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La République romaine n'est pas sortie tout armée du crâne de Montesquieu. Dans une cité où religion et politique étaient indissociables, l'équilibre des « pouvoirs » était envisagé tout autrement que chez les penseurs des Lumières : il s'agissait moins d'y parvenir par une division interne à la sphère du pouvoir (potestas) que de contrebalancer le pouvoir par une source d'autorité extérieure (auctoritas). S'il était courant qu'un aristocrate cumule la fonction de potestas et la fonction d'auctoritas, il ne pouvait agir simultanément comme sénateur ou prêtre (fonction d'auctoritas) et comme magistrat (fonction de potestas), la séparation des deux fonctions et leur nécessaire collaboration constituant la pierre angulaire des institutions républicaines. Le droit d'auspices des magistrats du peuple, hérité du prestigieux monopole auspicial de la vieille noblesse patricienne, formait le noeud gordien de l'articulation institutionnelle de la potestas à l'auctoritas. Détenteur d'un pouvoir conçu comme imparfait, car dépourvu de légitimité intrinsèque, le magistrat devait régulièrement solliciter, sous le contrôle des augures et du Sénat, l'accroissement de ses actes de potestas par l'auctoritas de Jupiter. Ce procédé de légitimation précaire du pouvoir des magistrats se trouvait ainsi au coeur des mécanismes d'autocontrôle de l'aristocratie romaine.
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