Inspirée d’une histoire vraie, cette BD apporte des conseils et des solutions pour sortir de l'isolement
Benny Griessel et Vaughn Cupido, ravalés au rang d'enquêteurs de base pour avoir enfreint les ordres de leur hiérarchie, soupçonnent leur punition d'être liée au meurtre en plein jour d'un de leurs collègues et aux lettres anonymes qu'ils ont reçues récemment. Mais ils n'ont pas le loisir d'approfondir la question car on les charge d'élucider la disparition de Callie, brillant étudiant en informatique.Dans le même temps, Jasper Boonstra, milliardaire et escroc notoire, confie à une agente immobilière accablée de dettes la vente de son prestigieux domaine viticole. Conscient que la commission de trois millions de rands réglerait tous les problèmes de la jeune femme, l'homme d'affaires exerce sur elle un chantage qui la met au pied du mur.A priori, il n'y a aucun lien entre les deux affaires, sauf le lieu, Stellenbosch, au coeur des vignobles du Cap. Mais lorsqu'elles convergent, la cupidité se révèle être leur moteur commun.
Plusieurs enquêtes s’entremêle, le dernier tome de la série Benny Griessel. Le schéma classique de cette saga, actions, suspense, émotions et opportunité avec des personnages toujours attachants. L’auteur multiplie les rebondissements. Un excellent polar bien mené, Mensonge, Corruption, Trahison et Cupidité.
"Les armes à feu crépitent, les plombs heurtent les trois véhicules et la chaussée, les balles fusent, certaines frôlent leur cible, une forte odeur chimique se fait sentir."
"Je connais ça, je connais les hommes depuis que j’ai quinze, seize ans. Ça revient tout le temps. Ces attaques. Souvent en arrière-plan, sous la surface, surtout quand on commence à travailler en présence de collègues masculins et de clients masculins. La plupart sont lâches, prudents, ils tâtent le terrain. Mais c’est constant, inéluctable, cela enfle comme le bruissement d’une ville en bruit de fond. Un vacarme blanc. On apprend, lentement mais sûrement, à le gérer, on s’y habitue, on sait qu’il est présent, on choisit de ne pas l’écouter tout le temps. Parfois le raffut est direct, il détruit les défenses, il faut alors tout jeter à terre et faire face. Demeurer courtoise mais ferme, ou bien rire, selon les circonstances, cela désamorce l’affaire. Essayer de préserver sa dignité, son professionnalisme, sa carrière. Je l’ai appris durement, Charlie. J’ai commis des erreurs. Me suis fâchée, car je porte beaucoup de colère en moi. J’ai compromis mon premier emploi à cause de cette fureur, parce que j’ai perdu mon flegme face à un client qui ne voulait pas arrêter. C’est alors que j’ai compris que l’on ne jouait pas sur le même terrain. Ce n’est pas un combat à armes égales. Surtout pas quand on est une femme, jeune, pauvre, désespérée et sans qualification. Quand on n’a pas le filet de sécurité émotionnel et financier de parents attentifs, équilibrés. Se fâcher ne sert à rien. En référer aux chefs ne sert à rien, même s’ils émettent quelques grognements compréhensifs, car cela nous stigmatise : "un certain genre","pas d’esprit d’équipe". Je l’ai appris à la dure, Charlie, si je veux gagner, je dois être plus maligne. Plus agile."
Toujours un plaisir de retrouver l'emblématique binôme Benny Griesel – Vaughn Cupido, inspecteurs des Hawks, brigade criminelle d'élite de la police sud-africaine. On les retrouve en mauvaise posture, sanctionné pour insubordination lors d'une précédente enquête, rétrogradé et affecté à Stellenbosch, à 50 kilomètres du Cap.
Après un démarrage spectaculaire en courses-poursuite à la Heat de Michael Mann, Deon Meyer construit un remarquable scénario tressant trois arcs narratifs menés de front : la disparition inquiétante d'un étudiant issu de milieu populaire, crack en informatique ; le meurtre d'un policier ; l'histoire d'une agente immobilière, mère de famille étranglée par les dettes, aux prises avec un richissime homme d'affaires haï de tous à cause car escroc notoire qui passe entre les gouttes grâce à des montages financiers douteux.
Deon Meyer maitrise totalement le genre polar, multipliant les rebondissements sans que le lecteur ne s'y perde, jouant avec un suspense qui va crescendo au fil de la lecture, et sachant ralentir au moment juste avant de repartir pied au plancher. Mais son cupidité ne se résume pas à un polar qui joue des muscles grâce à une attention extrême apporté aux personnages, principaux ou secondaires.
Le tandem de flic Griesel / Cupido est plus attachant que jamais, en proie à des doutes qui enrichissent leur personnalité ( questionnements sur leur vie de couple, convalescence post-alcoolisme, poids à perdre ), sans que cela alourdisse la trame polar. Leur dialogue, toujours aussi vifs et « vrais » apportent une touche d'humour vraiment appréciable. Et puis il y Sandra, l'agence immobilière, excellent personnage submergé par de vieilles rancoeurs, liées à un passé familial douloureux, qui se transforment en colère qu'elle peine à dominer.
