Les romans indispensables de cette rentrée littéraire de janvier 2018
Theo Kornfeld a vingt ans lorsqu'il quitte le camp de concentration que ses gardiens viennent d'abandonner à l'approche des Russes. Il n'a qu'un seul but : retrouver la maison familiale.
Errant sur les chemins, blessés au plus profond d'eux-mêmes, les déportés qu'il croise lui rappellent l'horreur à laquelle il a survécu, tandis que d'autres figures émergent de son passé. Celle de sa mère, Yetty, une femme à la beauté exceptionnelle, au caractère fantasque, qui aimait les églises, les monastères et l'oeuvre de Bach. Celle de Martin, un père trop discret que Theo va apprendre à mieux connaître à travers une autre rencontre.
Des jours d'une stupéfiante clarté raconte son voyage à travers les paysages d'Europe Centrale baignés de lumière. Chaque pas, chaque être croisé, suscite en Théo d'innombrables questions. Comment vivre après la catastrophe ? Comment concilier passé et présent, solitude et solidarité ?
Comment retrouver sa part d'humanité ?
Par-delà le fracas de l'Histoire, ce livre admirable est le récit d'une résurrection.
Les romans indispensables de cette rentrée littéraire de janvier 2018
Théo quitte le camp de concentration n° 8 et n'a qu'une hâte ; rentrer chez lui et retrouver, espère t-il, son père, sa mère et sa tante.
Il erre à pied, fait des rencontres, culpabilise d'avoir quitté les autres rescapés et a de nombreux flash-back sur son enfance.
Il est surtout question de la bipolarité de sa mère et de la solitude de son père.
La difficulté des déportés à mettre des mots sur l'horreur qu'ils ont vécu est abordée.
C'est très bien écrit mais ce petit roman connaît beaucoup trop de longueurs et mon esprit a souvent divagué pendant la marche de Théo.
A la fin de la guerre, Théo quitte un camp de concentration abandonné par les nazis, pour retourner chez lui, à la maison. Son espoir, retrouver sa mère, enfermée dans un asile psychiatrique avant-guerre. Sa route est solitaire, il est entouré de paysages désolés, les survivants règlent leur compte aux collabos…
Pour survivre, il se réfugie dans des bulles de passé, retrouvant sa mère, une femme très belle et fantasque qui trouvait son bonheur en admirant des icônes dans les monastères, qui plaçait Bach au-dessus de toutes ses joies. Son père, libraire, correspondait, lui, au profil de l’intelligentzia juive d’avant-guerre.
En chemin, Théo s’installe dans la cabane vide d’anciens gardiens. Il y reprend son souffle, peut dormir, manger, y accueillir Madeleine. Ca et là sur son chemin, il croise des personnages bienveillants, se délectant de café chaud symbolisant ici tout ce qui n’est pas les camps, reprenant la route inlassablement.
Ce dernier roman du grand écrivain israélien, Aharon Appelfeld, est paru quelques semaines après sa mort. C’est un texte court, étrangement lumineux, évoquant le retour à la vie après l’horreur. Aharon Appelfeld ou l’écriture comme une épure.
Des jours d’une stupéfiante clarté, Aharon Appelfeld, traduit de l’hébreu par Valérie Zénatti, Editions de l’Olivier
Après la libération des camps, Theo Kornfeld, âgé de vingt ans, part sur les routes, seul, sans ses compagnons de déportation. Il a passé deux ans et demi dans le camp numéro 8, a vu mourir la plupart des hommes de son baraquement. Il doit la vie à ceux qui l'ont aidé tandis qu'il avait contracté le typhus. Maintenant, il rentre chez lui, à Sternberg, en Autriche. Il doit marcher, veiller à ne pas se perdre, ne pas revenir sur ses pas. Il plante des piquets çà et là pour en être certain. Il admire le paysage éblouissant qui s'offre à lui, s'arrête pour une contemplation volée à cette course contre la montre. « L'immense plaine s'étendait dans toute sa splendeur verte. Les ombres des bouleaux frémissaient sur le sol en silence. Une douce lumière de fin d'après-midi régnait, tel un cocon dans lequel l'on pouvait se blottir. » Sur le chemin, où errent de nombreux déportés, il ne cesse de faire des rencontres, notamment celle de Madeleine, survivante de la Shoah elle aussi, qui fut secrètement amoureuse de Martin, le père de Theo. C'est auprès de cette femme qu'il connaîtra peut-être un peu mieux ce père libraire si mystérieux.
D'autres déportés trouvent un sens à leur vie en distribuant du café et des sandwichs à ceux qui ont souffert de la faim et de la soif pendant plusieurs années. Offrir aux autres de quoi vivre, telle est maintenant leur mission. Avec certains, il discute, s'interroge, se dispute ou reste silencieux.
Et puis, Theo dort, souvent. Il tombe d'épuisement sans même s'en rendre compte et s'enfonce dans la profondeur des songes. Alors, il retrouve le visage de sa mère, Yetti, une très belle femme fantasque fascinée par la beauté des monastères chrétiens, notamment celui de Sankt Peter où elle contemple pendant des heures une icône de Jésus, oubliant momentanément son judaïsme. Elle admire aussi la musique de Bach, préférant initier son fils aux beautés du monde plutôt que de l'envoyer à l'école. « On ne peut pas se permettre de rater une belle vision que l'instant nous offre. » lui disait-elle souvent avant d'être déportée elle aussi.
