"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
On préfère de nos jours parler d'éthique plutôt que de morale. Les deux termes renvoient pourtant à une même réalité. Comment expliquer cette réticence ? Comment expliquer aussi que fleurisse l'expression « c'est une belle personne », qui ne veut rien dire, mais qui exprime ce refus de toute référence à la morale ? Serait-ce parce que la morale rappelle la "leçon de morale", entre punition et contrainte ? Pourquoi est-il si difficile d'être quelqu'un de bien ? Pourquoi nous sentons-nous obligés d'ajouter, lorsque nous disons de quelqu'un qu'il est gentil, que c'est là un compliment ? La gentillesse serait-elle un défaut et la méchanceté un signe d'intelligence, à tout le moins de lucidité ? Qu'est-ce que la méchanceté ?
Philosophie du bien et du mal, des gentils et des méchants, cet ouvrage fait appel, sans jargon mais avec le sérieux requis, aux thèses, souvent radicales, et aux critiques, parfois étonnantes, des philosophes pour interroger notre rapport au bien et au mal, et pour tenter de déterminer ce qui peut faire de nous quelqu'un de bien.
Ce livre faisait partie de la sélection du Prix Psychologies-Fnac 2020 à l'essai qui aide à mieux vivre sa vie. (je faisais partie du jury). Prix décerné en décembre 2019.
J'ai beaucoup aimé cet essai dans le sens où j'ai vraiment appris ce que signifie l'expression "être quelqu'un de bien."
J’ai vu le film en DVD de Tommy Lee Jones "Trois enterrements" que L. Devillairs cite à plusieurs reprises comme exemple pour appuyer ses arguments. Je vous le conseille.
Voici le compte-rendu de l'auteure sur son essai sur le site web de Radio RCF :
https://rcf.fr/la-matinale/qu-est-ce-qu-etre-quelqu-un-de-bien
"La chronique Philosophie"
mardi 15 janvier à 8h52 (3mn)
"Qu’est-ce qui fait de moi quelqu’un de bien ?", c'est le sujet de la chronique philosophie de Laurence Devillairs.
- Faire le bien, c’est cela qui fait de moi quelqu’un de bien, non ? Exactement ! Faire le bien fait de moi quelqu’un de bien. Mes actes sont mes témoins de moralité ; c’est ce que je fais qui démontre ce que je suis. La bonté, comme la beauté, c’est avant tout celle du geste. La morale, c’est une question d’actes. Du plus modeste au plus sublime.
- Être quelqu’un sur qui on peut compter, ne pas décevoir, ne pas trahir, être quelqu’un de parole, tenir ses promesses, respecter ses engagements, la morale semble est tout une affaire de courage. Le
courage d’être là, le courage de ne pas se dérober à ses devoirs et à ses fidélités, le courage de ne pas laisser faire, de ne pas laisser tomber.
- La morale, ce serait donc avant tout une question de courage ? Ce que réclame la moindre bonne action, le moindre geste, c’est, en effet, d’abord le courage de l’accomplir. Car la bonté n’est pas innée. Elle demande de braver des obstacles, de dépasser des réticences : les miennes, celles de mon confort ou de ma tranquille indifférence, celles des circonstances, qui me semblent toujours pesantes, toujours autant de bonnes excuses pour laisser faire.
- Être quelqu’un de bien coûte ; faire le bien n’est pas, avouons-le, un élan spontané, qu’on accomplirait sans effort, dans la joie et la bonne humeur. Le contraire du bien, ce n’est pas le mal, démoniaque, horrible et monstrueux, c’est la lâcheté.
Alors être quelqu’un de bien, c’est être un héros ?
- Exactement ! Toute bonne action est héroïque, tout acte moral est un héroïsme. Parce que tout nous pousse à ne rien faire, à laisser tomber. Mais c’est un héroïsme ordinaire, pas celui des superman ou des super héros, ces modèles uniques, impossibles à imiter. Être quelqu’un de bien, ce n’est pas être un surhomme ; c’est être un homme, et c’est déjà beaucoup. Comme le disait Bergson, le héros nous prouve que c’est possible, que ce n’est pas au-dessus de nos forces : "Vienne l’appel du héros, déclare Bergson, nous ne le suivrons pas tous, mais tous nous sentirons que nous devrions le faire".
6 essais en lice pour le Prix Psychologies-Fnac 2020 :
- DEVILLAIRS Laurence, Être quelqu'un de bien : philosophie du bien et du mal, PUF, 2019.
- BRUGÈRE Fabienne, On ne naît pas femme, on le devient, Stock, 2019.
- CYRULNIK Boris, La nuit, j’écrirai des soleils, Odile Jacob, 2019. [lauréat 2020]
- LEGRAND Dorothée, Écrire l’absence, éditions Hermann, 2019.
- JABLONKA Ivan, Des hommes justes : du patriarcat aux nouvelles masculinités, Seuil, 2019.
- BOHLER Sébastien, Le bug humain : pourquoi notre cerveau nous pousse à détruire la planète et comment l'en empêcher, Robert Laffont, 2019.
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