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Le Transi, cette obsédante sculpture de Ligier Richier, qui avait été le sujet, le noyau de mon précédent livre auquel il avait donné son titre, ce Transi, de plus en plus fortement rivé à moi, de plus en plus attaché à un mystère qui recule et m'échappe à l'infini, ce Transi dont j'ai voulu, pour espérer cependant atteindre quelque lieu de clarté, retrouver les assises humaines et les attaches historiques en la personne du jeune prince René de Chalon (1519-1544), ce Transi est aussi, fatalement, le coeur de ce livre comme il l'est de moi-même.
Ainsi dans le suis cet homme, égaré et conscient à la fois, j'investis, avec cette fascinante figure tendue entre sol et ciel, le dehors et le dedans, l'espace extérieur et l'espace intérieur ; elle est moi : je suis elle, et c'est tout le temps, toute l'étendue que, spontanément, j'essaye de gagner, avec la certitude pourtant que la tentative est chimère innommable, inanité, peut-être cet insistant souvenir tragique d'un territoire où tout serait saisi et connu, mais qui battrait, coeur perdu, à la frontière de l'être et du monde, à l'endroit même où circulent les insaisissables courants de la connaissance.
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