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«Cette oeuvre - faut-il dire centaure ou sirène -, oeuvre mi-prose, mi-poème, est une création d'une beauté, d'une originalité parfaites : offrant tout à la fois la symétrie, la singularité et la vérité morale. On y peut voir un objet de curiosité. Ce n'en est pas moins une des plus grandes oeuvres d'art de ce temps : le roman moderne que nous croyions mort et qui n'était qu'endormi.» Mary McCarthy.
« The moon’s an arrant thief, And her pale fire she snatches from the sun ». Tirée du Timon d’Athènes du barde immortel, cette citation est à l’origine du titre du poème de John Shade, bien que le professeur Kinbote n’en ait pas trouvé trace dans son édition zemblienne du Timon. Cette entrée en matière vous donne la teneur de ce que sera ce roman de Nabokov : le commentaire d’un poème par un érudit zemblien, exilé, pour des raisons qu’on comprendra vite (ou croira comprendre), aux Etats-Unis, où il réside à proximité du grand poète qu’il admire, et dont il va tenter de forcer l’inspiration, jusqu’à récupérer après sa mort son œuvre pour l’éditer. Roman post-moderne par sa forme, c’est avant tout un immense plaisir de lecture et d’esthétisme, Nabokov se régale et entraîne avec lui son lecteur, dans les pièges zembliens et les querelles universitaires, sur la piste de Gradus, tueur ou fou ou les deux, membres des Ombres (Shade signifie Ombre en anglais), et trouve dans ce roman à mon avis le summum de sa créativité, et une parfaite maîtrise de son art, de son très grand art de la littérature. Récit sur la création, où Kinbote croit voir s’écrire l’histoire de sa contrée par le poète, où le poète écrit sa propre histoire, où Kinbote écrit son commentaire du poème, qui au final nous en livre plus sur lui et son supposé titre de roi en exil, chassé de sa Zembla, loin de ses « garçons-fleurs », et où il invente (ou imagine) le parcours de celui qui assassinera le poète en croyant (ou pas) le tuer lui. Complexe et passionnant, ce roman est à mes yeux un des chefs d’œuvre qui se suffit à lui-même, dont il est toujours plaisant de parcourir les riches pages, du poème au commentaire ou même de se perdre dans son index final, l’on a droit tout du long de cette fantaisie à un véritable régal littéraire, un « must » du maestro Nabokov. A lire et à relire.
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