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Dame en rouge sur fond gris est un admirable portrait de la femme aimée que la maladie a trop tôt enlevée à l'affection de l'époux désemparé.
Le narrateur est un peintre célèbre dont le désespoir a tari la créativité. la pudeur de la transposition ne peut faire oublier le drame vécu par l'écrivain confronté à la mort d'angeles, la mère de ses sept enfants. le récit, à la fois hommage et exorcisme, est mené sur le mode chuchoté de la confidence à l'une de ses filles. ce long monologue, classique dans sa retenue, bouleversant par la délicatesse du trait, évoque le mystère d'un être dont l'éclat, la beauté, l'élégance morale, illumine l'existence de ses proches, transforme la grisaille des jours - et jusqu'au goût âcre de la maladie - en inépuisables leçons de vie.
Dans un long monologue, un peintre célèbre s’adresse à sa fille tout juste libérée des geôles franquistes pour brosser le portrait de sa femme trop tôt disparue. Un portrait oral car il n’a jamais réussi à coucher sur la toile la beauté, l’extravagance, la bonté de la femme aimée. Un autre l’a fait : Dame en rouge sur fond gris. Un tableau dont il a toujours été jaloux. Un autre que lui a su figer les traits de cette femme qui ‘’par sa seule présence soulageait du poids de la vie’’. Pourtant elle était sa source d’inspiration et, sans elle, il n’est plus capable de peindre. Alors il parle. Il raconte la vie, l’amour, la maladie, la mort de celle qui a été sa muse, sa femme, son amie, la mère de ses enfants.
Dame en rouge sur fond gris n’est pas seulement un récit d’amour et de mort. Delibes y parle aussi de peinture, de littérature, de politique, évitant ainsi un livre larmoyant et triste. Au contraire, la défunte illumine par sa gaîté, sa bienveillance, son altruisme, son optimisme, un texte sincère et délicat, véritable ode à la femme aimée et perdue, d’autant plus touchant qu’il est largement autobiographique.
Cette dame, rouge comme le feu qui l’habitait, sur fond gris, comme la triste morosité du franquisme finissant, est une petite pépite, un grand cri d’amour pudique et authentique. A lire.
Le narrateur, peintre de grande renommée, sombre dans l’alcool et la dépression depuis la maladie et, surtout, la mort de sa femme.
Dans un long monologue adressé à une de ses fille nouvellement sortie des geôles de Franco, il raconte sa muse, sa femme, , son amour, eux, leurs vies, le franquisme.
Avec ses mots, Miguel Delibes, prend la place du peintre, à moins que ce ne soit l’inverse, sur fond de famille, de franquisme, de bonheur malgré les malheurs, puis sur le fond gris du deuil, il peint l’aimée, l’adorée, celle qui « par sa seule présence allégeait le poids de la vie ».
Les regrets de ne pas avoir dit combien il l’aimait, combien elle était primordiale pour lui « Mais un jour, elle, elle n’est plus là, il devient impossible de la remercier d’avoir resserré le bouton de la chemise et, subitement, cette attention ne te semble plus superflue ; elle devient quelque chose d’important. ».
Le tableau qui donne le titre au livre n’est pas de lui, mais d’un autre « Alors oui, alors j’ai ressenti de la jalousie pour ce tableau, pour ne pas avoir su le peindre moi-même, parce qu’ c’était un autre qui l’avait saisie dans toute sa splendeur. »
Ce tableau qu’il n’a pas su peindre, ce qu’il n’a pu saisir par le pinceau, le narrateur nous le donne par les mots.
« Puisque la mort est inévitable, n’est-ce pas mieux ainsi ? »
La mort a cueilli son amour avant qu’elle ne se flétrisse, avant que la maladie ne l’ait abimée. C’est tout le thème de son long et beau monologue.
Ce livre est un hommage vibrant. Il côtoie l’intime, l’universel et le sublime. Miguel Delibes dessine le portrait de l’aimée, de l’Espagne, avec son récit. Un plume admirable pour un pinceau tout en douceur. Un chant d’amour, un hymne à la femme aimée
Un superbe livre intime ; une écriture comme je les aime. Dominique Blanc, le traducteur a fait du travail d’orfèvre.
Un coup de cœur.
Une fois de plus, les éditions Verdier m’ont régalée. Dommage que je doive rendre le livre à la bibliothèque.
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