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Continuez sans moi

Couverture du livre « Continuez sans moi » de Jean-Michel Mestres aux éditions La Manufacture De Livres
Résumé:

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  • Après des décennies, Jean-Michel Mestres décrit un frère, la soixantaine, qui décide de s’arrêter au cimetière. « Mon caveau de famille, hélas, n’est pas tout neuf, vulgairement parlant, il est plein comme un œuf » disait Brassens. Le corps de Florence, la sœur, séjourne dans le caveau familial...
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    Après des décennies, Jean-Michel Mestres décrit un frère, la soixantaine, qui décide de s’arrêter au cimetière. « Mon caveau de famille, hélas, n’est pas tout neuf, vulgairement parlant, il est plein comme un œuf » disait Brassens. Le corps de Florence, la sœur, séjourne dans le caveau familial presque en clandestinité, faute d’avoir son nom écrit sur la stèle.

    Il aura fallu quarante ans au frère pour repartir sur les traces de cette sœur, d’une année son aînée, qui avait décidé de quitter le monde comme si elle leur avait dit « Continuez sans moi « .

    Pendant vingt-quatre ans, ils avaient vécu « assortis ». Après, il avait fallu, pendant quarante longues années, effacer les questions, mettre à distance la douleur pour pouvoir continuer à vivre. Et, puis un jour, comme une évidence, l’envie de revoir le cimetière puis l’irrésistible envie d’écrire sur Flo, cette sœur dont il ne reste presque rien.

    Jean-Michel Mestres reprend le fil du passé et le déroule petit à petit.
    « Il est fait de tant de croix
    Le temps qui passe
    Il est fait de tant de croix
    Le temps passé
    Pauvres tombes de l’oubli. »

    Retour sur le passé
    À partir des photos, des films et des chansons, Jean-Michel Mestres nous fait rencontrer leur histoire. Sans nostalgie mais avec beaucoup de tendresse et de justesse « Continuez sans moi » décrit les retentissements d’un suicide dans sa famille. Et, en le décrivant, il décrit toutes les familles. « Cela ne sert à rien d’aimer les familles par principe, ou de les haïr en bloc : on n’y échappe pas. À chacun de faire au mieux, de s’en dépatouiller. »

    Aucune tristesse, car le passé n’est pas ressassé, il est réinventé ! Évidemment, des références s’entrechoquent avec notre propre vécu, mais comme le narrateur, nous ne nous y arrêtons pas.
    Et du voyage dans le passé, Jean-Michel Mestres nous transmet l’universalité des souvenirs, de ces pépites qui animent notre mémoire et qui consolent encore des absences trop vite ressenties. Dans son cheminement littéraire, souvent à travers musiques et chansons, il nous pousse à revoir nos certitudes, ces représentations fabriquées pour continuer à vivre pour enfin appréhender une partie de la réalité du passé, de son passé.

    « Continuez sans moi » permet de redonner vie à des souvenirs entourant une jeune femme qui a choisi le suicide à vingt-huit ans, laissant son presque jumeau et sa famille seuls avec ses questions et une consolation difficile à trouver. Jean-Michel Mestres crée un récit intimiste, forcément très proche de son vécu, à la fois réflexions sur le décès des personnes qu’on aime et aide à renouer avec leurs souvenirs. Un récit très réussi !
    Chronique illustrée ici
    https://vagabondageautourdesoi.com/2024/06/04/jean-michel-mestres-continuez/

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  • En passant devant le cimetière de Perpignan, Jean-Michel arrête sa voiture.
    Est-ce le hasard qui l’a conduit ici ou un besoin inconscient ?
    Ce n’était pas la première fois qu’il passait à proximité et pourtant il n’avait pas franchi les portes depuis plusieurs décennies.
    Le lieu lui est...
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    En passant devant le cimetière de Perpignan, Jean-Michel arrête sa voiture.
    Est-ce le hasard qui l’a conduit ici ou un besoin inconscient ?
    Ce n’était pas la première fois qu’il passait à proximité et pourtant il n’avait pas franchi les portes depuis plusieurs décennies.
    Le lieu lui est néanmoins familier, il n’a aucun mal à retrouver l’emplacement. Sur la stèle funéraire figurent les deux noms de famille de ses grands-parents maternels. Une intruse porte un nom différent Florence Mestre 1955-1984, la sœur de Jean-Michel plus âgée que lui, de quatorze mois. Dans la soudaineté et l’effarement devant cette disparition subite, son père avait demandé à son beau-frère et à sa belle-sœur, la permission d’inhumer le corps dans leur tombeau, ne serait-ce que provisoirement.

    Quarante après, les choses sont restées en l’état, il faut dire que le choc a été rude. Pourquoi a-t-elle fait cela ? comme si elle avait dit continuez sans moi, elle ne se plaisait pas avec nous ? Un mélange singulier de tristesse, d’amertume, de honte, de remords, Jean-Michel a « glyphosater » les souvenirs qui le reliaient à sa sœur Flo.
    A l’âge mûr, Jean-Michel est âgé aujourd’hui de 68 ans, est-ce son esprit d’archéologue, profession qu’il aurait aimé exercer, qui lui souffle l’envie de faire renaître les souvenirs de Flo? Très proche de lui, très complice, puisque seulement séparés de quelques mois, une presque jumelle.

    Sans pathos, ni complaisance, Jean-Michel Mestres, nous esquisse les réminiscences de leur jeunesse. Une mère partie bien trop tôt, un père un peu dépassé soumis à la loi de sa nouvelle compagne, mal acceptée des enfants. Les notes plus gaies des vacances chez les grands-parents dans la région de Perpignan. Il ressort tous les supports disponibles, photos, lettres, disques pour essayer de sortir des brumes, ses pensées.

    Dans ce roman autobiographique « continuez sans moi », Jean-Michel Mestres nous plonge dans son intime et dresse un constat teinté d’aigreur sur sa lâcheté du moment et son manque de discernement. Pourquoi est-il parti avec sa compagne Hamama chez une amie, ce fameux week-end, sentant pourtant Flo un peu dépressive et isolée ?

    Qu’elles étaient les pensées de Flo au moment du passage à l’acte ? :
    Il est cinq heures
    Et j’erre dans les rues vides
    Des pensées emplissent ma tête
    Mais là encore
    Personne ne me parle
    Mon esprit me ramène
    Aux années que j’ai laissées passer.
    It’s five o’clock, Aphrodite’s child (Demis Roussos), 1969

    Vraiment un bon livre qui nous force à réagir sur une telle situation, les autres, comment se comportent-ils, eux, devant le suicide d’un proche et nous-même aurions-nous su trouver une parade au mal-être de cet être cher ?

    Au-delà, c’est une réflexion sur la mort de nos proches, la conservation de souvenirs, de leur image, de leur singularité contre l’effet érosif du temps, même s’ils restent, à jamais, une partie de nous comme un membre amputé.

    Mes remerciements à l’agence littéraire Trames et aux Editions la Manufacture de livres.

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