"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Le 20 novembre 1975, Franco meurt au petit matin à Madrid. Lorsque Élisa, réfugiée espagnole, apprend la nouvelle à la Manufacture des Tabacs de la Belle de Mai, c'est son passé, tragique et douloureux, qui ressurgit brutalement. L'été 1936 à Madrid, l'hiver 1938 à Barcelone, la Retirada - cette longue cohorte de désespérés, cette horde de vaincus, de malades, de blessés fuyant l'Espagne et parqués sur la plage glaciale d'Argelès - la mystérieuse disparition de Ramon, son père, alors officier dans l'Armée Populaire Républicaine... Une foule d'images et de vieux fantômes submergent alors ses jours et ses nuits... 35 ans plus tard, Élisa n'est plus et l'Espagne met fébrilement à jour les charniers du Franquisme. C'est Manu, son fils, un looser, un peu voyou, un peu paumé, qui, en recevant d'Espagne une lettre destinée à sa mère, va permettre à ce terrible passé de remonter à la surface. Mais Manu n'aurait sans doute pas été bien loin si sa route n'avait croisé celle de Clovis Narigou... Clovis, qui de Marseille à Madrid démêle l'écheveau et tente de percer les mystères entourant la famille espagnole de Manu. Clovis qui enquête, pare les coups et pénètre le Barcelone de la grande époque, celui de Dali et de Picasso... Clovis qui découvre, ahuri, le camp de Karaganda et les horreurs de la guerre civile...
Une intrigue solidement tressée du début à la fin, semble pourtant n’être qu’un prétexte pour nous plonger dans un texte passionnant, portant sur la guerre civile contre Franco et surtout sur l’histoire de l’exode – la retirada – qui s’en suivit. Maurice Gouiran nous livre un écrit historique remarquable sur l’exode de ces Espagnols qui après un séjour pénible sur la plage d’Argelès, se retrouvèrent réfugiés en France où ils furent accueillis sans enthousiasme par la population mais restèrent en vie et purent s’y intégrer. En 2007, le gouvernement espagnol va autoriser la réouverture des charniers et de là plonger une famille dans les retrouvailles de Barcelone à Marseille via Madrid. J’apprécie beaucoup cet auteur qui sait toujours tenir le lecteur en haleine tout en lui faisant découvrir les conséquences ou les petites histoires collatérales découlant de la grande Histoire. On apprend beaucoup en lisant Maurice Gouiran. Son écriture est simple, fluide et talentueuse. Il part toujours d’une intrigue mais ce livre classé polar, est à mon avis plus proche d’un récit historique à saluer.
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