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Ecce homo : «Voici l'homme.» Parole prononcée par Pilate quand il présente à la foule celui qu'elle réclame afin de le juger et de le mettre à mort : Jésus de Nazareth. Reprenant cette phrase, déclarant qu'il n'est qu'un homme, Nietzsche se met à la place de Jésus, c'est-à-dire à la place d'un fondateur de religion, d'un prophète ouvrant une nouvelle ère pour l'humanité. Mais, puisqu'il n'entend pas passer pour Dieu ni pour le roi des Juifs, il soutient qu'il est moins un Messie qu'un homme proposant à l'humanité de nouvelles valeurs, lesquelles doivent se substituer à celles, bi-millénaires, du christianisme : après Jésus et contre la «morale chrétienne», proposer un «cinquième évangile». Dans cette fausse autobiographie, ce traité de non-morale, ce récit apocryphe, la dernière oeuvre avant son effondrement dans la folie, Nietzsche se fait délibérément parodique, insolent, scandaleux et philosophiquement attentatoire. Mais, au-delà du blasphème, et par-dessus les relents pathologiques de la «morale chrétienne», il laisse surtout à ceux qui viendront après lui un hymne véritable à la valeur suprême : la belle humeur.
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