"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Lorsqu'elle reconnaît, sur l'écran de son téléphone, le visage de l'homme avec qui elle a eu une liaison, Lena Moss panique. Celui qui l'a presque étranglée vingt ans plus tôt est recherché par Interpol pour exactions commises sur les femmes.
Que doit-elle faire ? Se rendre au commissariat pour témoigner contre lui ou se soumettre à la peur et se taire ?
Qui était-elle au moment où elle a vécu une aventure singulière et sexuelle avec ce géant texan ? En plongeant dans le passé, Lena revisite cette relation trouble, aussi enivrante qu'effrayante, et dissèque l'ambivalence du désir.
Emmanuelle Richard, avec une écriture percutante, renverse le regard masculin et n'hésite pas à nommer les choses : le geste déplacé d'un homme sur une femme est une bombe à retardement, un regard mauvais est une flèche fichée dans le coeur. Mais elle écrit aussi la jouissance et le plaisir avec une précision sensible.
Juste en revoyant le visage, tout revient à sa mémoire. C’est une flopée d’images, de sensations, de peur, de désir, de mystères et d’étrangeté qui revient dans l’esprit de Lena. Le nouveau roman d’Emmanuelle Richard se déploie en plusieurs temps. Elle laisse le temps révéler les traces laissées sur cette femme. La narratrice, la protagoniste du roman sous le choc, revient aux origines, à cette rencontre avec un homme dans un cadre anodin, à la naissance d’une certaine proximité et d’un désir. L’autrice questionne le poids du désir, ce qu’il implique, ce qu’il oblige, sa place dans le jeu de rôles et de force entre les hommes et les femmes.
Avec ce regard si fin et si précis, Emmanuelle Richard indique ce que veut faire Lena, ce qu’elle ressent d’elle-même et ce qui pèse sur elle. Elle recense les marques laissées sur cette femme par le regard des hommes, par leurs gestes, par leurs mots. Ce qui emporte dans la construction de ce roman, c’est le temps. Dans les premières pages, les personnages ne sont identifiées que par les pronoms. On est au cœur d’un rapport hétéronormé. Puis les prénoms surgissent. Elle devient Lena. L’universel devient individuel mais ces deux dimensions cohabitent tout au long du roman, permettant aux questionnements de cette femme, de l’autrice également de dézoomer régulièrement de l’histoire racontée. On suit le parcours de Lena, ses autres amours et cette culpabilité qui lui colle aux basques. Le titre pluriel du livre prend son sens. Emmanuelle Richard ne généralise pas, laisse la place aux hommes, aux possibilités d’être autrement. Elle parle de l’amour réfléchi et désiré, de l’esprit et du corps. Elle détricote les stéréotypes pour parler des autres manières d’être un homme, de l’être avec une femme. Par le cheminement intellectuel et charnel de son personnage, l’autrice démontre les étapes d’une déconstruction. C’est fort et intense. Ce parcours ne fait pas oublier le traumatisme, la violence et ce qui a germé dans cette femme, ce dont elle ne se débarrassera pas. Certaines questions resteront sans réponse, certaines réponses devront s’affiner par l’expérience.
J'attendais avec ferveur le dernier Emmanuelle Richard, sitôt sorti, sitôt acheté. Parce que je suis toutes ses publications, parce qu'ici le sujet me donnait vraiment envie de voir comment elle l'avait abordé. Et ma lecture fut mitigée.
J'ai beaucoup apprécié les 160 premières pages, jusqu'à la partie nommée Tendresse. Celle que j'aurais dû appréciée, n'a pas été celle que j'ai aimée le plus. La preuve, je n'ai retenu aucune citation sur cette longue partie.
Pourtant entre Aiden et Gwyn, le choix est facilement fait! Mais j'ai trouvé ce moment de masturbation et de flash back trop long et répétitif, ce qui m'a gâchée ma lecture car pour le reste, je l'ai trouvé fort et très bien écrit. L'auteure transcrit de façon honnête et courageuse les envies, les sentiments féminins vis à vis des hommes. Je me suis retrouvée dans beaucoup de situations qui jusque là ne m'avaient pas tant bouleversée mais à leur lecture, j'ai pu mettre des images sur ces regards d'hommes qui vous gênent tout au long de votre adolescence (voir plus).
A la fin de ma lecture, je me suis dit que c'est un livre que je devrais relire. Il est puissant, solide. Il est une vision pas seulement féministe du rapport Hommes Femmes et en cela, il est essentiel.
La narratrice, Lena, est une jeune femme solitaire qui se remémore deux périodes de sa vie amoureuse, alors qu’elle vient de découvrir qu’un de ses anciens amants est un prédateur sexuel.
La première se déroule dans un lieu isolé de la côte anglaise. Lena ressent un désir irrépressible pour le seul homme à sa portée. Qu’il ait essayé de l’étrangler ne la perturbe pas outre mesure et elle poursuit cette première liaison au contexte plus que trouble. Les descriptions des paysages, où se sont déroulés les faits, n’ont bien plu. La seconde aventure de Lena se déroule en Irlande. Là encore, le désir pour un homme la submerge. Il n’a que des qualités mais elle le quitte sans que j’en comprenne l’urgence. Je n’ai trouvé aucun intérêt à suivre, pendant d’interminables pages, l’évolution très lente et minutieusement décrite, de la séance de masturbation de la narratrice qui, pour s’aider, évoque ses deux aventures passées.
Le texte est décousu et l’écriture chaotique. Les phrases souvent courtes, la ponctuation aléatoire et le style tout à la fois atypique et alambiqué m’ont obligée à revenir souvent en arrière pour comprendre le sens du récit. J’avais l’impression d’être dans la tête de l’auteure à suivre ses pensées désordonnées.
Je ne suis pas arrivée à m’attacher au personnage de Lena que j’ai trouvé inintéressante et je ne vois pas ce que ce roman peut apporter à la cause féministe qui semble chère à l’auteure. Je ne connaissais pas Emmanuelle Richard avant la lecture de Hommes. Ce texte sur le désir et le plaisir n’était pas pour moi.
https://ffloladilettante.wordpress.com/2022/08/22/hommes-de-emmanuelle-richard/
Lu en tant que membre du jury du prix FNAC 2022
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