"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
« Le monsieur à toge et épitoge a déjà tourné les talons. Il semble à sec sur le contenu, alors il pallie par le ton. Il interroge à la mitraillette. Il veut du oui ou du non, pas un roman.
Lui, Kerma, a envie d'expliquer, non, on ne vit pas tout un mois avec mille cent trente-six euros. Dès le dix-huit du mois, oui, on a besoin, et presque chaque jour, de ces quinze euros. L'essence, l'assurance, la nourriture, rester correctement vêtu et chaussé, après avoir payé le loyer l'eau l'électricité la taxe d'habitation la redevance télé les abonnements de sport de portable de streaming, ok ce n'est pas indispensable, mais à vingt-et-un ans... Maintenant il a vingt-cinq ans, et il est vrai qu'il s'en passe, par la force des choses... Mais personne ne semble disposer à entendre, moins encore à écouter. Alors, il répond, non je n'en ai pas besoin. C'est un mensonge de bonne foi. Ceux que l'on fait pour quelqu'un d'important. Et comme on est de bonne foi, on finit par y croire, on le répète à l'envi... Les mensonges sont faits pour vous sauver. Ceux-là, ceux de bonne foi, ce sont les pires. A tous les coups ils vous coulent. » Kerma est au tribunal. Il a servi de taxi à deux jeunes ayant commis un méfait. Quinze euros de gagnés qui risquent de lui valoir des années de prison. Ici, en Guyane, le regard des juges est sans doute pire comme sanction. Mais qu'a-t-il fait ? Quelle est sa vie ? Et qui sont les différents personnages du premier roman de Christiane Taubira ? Des jeunes, des femmes, des mères courages, des éducateurs engagés, des élus, des gens de peu et de beaucoup, des villages perdus, des éloignés du Surinam, des palabreurs, des conteurs, des arbres éxitiques, des animaux qui le sont autant... Avec une verve éblouissante, l'ancienne Garde des Sceaux brosse un tableau magnifique et terrifiant, vrai et fictionnel des coutumes, des mots, des traditions, des moeurs, des violences, des errances comme des miracles de cette terre qu'elle connait bien et aime tant. Un livre qui parle au coeur, aux tripes, qui donne à rêver, sourire, s'émouvoir, pleurer, autant que réfléchir.
A travers un procès d’assises, « Gran Balan » nous emmène à la découverte de la Guyane, sa jeunesse, son carnaval, ses femmes et tout ce qui fait l’histoire de ce territoire.
Un roman très dense en références culturelles.
A lire dans un taxi.
Dès les premières lignes de Gran Balan, la fiction s’invite dans le domaine de la justice. Christiane Taubira commence par décrire le moment du procès où le procureur accuse un chauffeur de taxi d’avoir conduit pour 15 euros une bande de copains pour un acte délictueux,
Dans Gran Balan, Christiane Taubira nous présente la jeunesse de son pays avec différents personnages qui vont évoluer entre mardi gras et le mercredi des cendres.Kerma, le chauffeur, est pauvre même s’il travaille et se rend compte de sa difficulté à dire non. Hubert appartient à la tradition des Touloulous sales, et avec lui, le carnaval de Guyane est découvert. Pol-Alex Hossi est un éducateur spécialisé. Il rassemble dans son séminaire de deux jours des filles et des garçons d’un CER fermé pour apprendre à être ensemble. Avec Dora, Christiane Taubira présente la célébration du Kéti Kiti Day pour la fin de l’esclavage dans le sud du pays. Sula, l’artiste délurée, introduit l’histoire de la conquête de l’or avec la présentation des orpailleurs guyanais. Et tous, vont se retrouver lier au procès du chauffeur.
Avec Gran Balan, Christiane Taubira présente la Guyane, ce département français situé au carrefour de toutes les attentes et des contradictions, avec son histoire, sa culture, sa végétation, sa flore, etc. Loin d’être un relevé touristique, l’auteure dénonce l’abandon du pouvoir central et la main mise des trafiquants. Du coup, l’insécurité monte irrémédiablement. Et, cette jeunesse est en danger !
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https://vagabondageautourdesoi.com/2020/10/05/christiane-taubira/
Le jeune Kerma se retrouve au tribunal accusé d'avoir transporté dans son taxi clandestin, des amis malfaiteurs pour les amener sur les lieux d'un braquage qui a mal tourné. Kerma aime simplement rendre service rien de plus et le voilà entraîner malgré lui dans une affaire de meurtre.
Ainsi commence le livre de Christiane Taubira, tout le monde connaît la verve de l'ancienne ministre de la Justice, et dans son roman on retrouve toute cette éloquence, cette ardeur, cette chaleur pour nous parler de sa terre natale, un récit coloré, vivant, mais aussi un portrait sans concession de ce pays gangréné par le chômage, le racisme, le manque d'infrastructures et la violence. L'insécurité un véritable fléau, trafic d'armes de drogues, violences gratuites, l'emploi plus rare qu'un 30 février. L'occasion d'évoquer le faible attrait de l'école, l'échec des structures d'insertion professionnelle, de l'ennui, du manque de loisirs, l'attrait de faire la mule pour les trafiquants de drogue, l'argent facile.
Bienvenue au pays des mensonges de bonne foi, dont les rues se transforment pendant deux mois en une liesse païenne où le clergé en prend pour son grade et sa réputation avec des femmes qui le temps du carnaval prennent le pouvoir, elles envoûtent, toutes en séduction, elles sont sensuelles, voluptueuses, libertines, voir lubriques.
Accompagnés par un éducateur, des garçons et de filles, lors des veillées, parlent du passé, de l'esclavage, des ancêtres, des relations entre les familles créoles et les Amérindiens en provenance du Surinam ; la ruée vers l'or, des siècles de misère et de souffrance, du rôle discret, mais primordial des femmes qui ont tissé avec leurs mains le destin des grands hommes. Des mamans créoles qui aujourd'hui plus que jamais veulent faire de leurs enfants des adultes exemplaires.
Mais ces conversations se transforment vite en bavardage et je dois reconnaître que j'ai eu beaucoup de mal à m'immerger dans ce livre qui n'est pas vraiment un roman, entre traité historique et documentaire, les personnages sont secondaires et ils s'effacent rapidement au profit des idées qui foisonnent trop peut-être, c'est un peu fouillis. Reste une grande fresque sociale écrite avec le coeur.
Merci infiniment aux éditions Plon et à Babelio qui m'ont offert l'opportunité de lire ce livre.
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