Les trésors de la rentrée littéraire dénichés par les lecteurs
« Un excellent roman à la beauté tragique qui surprend jusqu'à la dernière page ».
Booklist.
Benjamin d'une fratrie de sept enfants, Chen Tienhong a dû quitter son village natal de Yongjing pour vivre librement son homosexualité. Alors qu'il est installé à Berlin, sa relation avec un homme violent le conduit à passer plusieurs années en prison. À sa sortie, il décide de rentrer chez lui et d'élucider un mystère qui plane depuis son enfance. Arrivé le jour de la fête des Fantômes, où les vivants accueillent et célèbrent les défunts, Tienhong lui-même se sent comme un spectre errant dans un lieu qu'il reconnaît à peine.
À travers les voix des vivants et des morts, Kevin Chen dresse un magnifique portrait d'une famille dysfonctionnelle au coeur de la campagne taïwanaise, et signe un roman sensuel, dérangeant et profondément actuel.
Les trésors de la rentrée littéraire dénichés par les lecteurs
Ghost Town recueil, roman noir, policier Hardboiled, roman d'apprentissage, récit chorale mélancolique, Chen Tienhong homosexuel exilé rentre dans son pays natal pour affronter sa famille et ses fantômes. L'auteur montre la signification de fantôme ancré en soi, la famille Chen est prise par une histoire de violence et de secret et cache quelque chose d’essentiel, d’intime, lié au désir profond. Rejets, Secrets, Homosexualité, Famille, on retrouve plusieurs points de vue dans ce texte chorale. Une histoire au multiple facettes, Interdiction, Tradition, Superstition, un voyage sensible et cruelle.
"Un éclat solaire se cachait dans les rides de son front, un éclat de lune dans le sillon le long des ailes de son nez, l'éclat des étoiles au coin de ses yeux, une pluie bienfaisante sur son nez en sueur, et quand il parlait et riait, il y avait l'éclat du soleil, celui de la lune et celui des étoiles, il y avait la bruine et son visage tout entier ressemblait à une terre en friche au sol fertile, couverte d'une végétation foisonnante, au sol ameubli par les lombrics et où circulaient librement le vent et la pluie."
Très bon roman sur une famille taïwanaise, entre tradition et modernité, exile et repli sur soi.
Le livre est bien écrit et vivant, même si l’histoire parle, pour partie, d’une fête des fantômes, d’où le nom du roman (d’ailleurs, je trouve dommage d’utiliser un titre en anglais alors que sa traduction en français était très bien aussi).
Les personnages sont attachants ou détestables à souhait (bien que j’en ai confondu certains, à cause de prénoms ressemblants).
Et puis toutes ces histoires qui aboutissent à des explications à la fin, quel bonheur.
Est-ce un conte ou une histoire vraie, on peut se poser la question.
Bref, ce roman est une belle découverte.
Je remercie Babelio et les Éditions du Seuil pour ce privilège de lecture. Rentrée littéraire 18 août 2023.
La pureté et la souillure
La densité de ce roman de la maturité est une gageure à résumer, je ne m’y essaierai pas.
Un simple avertissement aux futurs lecteurs ne vous laissez pas rebuter par la densité de la première partie, elle est l’essence de ce roman.
Chen est né à Yongjing, bourgade de Taiwan, jeune homme parti vivre à Berlin. Il sort de prison et ressent le besoin de revenir sur les traces de son enfance et son adolescence.
Son état d’esprit peut être résumé par cette réflexion :
« Eh non, il n’avait vraiment pas de portable, ils n’avaient pas le droit d’en avoir en prison, et quand il était sorti, tout en sachant que chacun communiquait avec la monde par le biais d’un portable, lui qui était coupé du monde n’était plus qu’un fantôme, un disparu, qui pour l’instant n’avait pas envie de retourner parmi les humains, ni donc d’utiliser un portable. »
Se débarrasser de son enfance est-ce possible ? Pour cela retourner sur les lieux, seuls témoins immuables les caramboliers et les vestiges de ce lotissement construit en 1970, où finalement ce ne fut pas un mieux vivre, les jeunes fuient ce lieu, l’endroit se désertifie.
Benjamin d’une fratrie de sept enfants, cinq filles, deux garçons il va nous faire vivre son vécu dans cette famille dysfonctionnelle.
Son frère a été le chéri de sa mère, elle a fondé tous ces espoirs sur lui, Chen le benjamin a été confié aux filles pour son éducation.
Celles-ci se verront reprocher l’homosexualité de leur frère par leur mère.
La troisième fait un beau mariage, elle épouse le présentateur vedette mais celui, qui à l’écran, présente une face a un côté pile des plus repoussants.
« Je te le dis depuis des années que je t’interdis ces rites, mais ça n’entre pas dans tes oreilles. Ne t’abaisse pas à ces pratiques, maintenant tu n’es plus la fille de la campagne. Je dois partir travailler et aujourd’hui tu ne dois pas sortir. Ce soir, je rapporterai de quoi dîner. »
Ce sont des exemples qui montrent la dureté d’une société. Car en filigrane de ce roman, l’auteur nous montre la violence, une vérité toute crue, sans fards aussi bien dans son pays d’origine que dans son pays d’adoption.
