Ce roman m’a été proposé par Karine et Camille de lecteurs.com dans le cadre du « Club des Explorateurs ».
Avant de vous faire part de mon analyse, je tenais à les remercier, toutes deux, de m'avoir permis cette lecture.
Isabelle Mestre, dans ce livre, où la délicatesse et l’élégance...
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Ce roman m’a été proposé par Karine et Camille de lecteurs.com dans le cadre du « Club des Explorateurs ».
Avant de vous faire part de mon analyse, je tenais à les remercier, toutes deux, de m'avoir permis cette lecture.
Isabelle Mestre, dans ce livre, où la délicatesse et l’élégance affleurent à chaque page, a résolument pris le parti de dérouler, par petites touches, la vie de la si discrète Jeanne Lanvin, en suivant le fil chronologique de ses soixante-dix-neuf années d’existence. Le livre se découpe en 8 chapitres et se conclut par un épilogue. Elle emploie, tout au long de ce trop court roman, la première personne, comme pour mieux se fondre dans cette personnalité évanescente qu’elle prête à Jeanne dans son texte. C’est une forme de long monologue qu’elle semble murmurer à l’oreille d’un mystérieux monsieur rencontré, un caniculaire dimanche d’été 1895, sur l’hippodrome de Longchamp et qu’elle croisera quelquefois, rarement (trop rarement?), et toujours par hasard durant sa vie, sans que jamais ni l’un ni l’autre n’ose vraiment franchir la barrière prêtée à la bienséance.
L’auteur n’a pratiquement sacrifié aucun des éléments factuels composant la vie de cette grande dame de la haute couture française. D’ailleurs, pour approfondir notre connaissance documentée des péripéties ayant entrainé l’ascension et la réussite de Jeanne Lanvin dans ce monde élitiste de la mode parisienne, un renvoi, en fin du roman, est fait à la biographie de l’historien Jérôme Picon, publié par Flammarion en septembre 2002.
Son écriture est basée sur une alternance de phrases très courtes, pointant de façon quasi chirurgicale l’objet qu’elle désire mettre en exergue et de phrases plutôt longues, constituées de nombreuses appositions, quand elle souhaite évoquer un pan de cette vie de labeur acharné, sans pourtant trop nous en dévoiler.
J’ai eu l’impression diffuse, main néanmoins présente, tout au long de ma lecture, qu’Isabelle Mestre se plaisait à entretenir cette atmosphère de mystère. En effet, tout en lâchant certains substrats, le livre refermé, le sentiment prééminent est que, Jeanne Lanvin restera pour ceux qui l’ont côtoyée, comme pour ceux qui ne l’ont pas connue, une énigme.
Le seul regret que j’ai eu face à ce roman, que j’ai trouvé un peu expéditif, comme si Isabelle Mestre s’obligeait à s’autocensurer, est le traitement quasi étriqué qu’elle a consacré aux personnages secondaires. Personnages qui semblent, malgré tout, avoir eu une réelle influence sur la trop sérieuse Jeanne. Plusieurs paragraphes, au début de l’histoire, sont dédiés à Adèle, couturière rencontrée chez Madame Bonni, lors de ses premiers pas dans le monde du travail, avec la promesse implicite de la retrouver par la suite. Or, seule une vague mention de la dépressive Adèle à la peau si blanche, est plaquée dans le dernier chapitre. J’ai eu la sensation similaire à propos du mannequin Marcelle sur laquelle elle s’attarde pour brusquement plus rien en dire, pas même en fin de roman !
Et pourquoi, une telle omerta au sujet de Gabrielle Chanel qui fut l’une de ses plus grandes rivales de l’époque ?
Ainsi, malgré ses petites réticences, qui témoignent plus de ma frustration que de ma désaffection pour ce roman, je pense qu’il est essentiel de le lire, maintenant, au cours de ce printemps 2015, car il sera une excellente préparation avant de se rendre à l'exposition dédiée à Jeanne Lanvin (1867-1946) au Palais Galliera, musée de la mode de la Ville de Paris, jusqu’au 23 août et proposée pour les 125 ans de la prestigieuse maison de couture Lanvin.
Je conclurai par cette phrase de Jeanne Lanvin, dont le seul nom de « Madame » suffisait pour la nommer et qui atteste de toute la rigueur qu’elle a intégrée dans la construction de son empire pour régner sur la mode parisienne de la première partie du XXème siècle :
« Il faut se méfier de l’imagination. L’imagination doit d’abord servir à voir d’avance les défauts de ce qu’on imagine. »
Je connais quelques problèmes faces aux biographies un peu arrangées ou floutées. Je laisse ce livre de côté