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Jusqu'en 1945, leurs pères étaient des héros. Après la défaite allemande, ils sont devenus des bourreaux. Eux, ce sont les enfants de Himmler, Göring, Hess, Frank, Bormann, Höss, Speer et Mengele, ces noms synonymes de l'horreur nazie.
Ces petits Allemands ont vécu la seconde guerre mondiale en privilégiés, entourés par des parents affectueux et tout-puissants. Pour eux, la défaite allemande a été un coup de tonnerre. Innocents, inconscients des crimes paternels, ils en ont découvert toute l'étendue. Certains ont condamné, d'autres n'ont cessé de révérer ces hommes honnis par l'humanité entière.
Enfants de nazis retrace l'ascension et le quotidien à la fois fastueux et banal de dignitaires accomplissant chaque jour leur travail de mort avant de s'égayer auprès de leurs familles, installées parfois à portée de vue des camps. Il dépeint ensuite les expériences uniques de ces enfants devenus adultes : la déchéance, la misère, la honte ou le repli.
Quels liens ont-ils entretenu avec leurs pères ? Comment vivre avec un nom à jamais diabolisé par l'histoire ? Quelle part de responsabilité des crimes est-elle transmise aux descendants ?
Comme ces enfants sont toujours hantés par le destin paternel, le passé nazi reste présent à nos mémoires. C'est en ce sens que leur histoire rejoint l'Histoire. Un document passionnant et de troublants portraits de famille.
Belle ouvrage, les portraits sont précis et fluide. Bien que j'ai déjà lu pas mal d'ouvrage sur ce thème celui-ci m'a appris des choses.
Que l'ont soit caler sur le sujet ou pas ce livre est instructif et accessible.
A titre purement personnel j'aurai aimé un chapitre de plus sur Reinhard Heydrich.
Avoir un père nazi, lourd fardeau pour certains, fierté pour d’autres. Parmi ces enfants de nazis, il y a ceux dont l’absence de regrets de leur père est insoutenable, ceux qui ne veulent rien savoir, ceux qui nient les faits, idolâtrent leur père et ont les mêmes idées, ceux qui le haïssent. Ceux qui gardent leur nom, ceux qui en changent...
Un livre intéressant mais dont j’aurai souhaité une partie psychologique plus approfondie sur ce genre de situation.
« Pour le psychologue israëlien Dan Bar-On, les enfants de bourreaux nazis sont également des victimes du nazisme, en ce qu’ils portent en eux une culpabilité qui n’est pas la leur. »
http://www.leslecturesdumouton.com/archives/2016/05/05/33767874.html
Comment vit-on quand on est un enfant d'un bourreau du nazisme ? Est-ce qu'on adhère avec fidélité et pour la mémoire aux idées de son père ou est-ce qu'on rejette ce passé encombrant et honteux ? Se sent-on coupable ? Ce sont à ces questions que Tania Crasnianski tente de répondre dans cet ouvrage publié chez Grasset en suivant la destinée de huit enfants de grands dignitaires nazis : Speer, Göring, Himmler, Franck, Bormann, Höss, Mengele, Hess. De plus, cette juriste pénaliste qui a des origines française, allemande et russe « cherche à comprendre les implications de notre passé dans un monde où nous tentons désespérément d'être sujet ».
Pour chaque portrait, elle rappelle les agissements des parents, leurs destins après la fin de la guerre – arrestation, procès, emprisonnement, suicide, exécution, libération – puis l'héritage laissé aux enfants et ce qu'ils « font » de ce lourd passé.
Certains enfants restent fidèles à leurs pères, épousant leurs idées et défendant farouchement leurs noms. Nous pouvons citer pour exemple Edda Göring ou encore Gudrum Himmler – la Püppi du nazisme : « Toutes deux restent dans l'adoration de leurs pères, nient les crimes de ces derniers et vivent ou ont vécu l'après-guerre à Munich, dans des maisons-musées à la gloire paternelle ».
D'autres condamnent leurs parents tout en ayant chacun des comportements différents face à eux et à leurs héritages. Niklas Franck voue une haine véritable contre son père Hans Franck, le « boucher de Cracovie » et a été bouleversé par ses « visites » au ghetto où sa mère se fournissait en lingerie (les juives étaient réputées pour être les meilleures couturières) et où il croisait les visages graves des enfants de son âge. Rainer Höss, le petit-fils du gardien d'Auschwitz, considéré comme un traite par sa famille, milite contre les mouvements d'extrême-droite dans l'Allemagne d'aujourd'hui. Rolf Mengele désapprouva son père tout en se refusant à le « vendre » aux autorités quand son père est parti en Amérique latine.
Toutes ces attitudes différentes sont liées à l'amour reçu par ses enfants par leurs parents. Tania Crasnianski l'explique d'ailleurs très bien : « Plus il y a proximité affective, plus il est difficile d'avoir le recul nécessaire pour juger, comme si admettre les atrocités commises par l'un de ses parents devait entacher irrémédiablement l'amour filial. Il est difficile de dire : je sais que mon père était un monstre, et je l'aimais. Le chemin qui mène à une telle acceptation est douloureux et semé d'embûches ».
