"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Je détecte sa présence avant de le voir, je le devine avant même qu'il ne se penche au-dessus de moi. Je reconnais tout de suite son odeur. Soudain, je sens tout le poids de son corps sur le mien, son poignet sur ma gorge qui bloque ma respiration, qui étouffe mes cris. " Dis-moi que tu m'aimes ", ordonne-t-il en mettant le feu à ma chair.
Une nuit, planquée dans un buisson à espionner un suspect, la détective privée Bailey se fait surprendre par un inconnu qui la viole, en lui susurrant ces paroles glaçantes : " Dis-moi que tu m'aimes. " Commence alors pour la jeune femme une longue descente aux enfers. Elle ne dort plus, fait toujours le même cauchemar, se lave frénétiquement plusieurs fois par jour, traque le moindre bruit. Et revit la scène encore et encore... Qui est son violeur ? Le voisin bizarre qu'elle épie toute la journée à travers ses jumelles ? Son ex avec lequel la rupture fut extrêmement violente ? Chaque passant ressemblant de près ou de loin à la silhouette de son agresseur devient suspect numéro un...
Entre rêves, hallucinations et réalité, le lecteur vacille avec Bailey, suivant chacun de ses pas, le coeur battant.
Un thriller paranoïaque et voyeuriste dans la veine de Fenêtre sur cour d'Alfred Hitchcock
Joy Fielding nous livre enfin son nouveau roman, après une absence inhabituelle de sa part. Son héroïne se prénomme Bailey, et comme d’habitude avec Fielding, elle est jeune, jolie et plutôt friquée, le haut du panier de la middle class américaine. Je serais bien qu’elle change un peu de registre, un jour… Détective privée pour le compte d’un cabinet d’avocat de Miami, Bailey est violée par un inconnu, un soir, alors qu’elle était en planque dans un quartier résidentiel. Une fois rentrée de l’hôpital, incapable d’identifier son agresseur et d’aider la police à le retrouver, Bailey est tellement traumatisée qu’elle ne fait que dormir (et cauchemarder), enfermée chez elle. Elle ne sort plus, ne mange plus, se lave frénétiquement et soupçonne tous les hommes qu’elle connait (ou qu’elle aperçoit de sa fenêtre) d’être son violeur. La folie la guette et elle commence à avoir des hallucinations. La psychologie féminine est quelque chose que Joy Fielding a toujours très bien rendu, et dans « Dis-moi que tu m’aimes », la fragilité post traumatique de Bailey sonne douloureusement vrai. La lecture du roman n’est paradoxalement pas plombée par cette dépression terrifiante dans laquelle la jeune femme est tombée car très vite, sa sœur Claire et sa nièce délurée Jade viennent à son secours pour essayer de la sortir de l’ornière. Mais lorsque Bailey commence à sortir de son appartement, l’intrigue psychologique laisse la place à l’intrigue policière : qui a violé Bailey (la saura ton avant la page finale seulement ???) ? Ce voisin étrange qu’elle observe de sa fenêtre est il un homme dangereux ? Bailey est –elle folle ou bien victime d’une machination compliquée et malsaine ? L’intrigue fonctionne, je n’ai pas trop vu venir la double révélation finale. Le style est fluide, on cerne bien les personnages, ils sont plutôt bien croqués, un peu complexes mais pas trop, finalement crédibles parce que personne n’est tout blanc ou tout noir. Quant à Bailey elle-même, comment ne pas sentir concerné et attaché à cette femme forte et indépendante subitement cassée en deux par un viol ? Au passage, Fielding égratigne mine de rien la TV américaine et sa tendance trash, au travers du personnage de Jade, accro à la TV réalité bien médiocre, et c’est plutôt bien vu. « Dis-moi que tu m’aimes » (je ne suis pas fan du titre, en revanche) est un thriller réussi, sérieux et appliquée sur un sujet délicat (le viol et ses conséquences psychologiques) sans voyeurisme ni complaisance. Rien que pour ça, il vaut le coup d’être lu.
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