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La sociobiologie constitue-t-elle la nouvelle révolution copernicienne, reléguant l'anthropocentrisme aux oubliettes de l'archéologie du savoir, en replaçant fermement l'homme et sa culture dans son contexte d'animalité concurrentielle ? Marshall Sahlins dénonce vigoureusement cette aberration antiscientifique et antihumaniste. Accepter la «Nouvelle Synthèse» sociobiologique, c'est faire fi de tout l'acquis des sciences de l'homme. Il ne suffit point d'affubler les comportements animaux d'une terminologie anthropomorphique, ou d'identifier les institutions humaines à des formes de «société» animales, pour établir une continuité entre tous ces phénomènes. De fait, le langage est le propre de l'homme ; la fonction symbolique qu'il exprime introduit une discontinuité radicale dans l'univers : les actes des hommes ne se comprennent que par la signification qu'ils revêtent dans un système d'institutions, au nombre desquelles la parenté a longtemps joué un rôle primordial - à l'antipode de toute «réalité» biologique. Il revenait à l'anthropologue de dégager le sens de la fascination qu'exerce cette éternelle «Nouvelle Synthèse», qui s'est insinuée dans les domaines les plus divers de la connaissance, de l'utilitarisme sociologique à l'économie marginaliste, en passant par la théorie des jeux et la linguistique cartésienne de Chomsky. M. Sahlins en identifie le ressort profond : l'«individualisme possessif», et la dialectique de la nature et de la culture qui lui est propre.
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