"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Fourier, qui se compare à Christophe Colomb et prétend explorer un " Nouveau Continent moral ", des régions inconnues du désir, opère ici, par un jeu surréaliste avant l'heure, une percée aux sources de la parole et de l'affect.
Fermant l'oreille et l'esprit aux suites logiques des phrases, il laisse les phonèmes se recomposer selon d'autres attractions. Et des mots rejaillissent du langage débâclé, des mots-images comme autant de miroirs brisés des tensions passionnelles. Le désir joue le rôle du " clinamen " pour les atomes de la langue émiettée. La confusion homophonique sert la constitution d'autres groupements symboliques.
L'exercice aberrant met en lumière une alliance méconnue entre le Code fondamental de la Langue, celui de la formation des mots et les mouvements de la vie en instance d'être. Ce qu'il y a de plus mystérieux dans le langage, les sons élus de la langue, se conjuguent aux poussées informes pour dessiner un drame ardent. Mais ce drame est sans héros et il n'a pas de fin. C'est un balbutiement qui met en échec les belles chaînes signifiantes et le rêve calculé de l'Harmonie universelle.
Et pourtant, des correspondances imprévues font jaillir en éclats et en éclairs, sur la page, les lourds trophées d'un combat douteux : les Harmonies singulières sont gagnées sur la nuit affective et le chaos du monde. Quand la musique de la langue joue en liberté, elle recouvre le pouvoir de sens des passions. Entre le corps et les sentiments qualifiés elle capte une certaine pente musicale des intentions les plus obscures.
Ce qui dément le triomphe absolu de l'esprit ou de l'ordre mesuré, assure les prises du sens. Le langage ne se combine pas seulement de l'intérieur avec lui-même. La parole, en sa vigueur première, recoupe les courants souterrains de la réalité sensible intersubjective. Ceux-là même que William Burroughs, en un autre temps, une autre société et une autre langue, fait surgir des derniers mots de Dutch Schultz, le gangster abattu, une fois l'écran des règles levé par l'approche de la mort.
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