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Obligée autrefois de fuir l'Irlande et les siens avec son fiancé pour de mystérieuses raisons, Lilly Bere, à quatre-vingt-neuf ans, revit le chemin parcouru depuis son arrivée dans le Nouveau Monde - le "côté de Canaan" - au rythme des hommes de sa vie. D'une traversée clandestine à leur installation précaire à Chicago, le jeune couple n'aspire qu'à une vie normale. Mais c'est sans compter avec la menace sourde qui pèse sur eux, et qui va pousser Lilly, désormais seule au monde, à s'enfuir à Cleveland. Devenue employée de maison grâce à son amie Cassie, elle y est témoin des injustices et du racisme de la société américaine. Quand elle rencontre le séduisant et énigmatique Joe, elle croit enfin toucher le bonheur du doigt - jusqu'à une explosion pendant laquelle Joe disparaît... Ce n'est là qu'un des nombreux mystères de la vie de Lilly, racontée comme un thriller, et imprégnée d'une infinie douceur.
« Bill n’est plus. Quel bruit fait le coeur d’une femme de quatre-vingt neuf ans quand il se brise ? Sans doute guère plus qu’un silence, certainement à peine plus qu’un petit bruit ténu …..un coeur de quatre-vingt neuf ans, réduit en miettes par le chagrin : le petit bruit ténu d’une coquille écrasée ». Ainsi commence DU COTE DE CANAAN
Bill, c’est le petit-fils de Lily, qu’on a trouvé pendu, à 22ans. Bill, qu’on avait confié à 2 ans à sa grand-mère Lilly qui en avait 70, avec lequel elle a vécu des années de paisible complicité jusqu’à ce départ pour « la guerre du désert » (c’est ainsi que Lilly désigne la guerre du Golfe) dont il est revenu défait, anéanti . Cette mort vient juste après celle de M.Nolan, le vieil ami de Lilly, celui qui avait été comme une figure paternelle pour le jeune Bill.
Lilly a décidé de mettre fin à sa vie, maintenant qu’elle se sent « une intruse dans le festin de la vie » Elle se donne environ 2 semaines avant de se donner la mort pour expliquer les raisons de sa décision, pour « justifier son désespoir. Sur la table en formica rouge de sa modeste cuisine , sur un cahier , pendant 17 jours, elle entreprend de rédiger le récit de sa vie « tandis que je suis assise ici, une vieille femme, une relique, une relique reconnaissante même, pour ce qui m'a été donné, sinon pour ce qui m'a été ôté, mon cœur flétri se souvient ». Elle en a des choses à raconter ! « J’ai eu assez d’histoires pour toute une vie » Une vie qui parcourt tout le 20 siècle, de l'Irlande où elle est née, jusqu'aux Etats Unis, terre d’asile où elle a du fuir pour échapper aux troubles intérieurs qui divisaient sa terre natale. Une vie modeste, d’employée dans des familles bourgeoises, de cuisinière consciencieuse et appréciée « le plaisir d’un plat bien cuisiné,….comme si je venais d’achever le Parthénon . »,
Le roman se présente comme sa confession en 17 chapitres, un par jour . Du « Premier jour sans Bill » , jusqu’au « 17e jour sans Bill ». Les chapitres sont tous titrés par cette information qui sonne comme un compte à rebours avant de se présenter sereinement « en avance aux portes du paradis »
La vie de Lilly est une succession de départs, de disparitions, de déceptions, de solitude, de bonheurs aussi parfois , grâce à la rencontre de quelques bons samaritains qui lui prêtent secours ou qui colorent et adoucissent sa vie.
N’est-ce pas bien romanesque ? ,me direz-vous …. Mais cette matière qui pourrait faire sombrer le récit dans le roman-feuilleton est sauvé de la médiocrité par la délicatesse de l’écriture et par l'aura qui se dégage du petit bout de femme discrète et vaillante qu'est Lilly, qui rebondit sans cesse, que chaque épreuve grandit, qui observe les autres avec indulgence et reste maîtresse de son destin jusqu'à décider du moment de sa mort.
Sebastien Barry a créé un beau personnage attachant, avec lequel on tombe en empathie , comme ceux qu'elle rencontre . Il a su traduire la sensibilité d'une vieille dame, ses plaisirs modestes, sa perception de la nature empreinte d’une réelle poésie .
Un roman plein d’émotion, sans mièvrerie ni pathos. Une belle leçon de vie !
J'espère que Valentyne, La jument verte de Val, maintenant primée à Lyon, encore toutes mes félicitations, aura toujours le temps de lire en commun avec moi. Aujourd'hui nous revenons tous deux de Canaan et d'Irlande avec le bien beau roman de Sebastian Barry, sur la partance Irlande-Amérique un peu certes, mais bien plus sur la vie d'une femme que les graves dissensions, le mot est faible, dans l'Irlande des années vingt, ont conduite à l'exil avec son fiancé. En effet Du côté de Canaan raconte une femme, Lilly Bere, dont on fait la connaissance lors qu'elle a 89 ans et que son petit-fils vient de mourir. La construction du roman m'a beaucoup plu, entremêlant sa vie, brève, avec Tadg qui n'avait pas choisi le bon camp, celui de l'IRA, avant la traversée clandestine et Chicago, des souvenirs de son frère Willie qui combattit en Picardie (voir Un long long chemin, Beau roman de boue ), et des épisodes plus récents de sa vie à Cleveland, Ohio.
C'est que déjà son père, policier à Dublin, n'était pas vraiment du côté que l'Histoire aura retenu. Et que dire des guerres qui lui enlèveront son frère dans la Somme et plus indirectement son fils des suites du Vietnam et son petit-fils de celles du Golfe. Ainsi les choses se répètent dans la vie de Lilly Bere et passent les hommes, passent les années dans cette Amérique qui exclut souvent tout autant que la vieille Erin là-bas à l'Est. Mais la Lilly Bere vieille dame sur le départ, tout comme la jeune émigrée confrontée à la vengeance et au mépris qu'elle fut jadis, aura doucement changé les choses, sans bruit, sans extravagance, sans grandes théories féministes, par sa simple disponibilité envers de plus modestes encore qu'elles, Cassie, sa meilleure amie, noire, par exemple. Autour d'elles les hommes auront fait ce qu'ils auront pu, tant d'erreurs, parfois suivies de rédemptions comme Nolan le jardinier ou Eugenides le vieux marchand grec.Tous de très beaux personnages.
Nous pensions agir pour le bien de l'Irlande.
Les Italiens partirent, Mike Scopello parmi les premiers, bien que leur pays fut de l'autre côté. Les Irlandais y partirent, bien que l'Angleterre fut du même côté.
Deux citations pour un livre dont il faudrait tout retenir. Mon Irlande littéraire se porte bien et là au moins du côté de Wicklow, le nouvelles sont bonnes. Quelque chose me dit que ma co-listière Valentyne partagera mon sentiment mais là je m'avance un peu. Par ailleurs mon vieil ami Yvon est aussi un ardent défenseur de ce beau roman BARRY Sebastian / Du côté de Canaan.
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