"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
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Futhi Ntshingila est journaliste, ce roman dont le titre est emprunté à un poème de Dylan Thomas est son deuxième. La couverture est l’œuvre de Agrippa M Hlophe, artiste sud-africaine.
Très beau roman qui met en scène des femmes. Des femmes fortes aux destins divers, qui toutes devront se battre et faire preuve d'une force de caractère peu commune pour résister à tout ce qui les entoure : les agressions, les viols, la misère, le racisme, le sexisme... Elles sont attachantes, émouvantes, on a très envie qu'elles se sortent du cercle vicieux dans lequel elles entrent dès l'enfance. Les femmes de Futhi Ntshingila sont puissantes, elles ne se laissent pas faire même lorsqu'elles subissent. Elles luttent pour leurs droits de femmes noires.
C'est un roman prenant, écrit dans une langue simple qui fait ressentir les émotions des héroïnes, qui amène inévitablement des images. A travers les luttes de Mvelo, Zola et les autres, l'autrice écrit un livre plus général sur les femmes. Le particulier et le fictif pour décrire l'universel et le réel. Il débute ainsi :
"Après l'enterrement de Sipho les choses empirèrent peu à peu pour Mvelo et sa mère Zola. Mvelo était jeune, mais elle se sentait vieille comme une chaussure usée. Elle avait quatorze ans et son esprit quarante. Elle arrêta de chanter. Pour sa mère, elle essayait de toutes ses forces de rester optimiste, mais l'espoir glissait entre ses mains comme un poisson. Elles se trouvaient déjà dans une situation difficile, lorsque quelqu'un du bureau de versement des pensions avait décidé de suspendre leurs aides sociales. Elles recevaient une aide parce qu'elle était mineure, élevée par une mère célibataire de trente et un ans ; l'autre était pour Zola, à cause de son statut." (p.11)
Février 2021. La prochaine publication de Belleville Édition sera sud-africaine avec l'auteure Futhi Ntshingila originaire de Pietermaritzburg. C'est aussi l'un de mes coups de coeur de ce mois de janvier, l'une de ces lectures qui vous passent le coeur et l'esprit au rouleau-compresseur, parce qu'on a beau se dire, et le crier à grands coups de crayons de bonne conscience, que nous somme des privilégiés, il est difficile de prendre la dimension de l'abîme des difficultés dans lesquelles sont plongés les personnages de l'auteure. Et si l'on regarde son sourire, qu'elle porte grand comme le talent qui est le sien, on ressent immédiatement que c'est aussi grâce où à travers la tendresse de son regard que ces personnages abimés bénéficieront le temps de son roman d'un moment de répit. Il s'agit bien sûr d'une fiction mais on se doute que des Zola et des Mvelo, des filles et femmes reniées, abandonnées, rejetées, exploitées, abusées, maltraitées, il y en a à foison dans les bidonvilles sud-africains. Ce qui ne résoudra en rien la situation qui est la leur, mais qui aura l'avantage de peut-être mettre un frein à certaines attitudes agaçantes et inadaptées de ces sauveurs opportunistes, j'y reviendrai plus loin.
Le titre, issu d'un poème de l'auteur gallois Dylan Thomas, et l'épigraphe sont suffisamment explicites, l'auteure incisive se veut être le miroir sinon exact, plutôt grossissant de ces citoyens, en marge de la société, qui passent leur temps à se dé-battre et à trimer. D'abord les adultes, surtout les enfants. C'est une plongée en apnée dans le dénuement le plus complet, ou le mince fil d'espoir qui relie Zola la mère et Mvelo sa fille au monde est tissé par l'espérance portée par le renouveau du jour. Faim, maladie et froid ainsi que désillusion se battent pour gagner cette guerre engagée contre le corps et l'esprit des deux femmes. Chaque jour c'est un peu plus de terrain qu'elle grignote peu à peu, qu'elle asphyxie leur victime en s'emparant de leur souffle vital.
L'attachement aux personnages, en ce qui me concerne, s'est fait instantanément, et au-delà des personnalités de Mvelo et de Zola, c'est ce lien indéfectible qui relie les deux femmes, seules au monde, qui m'a profondément marquée. le seul lien qui leur soit resté après la maladie, la trahison, l'abandon, après que toutes les galères du monde leur soit tombé dessus. L'auteure dessine au couteau de grandes figures féminines, mère, grand-mère, fille, belle-mère, j'ai incontestablement été fascinée autant par Zola que par Mvelo et Nonceba, qui endosse le rôle de belle-mère, ainsi que par Petra. Ce sont elles, les combattantes, les véritables héroïnes, car les hommes, lorsqu'ils ne sont pas victimes d'accidents malencontreux, sont les modèles du pleutre dans toute sa splendeur, lorsqu'ils ne sont pas des violeurs.
Dévoiler le texte masqué Même si du temps à passer depuis l'Apartheid, les mécanismes de domination qu'il a impliqués ne se sont pas pour autant abolis, la domination des hommes et des blancs s'exerce toujours à travers toutes les formes de violence possible. Il y a ceux qui n'ont qu'à se servir pour asservir leurs pulsions, la forme sexuelle est l'une de ces armes perverse et redoutables qui cause des dommages irréversibles, psychologiques, physiologiques, maladie, et grossesse. Et ce qu'on nomme généralement white saviorism, ce complexe du sauveur blanc, qui permet à certains, d'ailleurs l'auteure est tout à fait transparente là-dessus, de se racheter une conscience à peu de frais, à coups de distribution de bonbons, et de monter de toute pièce la vision idyllique qu'ils voudraient garder intact, paravent d'un océan de dénuement.
