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Un très grand, un immense MERCI aux éditions du Seuil, à Babelio pour ce roman reçu dans le cadre d'une Masse critique privilégiée pour ce si beau roman !
Dépaysant, le roman d'Irène Solà l'est à plus d'un titre. A tel point qu'à la lecture des toutes premières pages, je me suis demandé dans quel voyage je m'embarquais en doutant qu'il me plaise.
Lectrice de peu de foi !! Bien plus que me plaire, "Je chante et la montagne danse" m'a subjuguée et, finalement, enthousiasmée !
Multiples dépaysements, donc, au fil de cette histoire, ancrée dans un tout petit village catalan, en haut des Pyrénées.
Tout commence... mais ce n'est pas vraiment un commencement puisqu'auparavant il y a eu la guerre civile, les femmes exécutées pour sorcellerie, les histoires familiales ancestrales, enracinées dans la terre, imprimées dans les pierres, les murs et les rochers, soufflées par le vent, et que tout ce qui va arriver est déjà inscrit dans le temps, comme en témoigne la voix de chaque narrateur.
Disons alors que les fragments de vie que porte le roman commencent par le coup de foudre qui tue Domenèc, paysan mais surtout poète, mari de Siò, la belle venue de la ville et père de Mia et d'Hilari. Les nuages, l'éclair meurtrier et trois dones d'aigua mortes (femmes de l'eau, sorcières, guérisseuses) témoignent de cet épisode qui influe sur la vie de Siò, de ses enfants et des autres habitants du village.
La chronique des évènements, qui ponctuent un temps que seuls quelques indices permettent d'évaluer (apparition de voitures, âge des enfants, récit des souvenirs...), se poursuit avec de multiples voix : êtres vivants ou morts, animaux ou humains, végétaux... et même la montagne prend la parole, en l'appuyant par des croquis, pour expliquer sa naissance du chaos et son impassibilité face à l'agitation des "créatures... tellement misérables". Situé au centre du roman, sans pagination, le récit porté par la voix de la montagne domine et infléchit les destinées en ce qu'elles ont d'éphémères "parce que rien ne dure très longtemps. Et personne ne se souviendra du nom de vos enfants.".
Temps et espace. Les personnages, de quelque nature qu'ils soient, agissent dans cet intervalle temporel qu'est une vie à l'intérieur d'un monde à la fois clos par la hauteur des montagnes et grand ouvert sur tous les possibles. Des possibles qui sont autant de trajectoires potentielles et que les choix individuels déjà affectés par le hasard, par le passé, par les générations précédentes, limitent.
La puissance du roman d'Irène Solà est encore décuplée par une langue qui fait la part belle à la magie, à l'émerveillement comme au drame. Je ne sais si la traduction est fidèle, mais telle qu'elle se donne à lire en français, l'écriture dévale les évènements comme une cascade de printemps et s'alanguit parfois en ruisseau limpide qui méandre autour des êtres et de leurs histoires, les enrobant de poésie et d'une aura de réalisme magique.
Il y aurait encore beaucoup à dire de "Je chante et la montagne danse" ! Mais je crois que ce que dit Hilari convient parfaitement pour conclure : "J'aime écrire en pensant à des gens parce que c'est comme un cadeau. Parce que la voix du poète convoque. Elle convoque les êtres aimés et les temps passés et les temps à venir. Et ceux que le poète nomme se rassemblent et font une ronde tant que dure le son de sa voix, comme un feu de joie, intense, qui chauffe et qui brûle, mais qui s'éteint aussi le moment venu." (p.86).
Un roman "feu de joie" qui ne s'est pas encore éteint dans ma mémoire.
C’est un petit village, à flanc de montagne, dans les Pyrénées espagnoles. Oublié de tous, il conserve les traditions, les superstitions, la mémoire des drames du passé. On peut y croiser des esprits, des fantômes, des dones d'aigua, mais aussi des habitants de chair et d’os. Ici, les hommes vivent en harmonie avec la nature, se soumettent à sa force, se plient à sa volonté. Le village a pendu des femmes qu’on disait sorcières. Sur le chemin de la Retirada, il a vu passer les Républicains qui fuyaient vers la France en semant armes, balles et grenades. Il a connu Domènec, le paysan poète, coupé en deux par la foudre, laissant Sió veuve et Mia et Hilari orphelins de père. Il a enterré Hilari, tué accidentellement d’une balle dans le dos par Jaume, son meilleur ami lors d’une partie de chasse. On naît dans ce coin de montagne, on y grandit, on y aime, on peut avoir envie de le fuir parfois, attiré par Barcelone et les lumières de la ville, mais toujours on y revient, pour s’y ressourcer, pour y vieillir, pour y mourir.
Pour raconter ce village perdu, Irene Solà convoque les mythes catalans et donne la parole aux habitants, aux fantômes, aux créatures de légende, aux animaux de la forêt, aux nuages…Cela donne un récit débridé et poétique, aux accents parfois dramatiques qui laisse la part belle à la nature orgueilleuse, impétueuse. Un récit très charnel, bestial parfois, en tout cas envoûtant. L’écriture de l’autrice se moque de réalité et de chronologie pour nous entraîner dans un monde à la fois onirique et cru. On succombe à la beauté des paysages pyrénéens, à la mélopée de Solà et au réalisme magique de ce lieu coupé du monde.
Une lecture particulière, originale, sensuelle et poétique.
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