Dans Freak Out in a Moonage Daydream, Nicholas Giguère investit les mots du chanteur qui l'a longtemps habité, David Bowie. Il les assimile pour donner à entendre une voix trouble, en constante mutation. Et si celui qui parle a un corps, c'est un corps disloqué, démembré puis rapiécé, rejouant avec fascination la scène de sa mort violente. Il cherche son identité, sa voix, une façon d'être lui-même dans un monde gangrené par la masculinité toxique et le capitalisme débridé. Et il entend l'appel de la gloire, d'un starsystem qui, d'une main, lui offre l'immortalité et, de l'autre, vide la vie de son sens. Ainsi sa quête, irrésistiblement, le mènera-t-il à la folie.
Magnétique, ce macrocosme artistique est d’une force inouïe.
Nicholas Giguère compose une partition littéraire. Puissamment virile, aux complaintes rudes ou sensibles. Les poèmes sont à grappiller à l’instar d’une grappe de raisin au goût sucré ou acide.
La vigne telle une corde de guitare, se tend et enclenche la magnificence.
David Bowie est le fil rouge des fragments « Freak out in a Moonage Daydream. »
On pourrait aussi propulser cette littérature presque rebelle, émotive et lucide dans notre monde si chahuté, si désespéré par les diktats politiques intransigeants. « The times tky Are.a- Tellin »
« Le futur retiendra/Ce qu’il voudra bien retenir de nous/Le progrès n’est pas libre de contraintes/les mégabits volent au loin/le souper refroidit sur la table/les salaires augmentent/durant un an ou deux, les enfants apprennent à conduire/ et tout le reste/Puis la guerre éclate/nous ne sommes pas seuls/nous sommes des millions/nous sommes les rois/de rien…Où il est impossible de connaître/les gens de personne/le peuple de quelqu’un. »
Pas à pas, composer des poèmes, gardes-fous, murailles et étoiles. Les élans de David Bowie, Jojo Savard, Denis Diderot, conjugaisons aux notes spéculatives, certifiées. Nicholas Giguère chef-d’orchestre engagé,
« Élus par les étoiles/nous avons balayé la chambre/rangé les taies d’oreiller…/nous sommes des êtres merveilleux/enchaînés les uns aux autres/pour la vie/nous ne chantons plus sur les sujets de notre choix/la terre continue de tourner/témoin de notre chute. »
Les textes d’êtres grandioses jusqu’aux scènes musicales. Ici, c’est la théâtralisation des paroles réenchantées. Va pour la musique, cette grâce perpétuelle !
Quand bien même, « je ne suis pas un prophète/ni un homme de l’âge de pierre…Je vous invite/chers marins/à vous affronter dans la salle de bal.../vous volez grâce à vos ailes qui aboient. »
Ces fragments sont des myriades d’oiseaux noirs. Nuit éternelle, le rideau rouge baissé dans la collecte des chants rudes, résolument sociétaux. Tous présents, l’hommage absolument contemporain, sans fioritures.
David Bowie est Nicholas Giguère, et vice versa dans cette envolée mémorielle et profondément poétique.
Poèmes de Ziggy Stardurst, d’Aladdin Sane, d’Halloween Jack & Du Thin White Duke.
Publié par les majeures éditions Le Quartanier éditeur.
Il n'y a pas encore de discussion sur ce livre
Soyez le premier à en lancer une !
Les meilleurs albums, romans, documentaires, BD à offrir aux petits et aux plus grands
Il n'est pas trop tard pour les découvrir... ou les offrir !
Bird découvre que sa mère n'est autre que la poétesse dissidente Margaret Miu...
Inspirée d’une histoire vraie, cette BD apporte des conseils et des solutions pour sortir de l'isolement