Les personnages de Aharon Appelfeld évoluent entre veille et sommeil, divagations et rêves et si l' on ne perçoit pas toujours au premier abord le sens de leurs propos, tout laisse penser que ce qu'ils disent est essentiel. D'ailleurs, ces êtres semblant évoluer dans un monde onirique ont quelque chose de kafkaïen. Souvent rêve et réalité se confondent et l'on passe de l'un à l'autre au détour d'une phrase. C'est donc une traversée mystérieuse et énigmatique qu'il nous est donné de faire aux côtés de Theo.
Ce roman, à la fois poétique et philosophique, pose à travers les interrogations du personnage principal les grandes questions qui ne cessent de hanter le peuple juif : Pourquoi ? Quelle est notre faute ? Peut-on témoigner sur les camps et si oui, de quelle façon ? Ne vaut-il pas mieux se taire ? Faut-il « rester groupés » ou partir, s'éloigner du groupe ? Et si l'on s'éloigne, qui nous comprendra ? « Je ne comprends pas pourquoi les gens se rassemblent de nouveau. Ils n'ont pas appris la leçon ? » s'interroge Theo « Rester ensemble, toujours ? Toujours avec ceux dont la souffrance ne quitte pas le visage ? À ressasser ce qui s'est passé ? À accuser tantôt les autres, tantôt soi-même ? ».
Toutes ces questions reviennent à l'esprit du jeune Theo, de façon obsessionnelle, tandis qu'il progresse chaque jour un peu plus. Mais que va-t-il trouver en rentrant ? Ses parents déportés sont-ils encore vivants ? N'est-ce pas risqué de rentrer pour s'apercevoir que l'on est seul, qu'ils sont tous morts là-bas ?
« Nous devons accepter l'incompréhensible comme une part de nous-même… L'incompréhensible est plus fort que nous. On doit l'accepter, comme on accepte sa propre mort. » pense Madeleine. Terribles paroles… Peuvent-elles soulager ? Je ne sais pas...
Des jours d'une stupéfiante clarté a d'autant plus de force que l'on sait qu'il est le dernier livre de l'auteur, mort le 7 janvier 2018 à l'âge de 85 ans. En 1941, il avait été déporté enfant avec son père à la frontière ukrainienne dans un camp de travail de Transnistrie dont il s'était échappé en 1942, seul, à l'âge de dix ans. Il se cacha dans la forêt où il vécut pendant trois ans en mangeant tout ce qu'il pouvait trouver, fut hébergé par une prostituée et rejoignit une bande de voleurs de chevaux avant d'être enrôlé comme cuisinier par l'Armée Rouge. Après moult pérégrinations, il arrive en Palestine en 1946, à 13 ans. Il dira de son enfance qu'elle fut horrible, atroce, tout en précisant : « Je rends grâce à Dieu qu'ils n'aient pas pris l'enfant qui est en moi. » Il apprendra l'hébreu et enseignera à l'Université. Il retrouvera en 1957 son père en Israël. La littérature sera au coeur des travaux de l'auteur. Il pensait en effet qu'il était nécessaire de passer par la littérature pour dire la vérité parce qu'autrement, on ne le croirait pas… Stupéfiantes paroles.
Par ailleurs, la littérature lui permettait de combler les blancs et de lutter contre l'oubli. « Je n'écris pas des livres, j'écris la saga du peuple juif. » Un livre, toujours le même, comment peut-il en être autrement ?
Dans ce très beau roman testamentaire, dont l'écriture n'a de simplicité que les apparences, Theo semble être un double de l'auteur, porteur de ses doutes, de ses angoisses, du sentiment d'absurdité qui l'habite, un être pleurant la perte de la mère, amour absolu, dont il a été violemment privé.
Son personnage aura-t-il plus de chance que lui en retrouvant à la maison une mère et un père se tenant sur le seuil pour l'accueillir et l'aimer ?
Quoi qu'il en soit, dorénavant, comme le dit un rescapé du désastre : « Malgré ce que nous avons éprouvé dans notre chair, nous nous battrons pour garder l'esprit lucide et la foi dans le bien. Et malgré la mort cruelle qui a voulu nous arracher nos parents et grands-parents, nous continuerons de vivre avec eux. Nous avons abattu la séparation entre la vie et la mort. » Peut-être le songe est-il le seul espace possible où les vivants et les morts se retrouvent et s'aiment…
Puissent-ils être heureux et rattraper un peu le temps perdu...
LIREAULIT, le blog
Qu'elle est longue cette marche ! Qu'elle est ennuyeuse ! Il faut dire qu'après Primo Lévi, qu'est ce qui peut être dit ? Les souvenirs familiaux qui surgissent au milieu de la tragédie de la fuite du héros ont quelque chose d'indécent, d'incongru, c'est difficile à expliquer. Toujours est-il que cette odyssée tombe à plat et que parfois, le silence est plus fort que la parole.
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