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La guerre est un ressort dramatique. C'est peut-être même le ressort dramatique absolu. Elle est un révélateur qui met à nue le lâche comme le héros. Elle vient perturber tout l'ordre social. Et pour le scénariste, elle est un terrain de jeux où certaines limites de la vie ordinaire sont abolies. Reste qu'il est toujours difficile de définir le périmètre du genre « film de guerre ». Prenons l'exemple de Hope and Glory (1987) dans lequel John Boorman raconte son enfance à Londres pendant le Blitz. La guerre y est omniprésente, et bien qu'elle soit vue à travers les yeux d'un enfant, certaines séquences sont dramatiques. Néanmoins le film est léger. Il ne s'agit pas d'un film de guerre, mais bien davantage d'une chronique du quotidien d'ailleurs difficile à dater historiquement. Le contemporain Empire du soleil (1987) de Spielberg, qui relate le quotidien d'un enfant dans un camp de prisonnier japonais, pourrait faire l'objet d'une analyse similaire. A contrario, le très beau Jardins de Pierre (1987) de Francis Ford Coppola ne montre aucune scène de combat et se concentre sur le quotidien de soldats d'apparat. La guerre, celle du Vietnam, y est le ressort dramatique central, non seulement parce qu'elle est la donnée contextuelle majeure de cette histoire, mais aussi parce qu'elle occupe largement les discussions et les préoccupations des personnages : partiront-ils ? reviendront-ils ? Les documentaires, tournés sur le terrain ou nés de montages d'images d'archive, sont-ils aussi des films de guerre ? Certes il ne s'agit pas de fiction, mais la porosité est grande entre les deux types de récit. Par exemple, La Section Anderson (1967) de Pierre Schoendoerffer sert de matrice à un grand nombre de films traitant de la guerre du Vietnam : musique, hélicoptère, jungle... La série Apocalypse (Isabelle Clarke, Daniel Costelle) sur France 2 emprunte, elle, de nombreux codes à la fiction par le recours à certains codes narratifs, aux images colorisées et à une musique qui vient dramatiser l'ensemble. Sans être au centre de ce numéro, les documentaires ne pourront donc être totalement laissés de côté. La question des supports se pose enfin aujourd'hui de manière renouvelée. Les films qui sortent dans les salles obscures continuent d'occuper le sommet d'une pyramide implicite et discutable de la hiérarchie des oeuvres filmées. Mais à leurs côtés, la fiction pour la télévision a gagné ses lettres de noblesse et les séries, également diffusées sur les plates-formes internet, jouent un rôle désormais essentiel dans la fabrique des représentations collectives. Finalement, au coeur de ce numéro d'Inflexions, se trouveront les oeuvres qui racontent la guerre et les gens de guerre des xxe et xxie siècles, dans la grande diversité contemporaine des supports et des canaux de diffusion.
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