Quand on a vécu dès son jeune âge dans cette violence, combien d’actes violents seront acceptés avant la résilience ?
Sa mère le traitait régulièrement de « sale engeance » de « parasite », de fils indigne, bouffeur d’héritage.
« À la suite de ce voyage où i n’avait pu assister aux funérailles de son père, il était retourné en Allemagne, puis avait été incarcéré, il n’était donc jamais revenu prier sur la tombe. Il savait où elle se situait et, puisqu’il était de retour, justement ce jour de fête des Fantômes, eh bien il irait y jeter un coup d’œil. »
De fantômes nous entendons les voix, en effet Chen entend celle de son passé, de l’enfant qui fait l’homme qu’il est devenu.
Entre attirance et répulsion pour cette fratrie à laquelle il appartient, son histoire avec T, son compagnon allemand, surgit jusqu’au final qui nous éclaire sur ce qu’il a vécu. C’était un couple sans disputes, mais les non-dits de la part de T, et l’absence de question de la part de Chen, on fait que cette relation était en déliquescence depuis longtemps.
« Tes blessures, je les connais par cœur et toi tu n’ignores rien des miennes, on les démasque, on les ressasse, le vieux moulin à paroles enrayé depuis tant d’années se met en route, les corps deviennent des volcans, les bouchent crachent une lave où chacune se consume. »
Ce roman est une enfance crachée à la face du monde, pour se réapproprier son histoire et avancer.
C’est un roman moderne qui va au-delà de l’intime de l’auteur, il nous raconte le monde avec les fantômes d’un passé que personne ne voudrait voir revenir.
Un livre à découvrir en cette rentrée littéraire et j’espère avoir réussi à vous donner l’envie de le lire.
©Chantal Lafon
https://jai2motsavousdire.wordpress.com/2023/08/13/ghost-town/
Tout récemment libéré d’une prison berlinoise, Tienwong Chen est de retour à Yongjing, son village natal. En son absence, l’endroit s’est transformé et il ne reconnaît plus les rues, les commerces, les champs, les paysages de son enfance. Seules sont restées inchangée la Maison Blanche qui domine le village et la maison où vivait sa famille et où loge désormais sa sœur aînée. Tienwong, qui avait quitté Taïwan car son homosexualité était un déshonneur pour les siens, retrouve cette famille qui l’a renié, les vivants comme les morts. Car son arrivée coïncide avec la fête des fantômes, ce moment où l’on fait des offrandes à ceux qui ont quitté la vie terrestre mais reçoivent encore hommages et offrandes de ceux qui restent. A mesure que le jeune homme se réapproprie les lieux, les souvenirs affluent et les secrets les mieux gardés se dévoilent.
Avec ce roman aussi puissant qu’envoûtant, Kevin Chen réinvente la saga familiale.
Ils sont sept, cinq filles et deux garçons. Pour la mère, ‘’la Cigale’’, ces cinq premières nées sont une véritable malédiction et elle a élevé ses aînées à la dure. Une femme incapable de donner un fils a son mari ne mérite ni considération, ni respect. Les filles ne servent à rien, elles sont vouées à quitter la famille pour se marier. Heureusement, un fils est arrivé, qu’elle a choyé et gâté, sa fierté, sa vie. Tienwong, lui, est né ‘’au cas où’’…Grossière erreur puisque ses ‘’manières féminines’’ ont fait de lui un paria, un fils sans valeur, détesté et chassé.
Ceux qui ont survécu à leur enfance se retrouvent réunis pour célébrer les morts, chacun portant en lui de terribles souffrances. Aimants mais pudiques, ils taisent leurs sentiments, cachent leurs blessures, essaient désespérément de garder la face. Mais que de sang, de larmes, de chagrins enfouis, de mauvaises actions, de haine, de secrets, de folie…
Petit à petit, le lecteur découvre le passé des personnages, traque les indices qui dévoilent des destins liés, des vies dirigées par les traditions, les interdits, les superstitions et l’Histoire d’un pays qui a connu son lot de malheurs.
Une histoire cruelle et sensuelle et un voyage à Taïwan, que demander de plus ?
Dommage !...
Un livre surprenant où les vivants et les morts se côtoient, où les époques se superposent, où chaque chapitre est l’histoire (à la 3éme ou à la 1ere personne) d’un narrateur différent.
Je suis devenue très rapidement un fantôme, moi aussi, à la recherche des personnages : Qui était qui ? Qui faisait quoi ?
C’est dommage car le parcours et l’analyse psychologique de Chen Tienhong sont intéressants : « Quand sa mère le frappait, ses poings étaient des couteaux et ses pieds des épées, mais la plus grande cruauté résidait dans ses paroles, ce déversement d’insultes en taïwanais dont chaque mot était une brulure. Contre les coups, il n’opposait pas de résistance. Il se sentait coupable, c’est lui qui était un pervers, qui était anormal.»