Enrage contre la mort de la lumière. C'est un magnifique plaidoyer pour la vie alors même qu'elle est impitoyable avec ceux-là même qu'elle maltraite le plus durement, c'est un livre de rage, celle-là même qui leur reste au fond des tripes pour les faire tenir debout, si le combat est présent, c'est davantage un combat contre les aléas de la vie, pour retrouver cet élan vital, mais surement pas un livre de guerre. Bien au contraire, dans cette rage contre leur destin, j'y ai ressentis une volonté d'apaisement et c'est un peu cette résilience-là, cette force qui est la leur de pouvoir passer pardessus ce qui les a atteints dans leur chair, qui est également la force de ce touchant roman.
J'ai aimé découvrir cette entraide, cette solidarité intrinsèque, cette intimité naturelle, cette affection qui lie entre eux tous les personnages de ce roman, qui prennent soin les uns des autres au milieu de cet enfer ou ils vivent, où même s'ils sont les victimes des politiques ségrégationnistes, ils parviennent à surpasser, finalement, cette séparation, l'héroïne, s'il y a bien un personnage de roman qui mérite cette appellation, c'est bien Mvelo, a la capacité de dépasser l'horreur dont elle a été victime et de retrouver la paix. Même si l'Apartheid n'est pas vraiment le coeur du sujet, ses conséquences restent indéniablement en toile de fond, l'auteure y démonte cette société sud-africaine totalement fractionnée
J'ai appris beaucoup de choses de ce roman, en plus de l'Afrique du Sud et de ses différentes ethnies, du courage et de la volonté de ces femmes, dotées d'un caractère, et surtout de leur dignité face aux circonstances qui les ont menées en lisière d'une existence qui leur a laissé bien peu de chance de sortir des taudis ou quatre bouts de tôles leur sert d'abri face au reste du monde, de trouver la force de continuer, de célébrer et respecter la vie des leurs au-delà même leur mort. J'ai découvert avec plaisir l'écriture de l'auteure, qui possède un talent de conteuse hors-pair, et a su créer des personnages tellement proches du réel et mettre en place une narration dont sont nées de percutantes images dans mon imaginaire à mesure que je tournais les pages électroniques du livre.
Voilà mon premier coup de coeur de l'année, aussi fort que l'intensité de cette histoire issue des mots qu'aligne l'auteure sud-africaine au cours de ces 200 pages et aussi flamboyant que la couverture du livre, illustrée par la dessinatrice sud-africaine Agrippa M Hlophe, aussi éblouissante que le récit qu'il renferme. Je ne lis jamais de littérature sud-africaine, pour le coup je me suis totalement fiée à l'avis de Belleville Editions, je suis très heureuse d'être sortie de ce que l'on peut appeler ma zone de confort et d'avoir pu découvrir ce poignant mais magnifique roman.
La découverte de ce roman est une belle surprise !
J'ai passé un très bon moment de lecture.
La couverture et le résumé m'ont tout de suite donné envie de le lire
J'ai beaucoup aimé le ton de l'auteure, son écriture est très agréable, simple et fluide, avec une sensibilité bien présente.
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Le lecteur suit Mvelo, personnage central de l'histoire. C'est une jeune fille de 14 ans, combative, se retrouvant seule, après le décès de sa mère, morte du Sida.
Sa vie n'est pas facile et c'est au fil des pages, que l'on va découvrir son histoire familiale.
Le récit se situe en Afrique du Sud, dans des conditions difficiles : la violence, l'insécurité et la pauvreté sont partout.
Une suite d'évènements vont se dérouler dans la vie de la jeune fille…
Son parcours, de la petite enfance jusqu'à ses 16 ans, m'a beaucoup intéressée.
Tout en nous racontant les tumultes de sa vie, le lecteur peut ainsi connaître la destinée des autres personnages importants qui gravitent autour de Mvelo.
J'ai été autant happée par le destin de Zola, de Sipho et de Noceba que celui de Mvelo.
Tous les personnages sont passionnants et attachants !
J'ai aimé suivre l'histoire de ces protagonistes, qui se croisent et s'entremêlent au fil des pages.
Leur chemin semé d'obstacles et la voie qu'ils ont choisi de mener pour s'en sortir en font des êtres poignants.
D'ailleurs, Zola et Mvelo, ne cesseront jamais de se battre pour leur dignité.
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Plusieurs thématiques fortes sont abordées : le sida, le viol, les violences, la pauvreté, le racisme.
Toutefois, c'est un roman interpellant et surtout lumineux, de trois parcours de femmes, Zola, Mvelo, Noceba, luttant pour leur liberté et leur indépendance.
Un roman réussi que je vous invite à découvrir en cette rentrée littéraire.
https://leslecturesdeclaudia.blogspot.com/2021/02/enrage-contre-la-mort-de-la-lumiere.html
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