"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Le coup de boule de Zidane en finale de la Coupe du monde 2006 ? Un geste prémédité (contrairement à ce qui a été dit) qui confisque la victoire aux Italiens et dévoile le vrai visage de ce match : un duel Zidane/Materazzi.
La folle joie de Platini courant bras levés après un penalty malgré les trente-neuf personnes qui ont trouvé la mort, piégées dans l'effondrement du stade du Heysel ? Il avouera plus tard à Marguerite Duras que c'est ce jour-là qu'il est véritablement devenu un homme, connaissant successivement et dans le même élan sa plus grande joie et sa plus grande honte.
La main de Maradona en quart de finale de la Coupe du monde 1986 ? Il reconnut avoir marqué un but " un peu avec la tête de Maradona " et " un peu avec la main de Dieu ", révélation que Dieu ne démentit pas.
Éric Cantona répondant à l'insulte d'un supporter en lui sautant dessus pied droit en avant tel un as du kung fu ? Par ce coup de sang, " Éric the king " faisait trembler la frontière a priori étanche entre le terrain et le monde réel, comme si un personnage de fiction s'échappait pour se mesurer aux mortels.
Thierry Henry qui, de la main, qualifie la France au mondial 2010 ? Un geste qui pose la question de la fin et des moyens, et du prix du silence au milieu d'un vortex de commentaires tous plus moralisateurs ou cyniques les uns que les autres. Examinant successivement ces cinq cas, Ollivier Pourriol montre que seuls les dieux du stade sont capables de ces " mauvais gestes " là : tellement contre-exemplaires, impensables, qu'ils en deviennent finalement exemplaires. De quoi ? D'une forme de beauté par-delà le bien et le mal, d'une liberté pure et scandaleuse qui nous fascine secrètement, quand bien même nous voudrions les condamner.
Qu'on ne s'y trompe pas : les nouveaux jeux du cirque sont la Coupe du monde de football, et ce que viennent voir ses milliards de téléspectateurs sont moins les beaux gestes que les mauvais.
Dans ce petit recueil de 122 pages, Oliivier Pourriol analyse six mauvais gestes réalisés par six grands joueurs, six scènes de matches de foot restées dans toutes les mémoires :
- le coup de boule de Zidane à Materazzi en finale de la Coupe du Monde 2006
- la main de Dieu de Maradona en quart de finale de la Coupe du Monde 1986
- la main de Thierry Henry en qualification de la Coupe du Monde 2010
- l'agression d'Eric Cantona sur un supporter de Crystal Palace en championnat d'Angleterre 1995,
- le KO de Battiston par Schumacher en demi-finale de la Coupe du Monde 1982,
- la joie de Platini en finale de la Coupe d'Europe 1985, au stade du Heysel
Six gestes, analysés à la lumière des philosophes, de Platon à Sartre et à Camus.
Zidane, pour toujours attaché à ce dernier geste comme Sisyphe à son rocher, Maradona expliquant qu'il a marqué le but "un peu avec la tête, un peu avec la main de Dieu" (et donc laissant entendre que si Dieu n'existe pas, il a utilisé sa main ... mais que si Dieu existe, c'est Dieu qui a marqué !)
Pourriol en appelle même à La Rochefoucauld pour célébrer Maradona, "Il n'appartient qu'aux grands hommes d'avoir de grands défauts"!
Pour Thierry Henry, c'est Sartre et "les mains sales" qui est sollicité, "Ne rien faire, serrer les coudes contre le corps, porter des gants. Moi, j'ai les mains sales. Jusqu'aux coudes. Je les ai plongées dans la merde et dans le sang. Et puis après ? Est-ce que tu t'imagines qu'on peut gouverner innocemment. Thierry Henry était le capitaine de l'équipe !
Cantona est comparé à un Diogène des stades.
Aristote a écrit qu'il y a de la perfection en tout ... Harald Schumacher incarne le parfait salaud.
Et pour la joie de Platini à la fin de la rencontre du Heysel, ce sont Gilles Deleuze et Primo Levi qui sont appelés à commenter ...
Bref un essai philosophique passionnant sur le football, et ses grandes dates des quarante dernières années !
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