Colère également de l'auteur. On la sent poindre en filigrane – mais de façon très lisible - en parallèle du portrait sans concession de l'Afrique du Sud qui se dessine en arrière-plan, avec sa corruption systémique à tous les étages sous la présidence Zulma dont la captation de l'Etat a mis à genoux l'économie nationale, sapé les fondements d'une société déjà très inégalitaire et fragilisé la démocratie post-apartheid. le flux de dégueulasseries, en phase avec le scénario policier, achève d'indigner le lecteur.
« Il y a tant de choses qui nous divisent dans ce pays. Mais la cupidité nous unit. »
Le spécialiste du polar sud africain excelle une nouvelle fois.
Déon Meyer a remis le couvert pour un thème qu’il connait bien ; nous emporter vers la culture et les paysages africains afin de nous balader plus agréablement dans son intrigue.
Nous nous retrouvons près de Cape Town, dans la chic ville de Stellenbosch. Pourquoi Stellenbosch, tout simplement parce que nous y retrouvons les deux flics, Benny Griessel et Vaughn Cupido, rétrogradés pour avoir enfreint les ordres de leur hiérarchie et, de fait, se retrouver dans des histoires de guerre des polices. D’emblée on se demande pourquoi une mutation dans un si bel endroit ; ça sent de suite le roussi.
Arrive alors l’histoire de cette jeune femme, Sandra Steenberg, travaillant comme agente immobilière et se retrouvant embourbée dans un trop beau montage commandé pour un magnat. Puis la deuxième situation louche à traiter par nos deux flics, celle de la disparition d’un étudiant hacker surdoué et vivant au-dessus de ses moyens.
Partout le « trop beau » devient vite piège, surtout dans ce pays gangréné par toute sorte de corruption ainsi que ce qu’on nomme « la captation par l’Etat », captation dite secondaire au règne du Président Zuma.
On se retrouve avec deux affaires de fond à traiter par nos deux lascars, plus l’explication à trouver quant à leur mise au placard dans un lieu pareil.
Le tout va bien évidemment finir par s’entremêler pour devenir une intrigue accrocheuse.
Situations et personnages le sont également tels Lettie, Jasper ou encore la mère éplorée de l’étudiant.
Et pour boucler la boucle, ce dépaysement dont il est coutumier et ce multilinguisme qu’il s’approprie pleinement.
J'ajouterais que ce que j’apprécie peut-être le plus chez Déon Meyer : sa faculté à ressortir du moche, du laid chez l’homme. Oui, au-delà de la noirceur, il réussit toujours à nous emmener vers un peu de lumière, une pointe d’espoir pour la nature humaine, voire une résilience. La preuve qu’un polar peut aussi être une oeuvre à part entière.
Citation « y a tant de choses qui nous séparent dans ce pays. Mais la cupidité nous unit ».
Deon Meyer est en forme.
Deux histoires parallèles.
Benny Griessel et Vaughn Cupido, alors qu'ils viennent d'être rétrogradés, vont devoir enquêter sur la disparition d'un jeune étudiant ; sa mère est désespérée.
Sandra Steenberg, agent immobilier dont l'époux est en congés sabbatique pour écrire un livre, n'arrive plus à payer les traites de la maison et l'école des jumelles ; non, elle ne demandera pas de l'aide à ses beaux-parents.
En quoi ces deux histoires peuvent se percuter ?
L'imagination de l'auteur sera au rendez-vous pour qu'elles se croisent.
En toile de fond, l'ambiance de cette Afrique du Sud qui tente de surmonter son passé.
Des chapitres courts et un rythme effréné m'ont fait avaler ces 580 pages en deux jours.
Du suspense, une écriture énergique, un polar efficace.
Oui vraiment, Deon Meyer est en forme.
Merci à Babelio et aux éditions Gallimard - Série noire pour ce cadeau.
Deon Meyer fait partie des auteurs dont je ne manque pas une sortie. Il m’a rarement déçu et le duo Benny Griessel – Vaughn Cupido est une réussite, les retrouver est toujours un plaisir.
Il s’agit du 8ème livre de la série, c’est un personnage qui a évolué, changé, dans sa vie personnelle et professionnelle. Et ce n’est pas fini. Les voilà, lui et son fidèle compagnon Cupido, rétrogradés et envoyés dans la ville de Stellenbosch. Un double récit nous attend, raconté en parallèle sans le moindre soupçon de lien possible pendant la moitié du livre…
Deon Meyer est doué pour ce genre de récits. La disparition d’un jeune homme doué en informatique, la vie d’une agente immobilière… Rien ne semble à priori lier ces deux histoires, rien sauf la cupidité.
L’auteur sud-africain en profite, comme souvent, pour faire la radiographie de la société de son pays. Cooptation, corruption, y compris dans la police, endettement, décalage social dans cette ville moyenne entourée de vignes et autres somptueux domaines viticoles.
La fin abrupte offre une pirouette surprenante et réussie à un roman qui ne l’est pas moins. Je confirme, Deon Meyer ne déçoit jamais.
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