"Geisha" est une auto-biographie fictive romancée qui nous conte l'histoire de Sayuri, jeune fille de pêcheur arrachée à sa famille pour devenir l'une des geishas les plus célèbres du Japon. Pour construire ce récit, Arthur Golden a effectué un travail titanesque digne d'un anthropologue pour...
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"Geisha" est une auto-biographie fictive romancée qui nous conte l'histoire de Sayuri, jeune fille de pêcheur arrachée à sa famille pour devenir l'une des geishas les plus célèbres du Japon. Pour construire ce récit, Arthur Golden a effectué un travail titanesque digne d'un anthropologue pour nous emmener à la découverte du mode de vie des geishas. Il s'est appuyé sur les confidences et sur les orientations de recherches dispensées par Mineko Isawaki, l'une des geishas les plus célèbres de Gion, lieu où se déroule l'action du roman. Contrairement à ce que cela laisse supposer, "Geisha" est avant tout un roman sentimental qui a pour fil directeur l'amour impossible de Sayuri pour le Président, un homme qui sera indirectement et directement responsable de son ascension sociale.
Cette quête amoureuse sert de prétexte à un décryptage respectueux des rites et des cérémonies qui jalonnent la vie d'une apprentie geishas, de la mise aux enchères de son mizuage (sa virginité), au choix de son danna (l'homme qui se portera garant de ses dépenses) en passant par les cours de danse, de chant et de musique, la cérémonie du thé ou le rituel du kimono. Car, ce qu'Arthur Golden essaie de faire comprendre au lecteur, c'est qu'une geisha n'est pas, contrairement à l'idée occidentale répandue, une prostituée, mais avant tout une courtisane douée d'une artiste qui doit savoir jouer de nombreux instruments tels que le shamisen auquel Sayuri et Pumpkin consacrent beaucoup de temps. Mais au-delà de cette mine d'informations, c'est la vie de Sayuri elle-même qui nous captive, de son enfance insouciante dans ce qu'elle appelle "La maison ivre" jusqu'à la "conquête" finale du Président, le mode autobiographique privilégié par l'auteur crée ici une empathie envers Sayuri et on affronte avec elle chaque nouvelle épreuve, chaque nouvel obstacle ou déception.
C'est bien simple, le roman a beau faire six cent pages, le dépaysement et la qualité font qu'on dévore d'un bout à l'autre cette histoire d'amour impossible dans un pays dont on connaît encore mal les mœurs et dans une époque aujourd'hui révolue. Je terminerai ce billet en mentionnant la très belle et fidèle adaptation cinématographique de Rob Marshall sortie en 2006 et intitulée "Mémoires du geisha" dans sa version française.