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Le manuscrit oublié de François Barberousse / Ce troisième roman de François Barberousse aurait dû être publié en 1938-39 chez Gallimard. Il ne paraîtra pas. Gusse, le héros du roman, est soldat pendant la Grande Guerre. Pour autant, le roman ne peint en rien la guerre elle-même. Il décrit le désespoir d'un jeune homme qui constate que la communauté paysanne qu'il aimait se délite au fil des années de conflit. Chaque permission est pour lui l'occasion de constater que le monde paysan est profondément blessé dans ses usages, dans ses valeurs. " L'âge d'or " des campagnes françaises (ainsi a-t-on pu nommer la période des années 1880- 1900) a bien disparu. Bien qu'éloignée du front, la Sologne et sa ruralité profonde ne sont donc pas à l'abri des changements. Et tout l'art de ce roman est de savoir les peindre avec force et avec tact. Les villes vivent aussi cela. Mais elles bénéficient d'un dynamisme qui masque les mutations sociales et l'émergence de nouvelles mentalités sous les traits d'une modernité qui peut paraître attrayante. Il n'en va pas de même pour les campagnes qui, dès lors, peuvent apparaître comme les grandes perdantes de la guerre. Ce triste constat porte un désespoir irrecevable à la fin des années trente : Gallimard y voit un ton pacifiste peu en phase avec les évènements qui vont précipiter la France dans la Second Guerre mondiale (il faut préciser que François Barberousse était officier dans l'armée...). Le livre n'est donc pas publié. Gusse présente une écriture simple et précise, qui dit les choses crument quand il le faut, mais qui sait tout autant décrire avec justesse le parfum d'une terre ou la drôlerie d'une situation. Pour présenter Gusse, on pourrait reprendre quelques éléments que la critique des années 1930 a consacrés aux premiers romans de Barberousse ; Dans le Bulletin des Lettres du 25 novembre 1935 (Lyon), l'auteur du compte rendu en vient même à comparer François Barberousse à Céline : " Ce roman paysan [L'Homme sec] rappelle par sa crudité le Voyage au bout de la nuit, mais il lui est, à notre avis, supérieur par le naturel, la sincérité et les réflexions qu'il suggère. " Et, sommes-nous tentés d'ajouter, bien différent par l'admiration que l'on ressent pour ces vies dignes et rudes de paysans (il en existe dans ces pages) qui savent garder courage et bonté dans un milieu difficile. Le retour à la lumière des ouvrages de François Barberousse amènera sans doute de jeunes talents à le découvrir et enrichir la fortune critique d'un auteur dont le cercle des lecteurs devrait légitimement dépasser le cercle des amateurs de littérature régionale.
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