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Sous le titre Jambes de cheval sont réunis dix-sept récits d'Akutagawa Ryûnosuke, un auteur qui fait partie des classiques de la littérature japonaise moderne. Le recueil est agencé en cinq parties qui correspondent aux différentes veines d'inspiration dans l'oeuvre de l'écrivain.
La première partie, « Histoires qui sont maintenant du passé », reprend le titre d'une célèbre compilation de contes du début du XIIe.
Akutagawa a une prédilection pour ces histoires à la fois naïves et cruelles, mêlant à l'humour une certaine compassion pour les faiblesses humaines. Le public français connaît déjà Rashômon et Dans le fourré, adaptés au cinéma par Kurosawa Akira. Ici sont proposés trois textes, dont Volupté qui retrace les déboires cocasses de Heichû, un don Juan d'autrefois qui se prend pour « le plus galant homme que la terre ait jamais porté ».
Dans la deuxième partie, « Kirishitan et Barbares du Sud », l'auteur se penche sur la rencontre entre le Japon et les missionnaires chrétiens au milieu du XVIe siècle. Le Sourire des dieux raconte le malaise du père Organtino confronté à l'insaisissable résistance que ce pays, pourtant si accueillant, oppose à tout ce qui vient d'ailleurs, Le Tabac et le diable révèle ce que complote le malin dès son arrivée dans l'archipel. Le premier de ces textes se distingue par son climat oppressant, le second, par sa délicieuse fantaisie.
Akutagawa excelle dans « L'art de raconter des histoires » aussi charmantes que surréalistes, comme le montre la troisième partie.
Victime d'une erreur de la bureaucratie de l'au-delà, Hanzaburô, banal employé d'une firme japonaise à Pékin, est rendu à la vie, affublé de jambes de cheval. Sa situation devient kafkaïenne :
Comment garder sa place dans la société malgré ces pattes qui lui donnent une envie effrénée de galoper ?
Si l'histoire contemporaine et la place de son pays en Asie inspirent aussi l'auteur, il traite ces sujets sous forme de « Fables et parodies » :
La guerre sino-japonaise de 1894-1895 est évoquée par un jeune Chinois dont la tête se décroche sous un coup de sabre et qui, entre la vie et la mort, maudit et le Japon et la Chine pour avoir engagé les hostilités. Quant à l'annexion de la péninsule coréenne de 1910, elle est racontée en parodiant un célèbre conte pour enfants, Momotarô (Le garçon né d'une pêche).
Enfin, dans la cinquième partie, Akutagawa met en scène Yasukichi, son alter ego. Ce dernier enseigne l'anglais dans une école de la Marine mais n'a qu'un rêve : se livrer entièrement à sa passion pour l'écriture. Or il a beau vouloir aller au concert et fumer des cigarettes égyptiennes, Yasukichi est sans le sou (Le Billet de dix yens). Quant à sa production littéraire, elle est balayée d'un revers de la main par le célèbre critique N. (Écriture). Akutagawa se raconte sans se départir de son esprit de dérision.
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