.
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Dernière réaction par Yannis Fardeau il y a 22 heures
Dernière réaction par Jean-Thomas ARA il y a 4 jours
Dernière réaction par RC de la Cluzze il y a 9 jours
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