"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
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Ahmet Altan est arrêté. Il le savait, avait tout prévu. Certaines préparent leur sac pour la maternité, d’autres leur sac pour la prison. Tout dépend du pays dans lequel vous vivez. Dans cette épreuve, il convoque son père, lui aussi arrêté quarante cinq ans auparavant, mais aussi Sénèque, Saint Just, Borges, César et tant d’autres.
Être enfermé lui ouvre les portes de l’imagination. Il faut au moins cela pour vaincre l’ennui et supporter l’insupportable. Au gré des jours qu’il passe entre ces murs, ses réflexions se font plus profondes et passionnantes les unes que les autres. L’auteur réussit le tour de force de s’évader en forçant les barreaux par la « simple » évocation des livres.
Il est parfois question de peurs (du temps qui passe, de ne plus pouvoir rêver …) qu’il surmonte en imaginant des stratagèmes, en surpassant son imagination et en rêvant.« Voyage autour de ma chambre » de Xavier de Maistre, que son père lui donna à dix ans, l’aida dans cette quête de liberté.
Mais ces textes sont aussi ceux d’une justice défaillante, ou plus exactement d’un système devenu défaillant et surtout totalement absurde et arbitraire. A propos du simulacre de jugement, il reprend, à propos de ses juges, une citation d’Elias Canetti, prix Nobel de littérature « Satisfaits d’eux mêmes, sereins et majestueux, ils écoutent vos requêtes, mais d’une oreille sourde, d’avance décidés à ne pas y répondre … Y a-t-il rien de plus infâme ? »
Malgré la gravité du propos, les textes sont d’une poésie et d’une force incroyable. Ahmet Altman, depuis des années, combat et s’oppose à tous ceux qui veulent restreindre les libertés et la démocratie. Il ose avouer manquer de courage … qu’il méprise par ailleurs. Alors tel Ulysse, il s’en tire avec cette plume fantastique et héroïque où il transforme sa vie en odyssée « contenant autant d’héroïsme que de lâcheté, de vertu que de ruse, de défaites que de victoires, mais ce sera son aventure, qui ne cédera qu’avec sa mort. »
J’avais hâte de retrouver la plume de cet auteur turc (ah son Madame Hayat) et vous savez quoi je suis définitivement sous le charme !
Turquie 2016. Toutes ceux et celles qui étaient devant leur poste à ce moment se souviennent du coup d'état manqué. A sa suite il y aura une vague d'arrestations. Ahmet Altan, journaliste, accusé d'avoir appelé au renversement du gouvernement sera condamné à la prison à perpétuité. Il en sortira finalement en 2021.
"Je ne reverrai plus le monde" est une suite de textes écrit pendant son incarcération. Après l'anéantissement du verdict ce sera la force qui dominera. Il n'y a ni colère, ni violence dans ces textes.
L'attachement fait souffrir, le détachement également mais lorsqu'il est dépassé c'est la liberté de l'esprit, la paix de l'âme. Oubliez le monde extérieur pour ne pas souffrir, est-ce la recette ?
Ces textes sont le témoignage d'une injustice et de l'enfermement. Tant que l'écriture, salvatrice, est possible, le voyage de l'esprit est intact.
Ces réflexions se lisent comme une méditation et me rappelle, même si le contexte est complètement différent, la "sagesse s'un pauvre" de Eloi Leclerc.
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