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Elle venait de Marioupol ; à la recherche d'une famille perdue en Union soviétique

Couverture du livre « Elle venait de Marioupol ; à la recherche d'une famille perdue en Union soviétique » de Natascha Wodin aux éditions Metailie
  • Date de parution :
  • Editeur : Metailie
  • EAN : 9791022610704
  • Série : (-)
  • Support : Papier
Résumé:

À l'ouverture des archives de l'Union soviétique, Natascha Wodin, obsédée par le souvenir de sa mère qui s'est suicidée à 40 ans, entame des recherches pour reconstituer son histoire. Déportée d'Ukraine au cours de la Seconde Guerre mondiale, sa mère a été envoyée dans un camp de travail en... Voir plus

À l'ouverture des archives de l'Union soviétique, Natascha Wodin, obsédée par le souvenir de sa mère qui s'est suicidée à 40 ans, entame des recherches pour reconstituer son histoire. Déportée d'Ukraine au cours de la Seconde Guerre mondiale, sa mère a été envoyée dans un camp de travail en Allemagne, pays où ses parents ont ensuite été contraints de rester sous peine d'être traités comme des collaborateurs du nazisme s'ils étaient retournés dans leur pays d'origine, sort rencontré par plus de 20 millions de personnes - non juives - exploitées comme esclaves par l'industrie et l'agriculture allemandes.
Le récit suit le rythme des recherches de l'auteur et leurs difficultés. Il y a les fausses pistes, la lenteur administrative des services concernés en Ukraine et en Russie, les témoins disparus ou survivants, ceux qui ne savent pas mais sont prêts à inventer... L'auteur finit par reconstituer non seulement l'histoire de sa mère, mais aussi celle d'une famille entière sur tout un siècle. Les événements historiques sont présents, mais, dit-elle : « Je ne les raconte que s'ils avaient un rôle dans le destin de ma mère. Pour moi la littérature se trouve surtout dans les béances du destin, ces béances renferment le secret qui est à la fois l'objet de mon écriture et ce qui me fascine en elle. Le secret est la terre nourricière de la littérature. »

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Avis (3)

  • Si vous avez ce livre entre les mains, un conseil, munissez vous d'une carte de l'Europe élargie à l'ex URSS, vous allez en avoir besoin !
    Il vous faut également du papier, un crayon et votre livre d'histoire du XXeme siècle ; vous allez parcourir ces 100 ans et cocher malheureusement, toutes...
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    Si vous avez ce livre entre les mains, un conseil, munissez vous d'une carte de l'Europe élargie à l'ex URSS, vous allez en avoir besoin !
    Il vous faut également du papier, un crayon et votre livre d'histoire du XXeme siècle ; vous allez parcourir ces 100 ans et cocher malheureusement, toutes les catastrophes humanitaires qui se sont déroulées. Les deux guerres mondiales, la révolution russe, la montée du nazisme, l'après guerre en URSS et en Allemagne de l'Est, bref, toutes les horreurs en trois générations.
    Si la lecture est éprouvante, impossible d’imaginer ce que fut la vie de ces familles !
    L'auteure, vivant en Allemagne seule, sans famille, part à la recherche des racines familiales maternelles dont elle a peu de traces, sauf quelques souvenirs, images ou sons, venus de nulle part, semble -t-il !
    Sa mère Evguenia, s'est suicidée alors qu'elle avait 11 ans, en se jetant dans la rivière en bas de chez eux. Suicide longuement préparé et annoncé. La petite fille devenue adulte cherche à en savoir davantage sur sa mère et elle va découvrir une famille aux origines politiquement et financièrement très diverses, mais au destin commun.. éclatée, détruite par les deux guerres.
    Grâce à internet qui va la mettre en relation avec Konstantin, généalogiste fanatique, spécialisé dans les recherches des Grecs de Marioupol, l'auteure va découvrir cette ville sur la mer d'Azov, ville italienne, grecque, russe, ukrainienne et cosmopolite s'il en est, puis petit à petit, lentement au gré des recherches administratives, l'arbre généalogique va s'étendre , elle va voir et discuter avec des cousins , retracer le chemin de ses parents de Marioupol à Nuremberg et souffrir avec eux les horreurs du rejet, de la mise de coté des travailleurs forcés ukrainiens par les allemands, par les soviétiques, obligés de rester dans un pays dont ils ne parlent pas la langue ni ne comprennent les usages.
    Retracer pour comprendre, comprendre pour pardonner, où en est l'auteure en ce moment ?
    Nous, ses lecteurs, avons fait un voyage en enfer, mais nous en sortons grandis par la connaissance de faits méconnus de la majorité d'entre nous.

