Salé ou sucré, en le dégustant au fil des recettes bous retrouverez un peu du maquis qui l'a nourri : « Qui ne l'a pas goûté ne connaît pas l'île » disait déjà Emile Bergerat au XIXe siècle.
Entrer dans une pâtisserie du continent et acheter un fiadone au brocciu, comme cela devient possible aujourd'hui, c'est un peu, pour moi, rentrer à la maison, dans mon village, en Corse. Dans ce gâteau délicat où l'excès de sucre altère trop souvent la fine saveur du brocciu, je retrouve malgré les maladresses du pâtissier, les parfums de mon enfance. Celui des dimanches de printemps quand, affamée, au sortit de la messe, je suivais discrètement ma grand-mère à l'écart de la famille rassemblée. D'un placard, elle tirait une assiette sur laquelle étaient disposés les petits carrés dorés du fiadone dominical, mis de côté pour moi. Apres cette dégustation clandestine, je pouvais tranquillement attendre la suite des réjouissances, nul ne se serait hasardé à braver son autorité d'aïeule pour lui reprocher ensuite mon manque d'appétit. Ce plaisir enfantin, je l'ai fait partager à mon mari. Ma mère ayant repris le flambeau, ce Parisien bon teint n'hésitait pas à contester la quantité de sucre ou de citron du gâteau et ces joutes mémorables réjouissaient les enfants pris pour arbitres lors de dégustations improvisées et festives.
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