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Une famille, quelque part dans un quartier populaire d'Alger. L'auteure en offre une « coupe transversale », donnant parole à tour de rôle à chacun de ses membres, croisant ainsi les regards, les vécus individuels, les perceptions réfractées d'un quotidien fait de promiscuité, de désoeuvrement, de mal-vie... S'en dégagent la solitude tragique des êtres et leur souffrance, dans la révolte et le désespoir, parfaitement rendus par la structure même de l'oeuvre. Un premier roman sensible et percutant.
Prix de la Vocation 2011
Dans ce premier roman qui donne tour à tour la parole aux membres et aux voisins d’une famille semblable à tant d’autres des quartiers populaires d’Alger, Kaouther Adimi révèle le mal-être grandissant d’une jeunesse désoeuvrée et sans avenir, en perte totale de repères.
Adel, le fils trop féminin, vit dans la terreur de la violence qu’il attire. Yasmine, la jolie cadette, voudrait tant que ses études débouchent sur bien davantage que le mariage. L’aînée, Sarah, étouffe dans la soumission à un époux qu’elle rejette au point de le prendre pour fou. Pour tromper son ennui d’écolière, sa fille Mouna s'enferme dans un présent de papicha sans cervelle, limité à ses ballerines de toutes les couleurs et à son attirance pour un garçon. Le tout au grand désespoir du gendre Hamza, dépassé par le comportement de sa femme, pendant qu’ombre laborieuse silencieusement barricadée dans son autorité réprobatrice, la mère et grand-mère s'accroche bec et ongle au maintien des traditions familiales et sociales.
Tous vivent sous le même toit et sous le regard inquisiteur des voisins, de jeunes hommes occupant leur désœuvrement d’expédients, entre drogue et alcool, et rêvant, les uns de la « vraie vie » en Europe, les autres de la reconstruction de leur pays, sans jamais parvenir à faire plus que se réunir à longueur de jours et de nuits dans les cages d’escaliers de leur immeuble, mais capables néanmoins d’affirmer comme bon leur semble leur loi sur le quartier : gare à celui ou à celle qui leur semblera déchoir au gré d’un comportement trop libre ou marginal. Alors dans cette promiscuité qui pèse comme un couvercle, révolte et désespoir se vivent dans le secret d’une intimité personnelle soigneusement repliée sur elle-même, dans une souffrance et une solitude propices aux tragédies les plus extrêmes.
Un texte d’une grande maturité de la part d’une auteur alors encore toute jeune, et une illustration aussi sensible qu’efficace de la dérive d’une population acculée au désespoir, à la folie et à la mort, avec souvent pour seul espoir le mirage migratoire.
Dans ces portraits croisés des membres d'une famille algérienne, l'auteur nous offre une vision à la fois noire, réaliste sûrement de l'Algérie d'aujourd'hui. Chaque chapitre est consacré à un personnage des enfants, à la mère. Ils vivent dans la promiscuité, ils crient leur difficulté d'être, leur solitude. S'esquisse un tableau d'une ville dure et sévère où les enfants grandissent dans le harcèlement, dans des quartiers misérables, où même l'université n'offre guère de débouchés.
Il y a peu de moments réjouissants dans ce petit roman. L'auteur sait s'effacer pour se glisser dans la peau, les doutes, les rêves avortés, la folie aussi de chacun des personnages. C'est profondément noir et l'espoir de vivre mieux semble perdu dans cette Algérie où les difficultés noient toute possibilité de bonheur. Même cette petite papicha, Lolita, doute de son amour. Un premier roman émouvant
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