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  • Après maints essais infructueux, par habitude, l’autrice pianote sur l’internet russe le nom de sa mère, non pas parce qu’elle en a perdu la trace, mais pour connaître son passé. Là, pour la première fois, elle peut lire « Ivachtchenki, Evguénia Iakovlevna, née en 1920, à Marioupol ». « En...
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    Après maints essais infructueux, par habitude, l’autrice pianote sur l’internet russe le nom de sa mère, non pas parce qu’elle en a perdu la trace, mais pour connaître son passé. Là, pour la première fois, elle peut lire « Ivachtchenki, Evguénia Iakovlevna, née en 1920, à Marioupol ». « En cherchant ma mère, je n’avais jamais eu l’idée de me renseigner sur la ville dont elle était originaire, Marioupol » Sa mère est née dans le sud, cela lui paraît surréaliste « Pour la première fois depuis sa mort, ma mère devenait une personne extérieure à moi ». Ainsi, elle avait vécu la vie d’une petite fille de la noblesse locale « Une jeune fille qui n’avait pas grandi dans l’endroit le plus froid et le plus sombre du monde mais près de la Crimée, au bord d’une mer chaude du Sud…. Rien ne me semblait plus inconciliable que ma mère et le Sud, ma mère et le soleil et la mer ».
    « L’inconnu ancien s’était transformé en un inconnu nouveau ».
    Konstantine, qui anime le site « Azov’s Greeks, va l’aider en fouillant dans les archives de Marioupol et ailleurs, tenter de retrouver des traces de sa famille.

    Natascha Wodin raconte ses recherches, la découverte de cousins et, surtout, la photo de son arrière-grand-mère « je me suis reconnue sur une photo de Marioupol qui avait plus de cent ans. Je ressemblais comme deux gouttes d’eau à mon arrière-grand-mère, même sa façon d’appuyer un coude sur le dossier du canapé et de tenir l’autre sur les genoux, je la connaissais chez moi ».
    Elle découvre la vie de ses ancêtres et en tombe des nues. Elle vient d’une famille très aisée, noble, des italiens venus s’installer à Marioupol pour y faire fortune. Cette dynastie est totalement anéantie par l’arrivée du communisme, puis de Staline.
    La seconde guerre n’est pas plus clémente. Les nazis occupent la ville et déportent des milliers de bras ukrainiens pour faire marcher l’économie de guerre allemande. Sa mère fait partie de ces personnes et découvre l’enfer des camps. La seule différence avec les camps réservés aux juifs, tziganes, homosexuels, c’est qu’il n’y avait pas de chambre à gaz.
    « Dans les camps, le typhus et la dysenterie font rage. Les ouvriers qui tombent malades sont envoyés dans le baraquement bondé des malades, où ils reçoivent une aide médicale minimale. Au début, on renvoyait encore les malades dans leurs pays d’origine, maintenant on ne se donne plus cette peine. Si les malades ne guérissent pas suffisamment vite, ils risquent l’attestation d’incapacité permanente de travail presque toujours une condamnation à mort. Le patient n’est plus soigné, cela priverait le peuple allemand de trop de médicaments dont il a un besoin urgent. Il est abandonné à lui-même, ne reçoit que de soi-disant aliments diététiques et il meurt très vite la plupart du temps. »
    Une fois la guerre terminée, les ukrainiens n’ont jamais pu retourner en Ukraine car ils étaient considérés, par Staline, comme traites à leur patrie. Oui, eux que l’on a considéré pire que des animaux, traités comme des serfs sont traîtres à l’URSS, ils auraient dû mourir. Beaucoup se sont vus refusés le visa pour les USA et sont restés en Allemagne, Nuremberg, pour la famille de Natascha, c’est d’ailleurs là qu’elle est née.
    N’allez pas croire que le bonheur arrive, non, pas de place pour eux, sous-race, ils sont rejetés et la famille trouve un abri dans un entrepôt, qu’un allemand leur laisse occuper.
    Dénoncés, ils ont intégré une sorte de quartier-ghetto où sont ceux qui ne peuvent plus repartir chez eux. Natascha connaît, au sein de son école, le racisme ordinaire des laissez-pour-compte, même de la part des enseignants.
    Le livre raconte l’éclatement de la famille en plusieurs points de l’URSS et, derrière la vitrine lisse de l’union soviétique, les drames politiques et humains qui ont découlé du totalitarisme.
    Certaines personnes ne connaissent que le malheur, le rejet, aucun rayon de soleil pour réchauffer leur pauvre vie. Dans ces conditions, pas facile d’être une bonne mère, une bonne épouse, d’aimer la vie. La mère de Natascha s’est jetée dans le fleuve alors que la gamine n’avait que 11 ans, lassée de cette vie.

