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« J'apprends la mort de mes amis comme d'autres découvrent que leur billet de loterie n'est toujours pas gagnant. Cette semaine, j'ai encore perdu un Hervé, et statistiquement, c'était prévisible puisque tous mes amis s'appellent Hervé et sont, pour la plupart, séropositifs. La mort à coups de statistiques ne me délivre de rien. Surtout pas de l'imprévu de la mort. Je ne m'habitue pas à la mort. Je ne la vois jamais venir. ».
Catherine, la narratrice, collectionne les deuils : amis chers, voisins honnis, suicidés, accidentés de la route, malades du sida, victimes d'attentat ou de catastrophe aérienne tournoient ici dans une stupéfiante danse macabre. Occupée à dénombrer ses morts - qui tous répondent au prénom d'Hervé -, la jeune femme traverse avec une énergie féroce les vicissitudes et la médiocrité du monde des bien portants. Tout de noir vêtue, escortée de ses Hervé disparus, elle crie sa rage, dit sa révolte, et semble conjurer le sort.
Percutant, drôle, méchant, ce premier roman a révélé, dès sa parution à Montréal en 2000, le formidable tempérament d'une écrivaine dont la force narrative ne s'est jamais démentie.
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