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Trois histoires d'amour pour remonter à l'origine du mal.
Trois générations, deux génocides.
Tout commence dans la touffeur ignoble d'un wagon à bestiaux. Le jeune Karl y fait la connaissance d'Helena, son bref et unique amour le temps du voyage. À son arrivée en Pologne, le gamin juif est gazé.
Dès lors, depuis un étrange séjour des morts, le Shéol, il est condamné à regarder évoluer les siens et à tenter d'éviter désespérément la catastrophe.
Ainsi retrouve-t-il son père, devenu Sonderkommando. Dans la noirceur de sa condition, ce dernier rêve à sa lumineuse Élisa, la mère de Karl, rencontrée et épousée en Algérie des années auparavant. Poursuivant son effroyable voyage à rebours, Karl croise Ludwig, son grand-père, qui au début du siècle a servi dans l'armée allemande du Sud-Ouest africain. Et le secret que l'aïeul n'a jamais pu raconter de son vivant - sans doute la clé de leur destinée à tous -, son petit-fils finit par l'apprendre depuis sa nouvelle demeure : celui de l'existence d'Hitjiverwe, une jeune femme héréro passionnément aimée, victime avec son peuple d'une barbarie oubliée, terrible avertissement aux générations futures.
« Le Faulkner méditerranéen. » L'Express.
« Benmalek reprend là où Camus s' est arrêté. » Harvard Review.
Quand j’ai lu son résumé, j’ai eu envie de lire ce livre. Mais quand je l’ai reçu, je n’avais plus du tout envie d’affronter un texte sur cette période si noire de l’histoire récente. Un bon mois après, je l’ai enfin sorti de la pile, et terminé en deux soirs. Bon, d’accord, ce n’est pas un livre facile ni bien optimiste, puisqu’il aborde le sujet de l’holocauste et des camps d’extermination, nous parle du sort des juif pendant la seconde guerre mondiale, mais aussi au fil des siècles.
Il aborde également un sujet que j’ai découvert dans ce roman, le massacre des tribus Hereros et Namas sous les ordres de Lothar Von Trotha dans le Sud-Ouest africain, c’est-à-dire dans l’actuelle Namibie, au tout début du XXe siècle. Comme un terrible avant-goût de ce qui adviendra pendant la grande guerre, il s’agit du tout premier génocide du XXe siècle, un programme d'extermination programmé par les allemands jusqu’au moment où ils se rendront compte qu’il n’y a plus personne pour travailler les terres qu’ils ont volées aux peuples qu’ils ont méthodiquement massacrés.
Quand débute ce roman, le jeune Karl est arrêté et embarqué dans les trains de la mort vers les camps d’extermination. On a déjà beaucoup écrit sur l’horreur de ces camps, ici l’auteur prend comme angle la vision du passé par un jeune Karl défunt qui évolue dans le Shéol, le séjour des morts. Là, il voit défiler sa vie et celle des siens, parents, grand père. Il remonte le temps, prétexte à dérouler toute la vie de sa famille, heureuse un temps, lorsque son père rencontre sa mère en Algérie, puis désespérément dramatique pour tout un peuple.
C’est un angle inhabituel qui donne un rythme particulier au roman. Cela ne l’empêche pas d’aborder des thèmes tragiques et de poser des questions. Il interroge avec justesse sur ce qu’il advient et ce que l’on aurait pu faire, quelle est notre marge de manœuvre, notre capacité à prendre des décisions, à agir face aux évènements. La faiblesse, la trahison, la fatalité, mais également la peur et la souffrance sont autant de thèmes abordés. Est-on capable de modifier, de transformer sa vie, ou tout est-il programmé d’avance ? Autant de questions sans réponse.
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