    Avec l’aide précieuse de Konstantine, Natascha va découvrir des survivants, des cousins ou petits-cousins, une famille à laquelle elle ne pensait pas
    A travers ce qu’ont vécu sa mère et sa famille, l’autrice montre les dévastes causés par la folie humaine, la soif de pouvoir absolu, l’idéalisme poussé à son paroxysme.
    Une lecture prenante, âpre, quelque fois dure, le soleil n’entre jamais dans les mots. Si elle a pu reconstituer la vie de sa tante, de sa grand-mère, elle n’a pu qu’imaginer, avec les souvenirs qui reviennent (elle ne pensait pas en avoir autant), les récits qu’elle a pu glaner sur Internet, le trajet de sa mère
    Un bel hommage à une mère “broyée par deux dictatures”

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  • Quand j’ai attaqué ce récit autobiographique, je ne savais absolument pas qui était Natascha Wodin, traductrice et auteure allemande, d’origine ukrainienne. Je suis, apparemment, passée au travers de son roman qui pourtant ont tout pour (me) plaire, intitulé La ville de Verre. Ce récit-là,...
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    Quand j’ai attaqué ce récit autobiographique, je ne savais absolument pas qui était Natascha Wodin, traductrice et auteure allemande, d’origine ukrainienne. Je suis, apparemment, passée au travers de son roman qui pourtant ont tout pour (me) plaire, intitulé La ville de Verre. Ce récit-là, Netgalley m’a par chance accordé l’opportunité de le lire. J’ai passé grâce à lui quelques heures passionnantes à la découverte de la vie de l’auteure, de sa famille et de sa mère, Evguenia Iakovlevna Ivachtchenko, dont le portrait orne la première de couverture. C’est d’abord l’histoire de ses parents, travailleurs ukrainiens déportés en Allemagne de l’Est, le passé de cette mère exilée qui s’est donnée la mort alors que la jeune fille n’avait que onze ans, l’histoire de cette famille, qui est tout sauf ordinaire, qui a fini par s’éparpiller sur tout le territoire soviétique et au-delà. Plus que ces individualités, c’est l’universalité de destins qui ont été broyés à la fois par la révolution bolchevique, par le régime de Staline et par le national-socialisme. Ils sont de ceux à qui la vie n’épargne rien et qui n’en voient que le pire.

    Allemande russophone d’origine ukrainienne, l’auteure est tenaillée par la méconnaissance de ses origines, ukrainienne, mais aussi italienne, à travers l’histoire d’un pays et d’une ville, Marioupol. Le lecteur de ces lignes vit donc avec elle la découverte d’une vérité bien plus profonde et nébuleuse que celle à laquelle elle s’attendait. Etrange labyrinthe, qui l’emmène bien plus loin qu’elle s’attendait, jusqu’aux confins de la Chine. Complexité à l’image de l’époque et du territoire soviétique, dont elle démêle patiemment les fils, accompagné à chaque découverte de l’étonnement qui est le sien à la découverte que sa mémoire d’enfant a retenu plus de choses qu’elle ne le pensait. Vous le devinez, c’est un récit qui m’a enthousiasmée, une vie, une histoire, des personnalités, une famille que j’ai appris à connaître, avec Natascha Wodin, une page d’histoire empoignante, tragique, qui se dévoile peu à peu sous nos yeux. Avec toute l’émotion d’assister à la décomposition progressive de sa famille. C’est un de ces livres qui donnerait envie d’en parler pendant des pages, ou en tout cas, qui va rester longtemps dans ma mémoire de lectrice.

