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Les montagnes de la Mongolie abritent les yourtes des éleveurs nomades. Dans le campement d'une famille modeste, Marc Alaux s'est retiré le temps d'un hiver pour s'initier au métier de berger puis se nourrir de silence et d'espace. Le temps s'étire calmement sur la ligne pure de la steppe enneigée, mais le froid et les loups accablent les troupeaux. Et la vie dans cette nature libre impose de renouer avec les tâches manuelles, qui disent ce qu'on vaut réellement.
Au face-à-face avec soi-même s'opposent heureusement l'intimité fraternelle de l'hivernage ainsi que les visites, les chants, les rituels et les festivités du Nouvel An. Écho d'une existence à l'inverse de la demi-mesure, ce récit vibre de l'expérience accomplie et rappelle que seule la passion guide l'homme dans l'immensité.
Qui pourrait être assez fou pour aller passer tout un hiver dans les montagnes de l’ouest de la Mongolie où les températures sont à – 30 C le jour et peuvent descendre à – 45 C la nuit.
Marc Alaux l’a fait. Il faut dire qu’il connait la Mongolie et qu’il en parle même la langue.
Sa passion pour ce pays mal connu le conduit dans une famille nomade, des éleveurs Bayad, qui vivent dans la région de l’Uvs. Durant l’hiver, leur yourte se dresse dans le district de Malchin à 1300 km de la capitale Oulan-Bator. C’est là que l’auteur va partager durant trois mois le quotidien de Gotov le Moustachu, de sa femme Oyunchimeg et de leur jeune fils Hatnaa. Ce sont des éleveurs, ils possèdent des vaches mais aussi des « pattes courtes » c’est-à-dire chèvres et moutons.
La famille vit dans une yourte, espace clos sans séparation où la promiscuité est omniprésente. Mieux vaut s’entendre avec ses hôtes !
Le climat est rude pour le bétail (De nombreux animaux meurent durant les grands froids) mais aussi pour ces hommes et ces femmes qui travaillent dur pour une vie de pauvreté.
Très vite, Marc Alaux va apprendre le métier de berger, qu’il s’agisse de mener les bêtes paitre dans la neige loin du campement, ou bien de nettoyer la bergerie en entretenant le précieux horzon, cette couche d’excrément qui sert d’isolant aux bêtes. De ces excréments, on extrait l’argal qui servira de combustible pour le fourneau. Grâce à son travail, il gagnera la confiance de ses hôtes.
La vie de ces nomades se déroule de la même façon que celle de leurs aïeuls, on respecte les fêtes traditionnelles comme le Mois Blanc qui célèbre la nouvelle année. Les femmes cousent les vêtements traditionnels et fabriquent les bottes de feutre pour toute la famille. Portant, l’intrusion du monde moderne est omniprésente grâce à la télévision qui déverse son lot d’informations et de fictions étrangères.
Dans cette immensité perdue, il est étonnant de découvrir que l’on est rarement seul, les visites des voisins étant fréquentes et incontournables. On vit dans une certaine promiscuité, mais l’entraide et l’hospitalité sont des valeurs fortes chez les Bayads.
Le rôle de la femme est très important dans cette société, elle a de nombreuses tâches pourtant c’est l’homme qui décide pour la famille.
L’auteur découvre aussi les ravages de l’alcool. On trinque à la vodka, les tournées s’enchainent et gare à celui qui refuse de boire !
Ce livre est une belle ouverture sur le monde. Dans un style fluide, Marc Alaux nous fait partager son quotidien chez ces éleveurs mongols. Rien de tapageur, mais un amour sincère et sans jugement pour ce peuple d’un monde perdu qui a gardé ses coutumes, ses croyances malgré le communisme et la mondialisation.
Une carte et une galerie de photos agrémentent la lecture. J’ai aussi apprécié les symboles mongols qui illustrent chaque début de chapitre.
Sous la photo de l’œil d’un cheval on lit en exergue : «« La steppe se livre au preux : la vie y est le refus des simulacres ; la vertu s’y conquiert dans la sueur. Pour s’en satisfaire, il faut placer l’idéal du campement au-dessus de son bonheur personnel. Habiter la steppe impose de se soumettre à une loi qui dépasse et unit la communauté. L’homme mongol n’existe que par elle. »
Une belle découverte que ce récit qui concourt pour le Prix littéraire Terres d’Ailleurs 2019 qui récompense un livre d’aventure vécue.
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