Le propos du présent ouvrage est de dégager la contribution proprement cartésienne à l'esthétique, au-delà du malentendu qui a permis d'annexer Descartes à la tradition académique du " classicisme français ". Il s'agit donc de repartir du texte cartésien pour y saisir le statut de la dimension esthétique. Le lecteur trouvera ici non seulement un inventaire des éléments du corpus cartésien qui concernent l'esthétique et les arts, mais aussi une reconstitution de la démarche cartésienne en ce domaine. Trajet qui, à partir de l'exploration de la " science des miracles ", dégage une théorie des illusions, des forces et de l'artifice technique et aboutit à un examen du lien entre mécanisme et affectivité, puis à la théorie des passions - de l'admiration à la " générosité ". Ainsi apparaît ce monde sans profondeur de l'étendue cartésienne qui libère les formes sensibles de tout enracinement, puisque l'esprit, seule force vive dans un univers inerte, est l'unique source d'oeuvres qui manifestent sa puissance d'invention. Ce lien entre " l'art d'émerveiller " et le rationalisme permet d'impliquer le cartésianisme dans la modernité esthétique : en contraste d'un classicisme de l'ordre et de la mesure, se dégage une esthétique de la liberté. L'enjeu de la présente étude est de restituer au cartésianisme, par l'enquête précise sur la lettre des textes, sa potentialité esthétique.
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