Inspirée d’une histoire vraie, cette BD apporte des conseils et des solutions pour sortir de l'isolement
"La belle France" dans ses oeuvres.
À la fin du XIXe siècle...
En ce temps-là, Paris est une guerre civile.
En ce temps-là, on invente le terme " racisme ", l'expression " socialisme national " et le slogan " La France aux Français ". Les scandales fleurissent. Les attentats anarchistes se multiplient. Les nationalistes préparent un coup d'État. La République vacille. Bientôt, l'affaire Dreyfus cristallisera toutes les passions. Romain Delorme est jeune et audacieux. Son mentor, l'ex-préfet de police Andrieux, un deus ex machina proche de Clemenceau, a fait de lui son agent au coeur du mouvement antisémite.
Romain est devenu l'ami du marquis de Morès, redoutable duelliste, de ses gardes du corps, les terribles bouchers de La Villette, de Jules Guérin - dont le journal
L'Antijuif et l'épisode du Fort Chabrol immortaliseront le nom -, et d'Édouard Drumont, l'auteur de
La France juive qui, dans les colonnes de
La Libre Parole, exalte la haine des Juifs. Il devra feindre, ruser, prendre des risques inouïs avant d'être mêlé à une affaire insensée autant qu'incroyable, l'assassinat d'Émile Zola, et de découvrir le secret de ses propres origines.
De la Commune de Paris à la Libération, un roman noir historique à la documentation impressionnante.
Palpitant.
Avec ce roman paru en 2016, Roger Martin réalise une extraordinaire fresque historique qui éclaire une période lointaine mais qu’il faut connaître si l’on veut comprendre les drames du XXe siècle.
Pour cela, l’auteur de "Dernier convoi pour Buchenwald" a créé Romain Delorme et c’est son parcours qui va permettre au lecteur de vivre cette période très troublée avec un antisémitisme atteignant des sommets, entre 1890 et 1905.
Pour commencer, l’auteur fait un saut dix années plus tard en plongeant son héros dans les tranchées où il est commandé par le Lieutenant Louis Pergaud : « Pergaud, instituteur laïc, anticlérical affiché et socialiste, auteur de livres dont un avait obtenu un prix qui avait fait parler de lui à Paris… » Le caporal Serge Lévy remplace Pergaud, blessé, et sauve Romain, sérieusement touché, qui découvre un juif courageux, perdant alors ses préjugés. Hélas, Pergaud et Lévy sont tués le 8 avril 1915 par les « canons de 75 de leur propre armée. »
De retour à Paris, Romain Delorme règle ses comptes avec son père. Il se souvient du 3 juin 1908, jour du transfert des cendres d’Émile Zola au Panthéon. Droite et extrême-droite rivalisent de violence. Nationalistes et royalistes hurlent : « Mort à Zola ! » Il ajoute : « Mais bon Dieu, il était déjà mort, ils ne le savaient donc pas ces abrutis ! » Lui revient alors en mémoire ce vers attribué à Fernand Desnoyers (1826-1869), s’en prenant au défunt Casimir Delavigne : « Il est des morts qu’il faut qu’on tue ! »
Le lendemain, la cérémonie officielle voit le gouvernement, autour du président Fallières, de Clémenceau, d’Alfred Dreyfus, de Mme Zola, de ses enfants et de Jeanne Rozerot, maîtresse de l’écrivain, rendre un hommage plein d’émotion et de tristesse à Émile Zola.
Remontent ensuite les souvenirs de la Commune avec des massacres ignobles avant un saut en 1934 et un antisémitisme toujours aussi virulent. Les nationalistes ont choisi : « Plutôt Hitler qu’un Front populaire », mot d’ordre du patronat. Comme les policiers à la retraite, il est temps pour Romain Delorme d’écrire ses mémoires…
1892 : son père exécrait Zola. Quand il décède : « Je n’assistais ni à la messe au Sacré-Cœur, cette monstruosité érigée à la gloire des assassins des communards, ni à l’hommage… » ajoutant : « il m’interdisait de lire Zola, le « bâtard vénitien », Maupassant « le vérolé », George Sang « la tabatière »… » C’est à ce moment-là, qu’il fait connaissance avec Louis Andrieux, ex-procureur, préfet, député, sénateur, journaliste, écrivain et père naturel de Louis Aragon.
Andrieux fait de Delorme un journaliste et un agent secret chargé de s’infiltrer dans les milieux d’extrême-droite et cela nous plonge dans un nationalisme à l’antisémitisme virulent. Sur les pas du marquis de Morès qui veut « nettoyer notre pays des juifs et des francs-maçons », il nous emmène chez les bouchers de La Villette, à Verdun, en duel contre le capitaine Mayer et dans des journaux comme "La Libre Parole" et "Le Petit Journa" qui débordent de haine.
Avant de finir avec l’assassinat d’Émile Zola, Roger Martin fait le récit complet et détaillé des quarante jours de siège de ce qui restera Fort Chabrol… en plein Paris, durant l’été 1899, pendant le procès Dreyfus se passant à Rennes ! Sous la direction de Jules Guérin, ils publient "L’Antijuif" dans les locaux du Grand Occident de France.
