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Henri Huet (1927-1971) est l'homme d'une seule guerre, celle du Viêtnam, qu'il photographiera sans relâche pour l'agence américaine Associated Press et au cours de laquelle il perdra la vie. En avril 1967, il se voit décerner la prestigieuse Robert Capa Gold Medal qui récompense son exceptionnel travail de photoreporter de guerre. De son illustre collègue, Henri Huet semble, à bien des égards, le parfait frère d'armes et de convictions : courageux, généreux, baroudeur, totalement dévoué à son métier et à sa rage de témoigner dans les circonstances les plus périlleuses. De 1963 à 1971, tout au long d'une guerre implacable et cruelle qui mobilisa durablement l'opinion internationale et les médias, les reportages emblématiques et la personnalité d'Henri Huet exerceront une sorte de magistère sur les centaines de photoreporters qui opéreront au Viêtnam. "Les photos d'Henri ont changé la façon dont l'Amérique voyait la guerre. Elles eurent plus d'impact que les millions de mots qui emplissaient les journaux", a écrit son ami, le célèbre reporter Horst Faas. Qui note également la puissante et secrète compassion envers les populations civiles et les jeunes recrues plongées dans l'horreur des combats, qui animait le photographe dans sa passion de l'information et du témoignage.
2014 fut l’année de commémoration des deux conflits mondiaux (le début de l’un, la fin de l’autre). Mais elle fut également celle de plusieurs manifestations (colloque, exposition, publications) tentant d’élaborer une véritable réflexion sur la guerre, action pour laquelle l’homme a su déployer au maximum son inventivité. D’autres conflits ont émaillé la seconde partie du XX° siècle : les guerres coloniales, la guerre du Vietnam, les deux guerres du Golfe, pour ne citer que celles-là.
La collection Photo Poche offre un volume à Henri Huet (1927-1971), fauché, tout comme Robert Capa et Gilles Caron, sur le lieu même de son activité professionnelle : le photojournalisme de guerre. Il est souvent qualifié de « l’homme d’une seule guerre », celle du Vietnam, pendant laquelle son hélicoptère fut abattu. Un véritable coup de poing, des photos choc qui, nous le savons bien, ont révélé les réalités d’un combat absurde, ce qui déplaisait fortement aux autorités politiques et militaires, partisanes d’une propagande positive. Henri Huet nous a donné des images inoubliables, d’une grande force et d’une dimension esthétique indiscutable. Ainsi prenons « War Zone C » (1966), reproduite en couverture du volume : le corps sans vie d’un soldat américain est hélitreuillé. Dans une telle photo est flagrant le sens de la composition de Huet, celui du cadrage également. Mais ailleurs, l’émotion affleure face à l’administration des derniers sacrements après la bataille, ou lors de l’arrestation musclée d’un prisonnier viêt-cong (la peur sur le visage de cet homme !). Et que dire de ces divers portraits d’enfants orphelins, abandonnés ou réfugiés ? Ils montrent avec l’empathie que nourrissait Huet pour les êtres humains dépassés par une guerre dans laquelle tous étaient embourbés. Toujours au plus près de son sujet, grâce à l’usage du 35 mm, ces photos sont un témoignage poignant, à placer près de celui d’un autre photographe, Larry Burrows, mort dans le même hélicoptère que Henri Huet.
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