Enfin, l'ouvrage est aussi l'occasion de rappeler qu'il est toujours difficile aujourd'hui de comprendre les mécanismes psychologiques qui ont amené tous ces hauts dignitaires nazis à commettre de telles atrocités avec sang-froid et en maintenant une vie privée, familiale normale. Une chose les relie cependant : la « banalité du mal » qu'a décrite Hannah Arendt, l'absence d'empathie à l'égard des autres.
J'ai trouvé cet ouvrage très intéressant, très bien documenté. Je le conseille.
Il s'agit du premier ouvrage de Tania Crasnianski, née en France d'une mère allemande et d'un père franco-russe. Dans ce récit elle se penche sur le devenir des enfants de huit grands criminels nazis, comment ont-ils pu vivre avec ce lourd héritage, marqués du sceau de l'infamie?
Ce livre dresse le portrait de descendants de huit criminels de guerre : Himmler, Göring, Rudolf Hess, Hans Frank gouverneur général en Pologne, surnommé "le bourreau de la Pologne", Bormann le secrétaire particulier du Führer, Höss le commandant d'Auschwitz, Speer l'architecte d'Hitler surnommé "l'architecte du diable" et Mengele, médecin à Auschwitz. Hitler était le parrain de beaucoup de ces enfants.
Il est impressionnant de voir que ces hommes menaient la plupart du temps une vie de famille normale et pouvaient pour certains se comporter en père modèle. Höss qui vivait avec sa famille à proximité immédiate d'Auschwitz venait lire de la poésie à ses enfants au milieu de sa journée de travail macabre.
Ce sont des dignitaires que les psychiatres trouveront complètement normaux, dénués de fanatisme ou de sadisme à l'exception d'Hess atteint de folie. Tania Crasnianski rappelle que les psychiatres n'ont jamais réussi à déterminer une personnalité propre aux nazis. Ils ont tous en commun l'absence d'empathie et l'incapacité à avoir remords ou regrets.
La plupart seront jugés à Nuremberg, certains comme Himmler et Göring se suicideront avant leur exécution grâce à une providentielle capsule de cyanure, d'autres comme Frank seront exécutés, quant à Hess il sera emprisonné à vie en Angleterre.
A leur tour, les femmes de ces dignitaires nazis seront arrêtées après Nuremberg au cours du processus de dénazification.
Certains enfants, très jeunes à l'époque, ont vécu à l'écart des horreurs du Reich en Bavière, autour du chalet de montagne du Führer, sur le massif de l'Obersalzberg, d'autres ont grandi à proximité des camps. Ils ont découvert la vérité sur le passé criminel de leur père après la défaite allemande. Nés entre 1927 et 1944, les plus âgés ont moins de 18 ans lors de la débâcle.
Plus ils auront reçu d'amour de leurs parents, plus il leur sera difficile de se séparer de leurs parents. Ce sera le cas de Gudrun, la fille d'Himmler et d'Edda la fille de Göring qui vont idéaliser leurs pères et devenir révisionnistes "ils consacrent leur vie à la défense de leurs pères érigés au rang de martyrs". Leur amour filial et des défenses mentales les empêcheront de prendre du recul par rapport à la figure paternelle, elles seront dans la négation des informations qu'elles auront apprises sur les activités de leur père, pour elles le seul responsable est Hitler."Toutes deux restent dans l'adoration de leurs pères, nient les crimes de ces derniers et vivent ou ont vécu l'après-guerre à Munich, dans des maisons-musées à la gloire paternelle". Gudrun Himmler ira même jusqu'à s'impliquer dans des organismes d'aide aux anciens nazis et soutenir l'extrême droite allemande.
De même le fils d'Hess vivra dans l'ombre de son père toute sa vie et consacrera son énergie à obtenir sa libération et à améliorer ses conditions de détention.
Par contre Niklas, le fils d'Hans Frank, gouverneur général de Pologne en charge des ghettos juifs, qui a eu des parents froids et distants, va vouer une véritable haine pour son père, gardant sur lui toute sa vie une photo du cadavre de son père, satisfait qu'il soit mort. Assoiffé de vérité, hanté par la souffrance des juifs qu'il a côtoyés dans son enfance, il ne supporte pas que son père ne reconnaisse pas sa culpabilité et n'ait aucun remords.
Rolf Mengele rendra visite à son père, caché en Amérique Latine, à l'âge de 33 ans pour tenter de comprendre. Son père demeurera à jamais un étranger pour lui et Rolf Mengele éprouvera plus de mépris que de haine pour son père mais il refusera de donner la moindre indication susceptible de provoquer son arrestation.
Certains cacheront leur véritable identité ou en changeront ou iront jusqu’à prendre la décision de ne jamais avoir d'enfants pour ne pas transmettre ce qu'ils considèrent comme une tare familiale. D'autres œuvreront pour la restitution des biens spoliés aux juifs.
Cet ouvrage dans lequel l'auteur analyse le poids passé familial est très documenté et facile à lire. L'auteur ne porte jamais aucun jugement sur ces enfants qui sont aussi des victimes, elle nous montre la diversité des réactions de ces enfants qui aiment et ne condamnent pas, condamnent et haïssent ou ne haïssent pas mais condamnent.
http://leslivresdejoelle.blogspot.fr/2016/04/enfants-de-nazis-de-tania-crasnianski.html
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