Enfin, Henri Buronfosse, fumiste, couvreur, « catho sincère comme un croisé », hait juifs, francs-maçons, protestants, clame qu’il faut « fumer le bâtard vénitien. » Émile Zola concentre les haines les plus féroces. Il fait front. « Inlassablement, il réclame la révision du procès Dreyfus pendant qu’on rivalise d’abjection contre les juifs »… jusqu’à ce 3 octobre 1940, Radio-Paris annonce une nouvelle loi signée par le Maréchal Pétain : « Loi portant sur le statut des Juifs… » On connaît la suite : « Ça ne finira donc jamais ! »
Chronique à retrouver sur : http://notre-jardin-des-livres.over-blog.com/
Pour commencer, une explication s’impose concernant le titre : « Il est des morts qu’il faut qu’on tue » est une citation du poète Fernand Desnoyers visant le défunt Casimir Delavigne, poète et dramaturge. Le ton est donné puisque la complexité et la richesse du titre se retrouvent dans tout l'ouvrage.
On suit donc dans ce roman l’histoire de Romain Delorme, tout d’abord dans les tranchées de Verdun en 1915 ; blessé, il y retrouve Séverine, la secrétaire de Jules Vallès, qui évoque avec le soldat des épisodes du passé comme le transfert des cendres de Zola au Panthéon en 1908. C’est l’occasion d’en apprendre plus sur le héros principal du livre et son enfance. Dans la seconde partie, qui se déroule durant les « célèbres » journées de février 1934, le climat antisémite de ces années saute à la gorge de Romain Delorme et lui sert de prétexte pour relater la dernière décennie du 19ème siècle, une époque où il était infiltré chez les nationalistes ; une période très violente où régna un antisémitisme irriguant de nombreuses couches de la population.
Delorme y décrit les abattoirs de la Villette, infiltre le Petit Journal, rencontre les leaders de ces mouvements (comme Morès ou Edouard Drumont, l’auteur de La France Juive). Tout est prétexte à viser les Juifs : on suit un épisode où Morès et son équipe envoient des bêtes impropres à la consommation à Verdun pour y accuser les Juifs de faire du commerce illicite, ou encore on assiste au mariage de la fille Rotschild, « accueillie » par des boules puantes et du vitriol. Après un intermède à Marseille, Romain Delorme revient à Paris pour infiltrer l’Anti-Juif de Jules Guérin, lequel lui confie d’ailleurs :
« Pas de pitié, Delorme ! Si nous voyons en eux des hommes, nous sommes foutus. A la fin, ce sera eux ou nous, il n’y a pas d’autre issue. Avoir pitié des youpins, c’est trahir les chrétiens, notre race, Delorme, notre race ! Nous allons vers une guerre civile. Sois-en sûr, ces assassins du Christ, ces séides du Veau d’Or. »
Derrière tous ces évènements historiques se cachent une histoire personnelle, celle de Delorme, et une intrigue qui s’achève sur la mort (naturelle ?) d’Emile Zola, que je vous laisse découvrir.
C’est un roman riche, touffu, qui vous transportera dans des épisodes aussi divers que La Commune, la 1ère Guerre Mondiale, l’histoire des ligues, la mise en place de la République dans des conditions difficiles. L’omniprésence de l’antisémitisme dans la société française est très bien rendue.
Un bémol néanmoins : mon enthousiasme de lecture a été pénalisé par des situations où le nombre important de personnages conduit à la confusion. De même, tout le récit autour de l’épisode de Fort Chabrol vers la fin du roman est un peu long. C’est donc un livre qui peut rebuter les personnes n’ayant pas de notions historiques sur cette période.
https://evabouquine.wordpress.com/2016/03/04/roger-martin-il-est-des-morts-quil-faut-quon-tue/
J’ai été surpris par la grande ressemblance entre le début de ce roman et les premières pages de « Au revoir là-haut ». Mais comme j’ai adoré l’ouvrage de Pierre Lemaitre, cela m’a mis l’eau à la bouche. La suite du récit ne m’a pas déçu. Passionné d’histoire, j’ai été totalement conquis par les pérégrinations de Romain Delorme dans le Paris trouble du tournant du XXème siècle.
L’arrière-plan historique est particulièrement bien travaillé, le personnage central nous entraînant au coeur des milieux nationalistes et antisémites de l’époque. Le roman se glisse naturellement dans un texte qui, souvent, tient autant du reportage que de l’aventure romanesque. Emile Zola, Georges Clémenceau, Edouard Drumont, le marquis de Morès, Louis Andrieux, les abattoirs de la Villette, la rue Chabrol, les alentours de l'Assemblée Nationale, tous ces personnages et ces lieux bien réels que l’on croise plus ou moins souvent dans le récit créent une ambiance d’un réalisme saisissant.
Mon seul regret est de m’être senti, dans un chapitre précis, un peu égaré par l’évocation simultanée de personnages et d’intrigues trop nombreuses.
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Bonjour Aurélien, j'ai terminé ce livre récemment. Je suis tout à fait d'accord avec toi sur le début du roman qui m'a rappelé aussi Lemaître. Ce livre est extrêmement riche, très documenté. L'auteur décrit très bien l'ambiance antisémite de l'époque, c'est à mon sens le gros point fort de l'ouvrage. J'ai eu le même ressenti sur ces passages où une multitude de personnages entre en scène, ce qui désarçonne le lecteur. Je dois avouer que ça a limité mon plaisir ; de même, la dernière partie sur Fort Chabrol traîne un peu en longueur. Il faut à mon sens déjà avoir une connaissance minimum du contexte historique de l'époque pour l'apprécier.