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Haïti : Notre dette

Couverture du livre « Haïti : Notre dette » de Frederic Thomas aux éditions Syllepse
  • Date de parution :
  • Editeur : Syllepse
  • EAN : 9791039902625
  • Série : (-)
  • Support : Papier
Résumé:

À chaque génération, la France feint de (re)découvrir la rançon exigée, sous la menace de la guerre, à la première nation noire indépendante. Et elle a, jusqu'à présent, tourné le dos aux revendications de réparation, se refusant à toute reconnaissance, demande de pardon et a fortiori de... Voir plus

À chaque génération, la France feint de (re)découvrir la rançon exigée, sous la menace de la guerre, à la première nation noire indépendante. Et elle a, jusqu'à présent, tourné le dos aux revendications de réparation, se refusant à toute reconnaissance, demande de pardon et a fortiori de remboursement. Loin de se réduire à une affaire ancienne relevant des relations franco-haïtiennes et à un simple épisode historique, cette dette odieuse est avant tout un marqueur politique d'une injustice à longue portée. Elle explique le silence dans lesquels le formidable soulèvement d'esclaves noirs et la révolution haïtienne ont été relégués, puis oubliés, et la place subordonnée de Haïti sur la scène internationale. La dette vient de loin et c'est son héritage et son actualité que ce livre vient interroger.

Des «?troubles de Saint-Domingue?» à la récente explosion de violences des gangs armés, en passant par l'échec humanitaire de 2010, le soulèvement populaire de 2018-2019 et l'assassinat du président Jovenel Moïse en 2021, ce livre entend donner à voir cette actualité. Ce faisant, il met en lumière la manière dont l'intervention des acteurs internationaux, face aux crises successives qui secouent le pays, reproduit et renforce le pacte néocolonial conclu en 1825.



Enfin, ces pages veulent faire écho à la soif de justice, de dignité et de liberté des Haïtiens et Haïtiennes qui luttent pour une réparation et un changement, afin de sortir du cercle vicieux de dépendance et d'ingérence dans lequel est piégé Haïti.

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Avis (1)

  • 1825. Cela fait vingt et un ans que les troupes napoléoniennes ont été battues et chassées, vingt et un ans que l’île d’Haïti est devenue la première république noire indépendante. Mais les anciens colons français font pression : ils ont perdu leurs propriétés et leurs esclaves. Le roi Charles X...
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    1825. Cela fait vingt et un ans que les troupes napoléoniennes ont été battues et chassées, vingt et un ans que l’île d’Haïti est devenue la première république noire indépendante. Mais les anciens colons français font pression : ils ont perdu leurs propriétés et leurs esclaves. Le roi Charles X fixe par ordonnance le préjudice subi à 150 millions de francs, qu’il réclame à la jeune république, soit l’équivalent de 525 millions d’euros en valeur monétaire actuelle. Sous la menace d’une douzaine de navires de guerre et de leurs cinq cents canons, le président haïtien Jean-Pierre Boyer ne peut qu’accepter ce marché de dupes.

    Frédéric Thomas nous raconte l’histoire d’une dette odieuse et injuste qui, pendant des dizaines d’années, absorbera 19 % des revenus annuels d’Haïti, privant l’île des investissements nécessaires à ses infrastructures. Malgré une renégociation en 1838 qui ramène la dette de 150 à 90 millions, Haïti est contraint de recourir à trois emprunts pour assurer les paiements. La dette s’accroît, le pays s’enfonce dans la pauvreté et l’instabilité. Les divers emprunts et intérêts auprès des banques françaises, puis étasuniennes, pour régler la « dette de l'indépendance » ne seront définitivement soldés qu'en 1952.

    L’auteur analyse avec précision les origines des maux dont souffre l’île aujourd’hui : la mise en place, dès l’indépendance, d’une élite cherchant à tirer profit de l’exploitation du travail des anciens esclaves devenus métayers. En une génération, une oligarchie s’est installée, dirigée par des hommes ne voyant pas plus loin que leurs intérêts immédiats. Face à l’effondrement du cours du café, ils accélèrent l’exportation de bois précieux, aggravant ainsi le déboisement.

    En 2025, Haïti est une des nations les plus inégalitaires au monde. Sur fond de catastrophes naturelles, d’instabilité politique et de pauvreté, les chocs se répètent, se conjuguent et cumulent leurs effets. Haïti s’enfonce dans la nuit noire de la terreur.

    Frédéric Thomas nous interroge sur le rôle des humanitaires : leur prétendue neutralité occulte la situation et dédouane les véritables responsables. L’auteur dénonce avec vigueur une communauté internationale qui a toujours soutenu un pouvoir corrompu et qui s’accommode de la mainmise des gangs.

    Un éclairage passionnant sur cette île autrefois surnommée « La perle des Antilles », mais c’était il y a bien longtemps…

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