Cela fait vingt-trois ans que Bergljot a coupé les ponts avec sa famille. Ses parents, tout comme sa fratrie, refusent de reconnaître le trauma refoulé de son enfance et les violences sexuelles que lui aurait fait subir son père. Le partage anticipé - et foncièrement injuste - d'un héritage sera peut-être l'occasion pour Bergljot de mettre enfin tout le monde au pied du mur. Mais les rôles semblent alors s'inverser : serait-ce finalement elle le bourreau ? Courageux, bouleversant et d'une sincérité impitoyable, "Héritage et Milieu" est le portrait saisissant d'une famille qui invite à la réconciliation à condition de taire l'indicible.
Les questions d’héritages sont un terreau propice aux conflits familiaux...
Un vieux couple décide de léguer deux chalets à leurs deux plus jeunes filles. Pour les aînés, Bård et Bergljot, c’est le début d’un conflit qui trouve ses origines dans l’enfance des protagonistes.
Si d’extérieur, leur vie de famille pouvait sembler idyllique, en réalité tout a été plus sordide. Viol, violences physiques, abus psychologiques…
Tout un passé traumatique qui impacte la vie de la famille. Car, si Bergljot a eu le courage de parler à ses proches, le déni a été la réponse reçue. Une sorte de statu quo silencieux, sans vagues, avec des contacts sporadiques mais la souffrance, intacte, de la victime.
Ce roman a fait l’objet de très belles chroniques mais j’avoue pour ma part avoir été plus mitigée.
L’analyse psychologique de Bergljot est incroyablement précise, tout en nuances. Elle oscille entre colère et culpabilité, haine et amour, dans une confusion terrible sur ce qu’elle doit faire, sur comment gérer sa souffrance.
Le fait que la protagoniste ne soit pas une jeune femme mais, au contraire, une femme d’âge mûr montre bien à quel point de tels crimes impactent les gens, toute une vie durant.
La narratrice montre la solitude et le doute auxquels sont confrontés Bergljot, comme beaucoup de victimes d’inceste, qui réussissent à parler sans qu’elles ne puissent produire de preuves matérielles, alors que leur parole ne semble jamais suffisante.
Pourtant, j’ai trouvé le récit très froid, et parfois répétitif, entaché de passages qui m’ont paru très longs.
Dommage que le roman traîne en longueur en relatant des introspections parfois stériles. Pourtant un incipit efficace suscite d'emblée l'intérêt du lecteur.Dans une fratrie minée par un conflit autour de l'héritage , la narratrice Bergljot prend fait et cause pour son frère aîné Bard contre les soeurs cadettes Astrid et Asa.Les relations entre la narratrice et ses parents sont rarissimes depuis longtemps. La mère fait une tentative de suicide officiellement à cause de cette brouille. le père vient de décéder suite à une chute.La question du testament contesté par les deux aînés s'invite dans la vie des quatre enfants et de leur mère à l'occasion de cette mort.Le partage injuste ne devrait-il pas prévoir une compensation aux blessures subies par Bergljot et Bard?Que savent réellement les soeurs cadettes de l'inceste dont a éte victime Bergljot?Le livre déroule le portrait d'une famille aisée tiraillée , il y ceux qui veulent continuer à taire les maltraitances vécues par les aînés, il y a Bergljot et Bard qui remettent sur la table les non-dits familiaux.Bergljot de victime solitaire, enfermée dans la douleur devient une guerrière en reconstruction.Elle rejette toutes les tentatives de réconciliation proposées par sa famille car elles viennent bien trop tard.
Comment vous parler de ce roman sans spolier un petit peu l’intrigue ? Et en même temps, je ne doute pas de votre perspicacité.
Bergljot, une cinquantaine d’années, divorcée, mère et grand-mère, critique littéraire et dramaturge, a coupé les ponts avec ses parents et ses sœurs depuis plus d’une décennie. Elle reprend contact avec eux, un peu forcée, à cause de l’héritage. Les objets de la discorde : deux chalets à Hvaler que ses parents ont décidé de léguer à leurs filles, excluant Bergjlot et son frère. Les souvenirs remontent alors et Bergjlot ne veut plus se taire. Cette « exploration incessante, exhumation nécessaire pleine de courts circuits et de fantômes qui revenaient malgré eux ».
Ce roman est brillant car sans jamais rien dire, l’autrice explore les traumatismes de l’enfance et les difficultés de vivre avec, d’en parler, d’être entendue, écoutée et crue. La mère, qui sait, est dans le déni et traite sa fille de menteuse. Ses sœurs ne peuvent pas la croire. C’est plus facile d’exclure l’enfant blessé … mais heureusement Bergjlot est entourée, l’art et la philosophie seront encore une fois salvateurs.
Avec beaucoup de pudeur et de finesse, l’autrice traite un sujet tabou. Sans jamais en parler, à travers Bergjlot, elle explore les dommages psychologiques et le poids des non-dits.
Ne passez pas à côté de ce roman !
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