"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
À l'intérieur du bar où le fauve guette sa proie, l'ambiance est électrique. Et va s'intensifiant. Les échanges verbaux sont ramenés au minimum. Regards. Rythmes. Pulsations. Seule compte l'excitation. Seul compte le carnage à venir. En plein jour, l'atmosphère est tout autre. Une bête lèche ses plaies dans une tanière. Un jeune homme ressasse sa douleur, s'efforce de se reconstruire. Il est difficile de faire tomber les parois de la cage, d'ouvrir les grilles. Un récit-choc.
Je viens à peine de terminer ce livre, je n’ai pas pu le poser avant de l’avoir terminé. J’ai bien accroché à ce « récit-choc » comme nous le présente l’éditeur. Pour ma part j’y vois un témoignage très cru et sans fioriture, hyper réaliste des rencontres d’un soir qui peuvent vous laisser une impression de fin du monde. C’est ce que vit ce jeune homosexuel de Montréal après une rupture qui le laisse sur le carreau, blessé et agonisant. Comment se redresser, comment reprendre goût à la vie, entre un frère absent qu’il perçoit plus comme une entité étrangère, une mère qui fait ce qu’elle peut pour maintenir les derniers liens de cette famille qui se délite et un beau-père homophobe et cancéreux. C’est décapant, ça fait mal, on touche à l’intimité de la personne comme jamais, à cette attitude qui peut être celle que l’on a après une rupture ou un choc émotionnel et qui consiste à se renfermer et à n’avoir comme conscience que sa propre réalité. J’ai vraiment apprécié la construction du récit entre Intérieur et Extérieur, c’est particulier et efficace et très fluide au niveau de la lecture. De la même façon, l’assemblage des mots dénote d’un savoir -faire théâtral, il y a du rythme, des accélérations et des freinages brusque à aucun moment on ne s’ennui, on est emporté par les mots comme dans un grand huit, on en ressort secoué et haletant. Dans la cage se trouve un homme écorché vif le jour qui se mord pour avoir moins mal et qui la nuit repousse les limites des barreaux pour vivre dans les bars glauques des rencontres de chasseurs et de proies. Un mode de vie dangereux mais qui le fait se sentir vivant, ce besoin de faire mal pour éprouver du plaisir, jusqu’à la rencontre d’une proie pas comme les autres. C’est trash et sordide avec beaucoup de référence de vocabulaire à l’animal, le bestial mais on reste enveloppé dans une poésie étonnante qui transparaît au fil des mots. J’ai même perçu un côté romantique dans la douleur qu’engendre la rupture d’avec l’être aimé. Bref un récit bouleversant à ne pas mettre entre toutes les mains qui nous porte aux limites de notre humanité.
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