    Natascha Wodin rappelle fort à propos que si le grand livre de la Grande Guerre Patriotique a justement laissé beaucoup de place à la Shoah, il a largement sous-estimé ce que ces travailleurs forcés ont vécu: ces slaves traités ni plus ni moins que comme une main d’œuvre corvéable à merci, parqués dans des camps, au service d’entreprises allemandes, sous-hommes nourris à coups de quignons de pain rassis. Mais plus que tout, c’est le traumatisme provoqué par cet exil forcé puis par la mort violente, et volontaire, de sa mère. Reconstituer, Comprendre, avancer. Au-delà de son rapport intime que l’auteure a avec le sujet qu’elle traite, c’est un pan de l’histoire traité sous le prisme d’une famille. Ce qu’elle fait admirablement bien.

    Au milieu de tout ça, il y a Konstantine, ce curieux personnage, ce passionné de généalogie qui a creusé, pour elle, Internet autant que possible afin de retrouver la trace de ses aïeux oubliés. Un homme étrange à la recherche d’une verité, celles d’autres, une obsession de la mise à jour qui frôle le compulsif.

    Planter un décor, Marioupol, une ambiance, le stalinisme, c’est avec une attention constante que la lectrice que j’ai été a découvert à l’unisson avec l’auteur cette partie de l’Ukraine, du temps soviétique, vus et racontés à travers mille témoignages, mais pourtant, encre inconnu, tellement nouveau. Découvrir l’histoire de Marioupol la multiculturelle au bord de la mer d’Azov, cette ville offerte aux grecs sous le règne de la Grande Catherine, Marioypoli. Mais il y a aussi de ces lieux d’horreur qui hantent la mémoire soviétique, qui, peu importe ou l’on pose le regard, sont là, invariablement. Je parle des iles Solovki. Mais pas seulement. Le camps de travail soviétiques en Carélie russe la Medvéjia Gora et allemands.

    C’est un récit que je pourrais lire plusieurs fois de suite assurément. La somme d’information est telle que l’on peut parfois se perdre dans cet arbre généalogique plutôt alambiqué et il est facile de se perdre parmi les arrières grands-pères, grand-mères, tantes et oncles qui composent cette lignée. Natascha Wodin esquisse-là une belle tentative d’approche pour mieux cerner, comprendre le tableau familial, la hauteur et la densité, parfois les incohérences, de cet arbre généalogique, à travers l’image de ces parents profondément antisoviétiques, dont certains membres ont pourtant travaillé pour le parti. Comprendre une famille, comprendre le mouvement sous-jacents qui l’ont traversée, qui l’ont influencée. Comprendre son héritage. L’auteure a reconstitué avec talent l’histoire familiale, cette fresque qui nous emmène de la révolution à l’Allemagne, c’est non seulement un témoignage unique, précieux, même si l’horreur de ce qu’a vécu sa mère ne peut convenablement pas trouver de qualificatifs appréciatifs. C’est une reconstitution sur une famille que la révolution russe a démoli, dispersé, achevée par le régime Stalinien, sur ces femmes maudites, sur sa mère qui est allée au bout d’elle-même. Natascha Wodin a fini par comprendre l’histoire de sa mère, qu’elle met à l’honneur à travers son récit. Récit qui est, je crois, le plus bel hommage qu’elle pouvait rendre à cette femme, à l’évidence, maltraitée par la vie, son pays et son mari.

    Cette lecture a été un véritable coup de cœur pour moi, il brasse tellement de destinées improbables, de pages d’histoire, de lieux presque mythiques, Marioupol, Odessa, etc. de rencontres improbables qui ont donné lieu à toute une famille, elle brasse une telle somme de souffrances, d’injustices, qu’on ne peut lâcher ce récit, et que même la fin survient trop tôt. On en redemande. Et il faut en effet consulter Internet pour savoir ce qu’est devenue après la mort de la mère Natascha Wodin. Magnifique travail de reconstitution par cette fille qui a tenté de retrouver une mère, perdue trop tôt, derrière les dernières images de tristesse et de désespoir qu’elle lui a laissées.

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