C’est dommage aussi car les conditions des femmes taïwanaises sont bien évoquées avec les cinq sœurs ( dénommées : « première », « deuxième » troisième » quatrième » cinquième » ) de Tienhong.
Mais c’est perdu dans un flux d’autres histoires, d’autres détails.
Je remercie Babélio et les Éditions du Seuil de m’avoir permis de découvrir ce pan de la littérature taïwanaise.
https://commelaplume.blogspot.com/
Construit autour du retour du fils homosexuel renié par les siens, ce roman nous entraîne au cœur de l’île de Taiwan dans la petite ville de YongChin et nous offre un témoignage étonnant sur les croyances, les mœurs et les mentalités des habitants de cette île d’Asie de l’Est.
A travers la vie du couple Chen, de leurs cinq filles et de leurs deux garçons, Kevin Chen nous plonge dans la culture taïwanaise qui se relève difficilement du régime autoritaire de la Chine communiste.
Tout juste sorti de prison en Allemagne pour avoir tué son compagnon violent, TienHong, « le petit frère » qui n’a jamais eu « un tempérament masculin », revient chez lui après 30 ans d’exil, le jour de la fête des Fantômes. Retrouvant ses sœurs et ses amis, il se replonge dans les traces de sa douloureuse jeunesse, se demandant s’il n’est pas lui-même devenu un fantôme.
Les enfants-filles n’étant jamais désirés dans la société taïwanaise, la vie des cinq sœurs est révélatrice du parcours des femmes, peu respectées, souvent maltraitées et jamais reconnues pour leur vraie valeur, dans un pays où les hommes décident de tout.
Retraçant l’histoire de la famille Chen dans un tissage subtil et très maîtrisé entre passé et présent, l’auteur nous raconte les destins de femmes et d’hommes élevés dans le culte des ancêtres, vénérant les revenants et pratiquant une religion qui mêle le bouddhisme, le taoïsme et la culture traditionnelle chinoise.
Ce roman nous dévoile le fonctionnement de la société taïwanaise sur fond historique et culturel et c’est tout à fait surprenant quand on découvre, comme moi, ce mélange de tradition et de modernisme.
Mon attention s’est parfois envolée en lisant cette saga familiale tant elle est dense mais je vais en garder longtemps un souvenir, souvent ému, parfois révolté et toujours passionné.
Merci à Babelio et aux éditions du Seuil
Après avoir quitté Yongjing et Taïwan pour vivre son homosexualité au grand jour sans avoir à subir les préjugés de sa famille et de la communauté villageoise, Tienhong le benjamin est de retour. Emprisonné à Berlin pour avoir occis son amant, il vient d'être libéré.
Son arrivée au pays coïncide avec le jour où les habitants fêtent les morts, une tradition un brin superstitieuse qui persiste chez un peuple tourné vers un capitalisme débridé et une mondialisation qui tue les différences. Même la petite bourgade rurale, personnage à part entière du roman, n'échappe pas à ces bouleversements.
Dans une ambiance teintée de fantastique, le revenant retrouve ses quatre sœurs encore vivantes et les spectres des disparus. Les souvenirs affluent : le père taiseux, la mère bavarde et cruelle, la grand-mère qui tue le chien de la famille et le mange, le voisin tueur de serpents, les premiers émois amoureux...
Plusieurs voix se mêlent à celle de Tienhong pour évoquer une famille dont les membres ont été fracassés par la vie et dont les névroses se transmettent de génération en génération.
Alors que l'aînée de la fratrie espère la mort de son époux, la deuxième est persuadée qu'elle porte la poisse, la troisième est battue par son mari, la quatrième se terre dans sa maison, la cinquième est suicidaire...
Quant au premier fils, il croupit en prison pour malversations.
Si la lecture n'est pas toujours aisée en raison d'une narration éclatée, « Ghost Town » est un roman à l'écriture puissante et sensuelle qui saisit le lecteur par son pessimisme sur la condition de l'homme pris au piège de la reproduction des traumatismes.
Merci à Babelio et aux éditions du Seuil pour cette lecture.
EXTRAITS
Son passé était un roman raté.
Les fantômes n'ont rien d'effrayant, ce sont les humains qui sont cruels.
Qui plus se ressemble plus se hait.
C'est héréditaire, la maladie mentale, les fêlés, ça engendre des fêlés.
http://papivore.net/litterature-anglophone/critique-ghost-town-kevin-chen-seuil/
Après avoir purgé une peine de prison pour meurtre, Chen Tienhong est de retour dans son village natal sur l’île de Taïwan. Son passé est une vie raté, un parcours rempli de trous et de contradictions.
Un roman choral entre Berlin et une petite commune rurale de Taïwan, où chaque membre de la famille Chen va prendre la parole, y compris le fantôme du père. Les voix des vivants et des morts se mélangent. À travers les souvenirs familiaux des uns et des autres, Kevin Chen nous brosse le portrait de la société taiwanaise entre magouilles, homosexualité, traditions, violence des maris et le culte omniprésent des fantômes.
Je dois dire que la construction du récit entre passé et présent et les différents personnages, j’ai parfois été dérouté. Mais ce roman n’en reste pas moins très intéressant.
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