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La grande guerre ne se vit pas tout à fait de la même façon selon qu'on habite au bord de la tamise ou pied du kilimandjaro, à la frontière anglo-allemande de l'afrique orientale.
A l'arrière comme au front, on a bon espoir que la fureur belliqueuse fonde comme neige au soleil, mais on ne sait pas encore qu'il faudra combattre trois mois de plus faute d'avoir eu vent de l'armistice.
La guerre ici est bel et bien meurtrière, mais le climat incongru, les héros " déplacés " de ces colonies lointaines, donnent au second roman de william boyd une tonalité tout à fait dans la tradition des humoristes anglais où constamment le comique de situation sape les velléités héroïques, où l'horreur le dispute à la plus décapante cocasserie.
« Le lieutenant-colonel Stordy affirme que la guerre, ici, ne durera que deux mois. Il fait bien trop chaud, dit-il, pour se battre plus longtemps : nous fondrons tous comme neige au soleil ! »
Ici, c’est l’endroit où en 1914, l’Angleterre et l’Allemagne partageaient une frontière commune.
Cette frontière qui passait…au pied du Kilimandjaro dont les neiges, comme chacun sait, ne fondent jamais tout à fait. Du côté nord, l’Afrique-Orientale britannique (aujourd’hui le Kenya) et au sud, l’Afrique-Orientale allemande (aujourd’hui la Tanzanie). Entre les deux, enfin plutôt côté anglais, un fermier américain cultivant et broyant du sisal à l’aide d’une machine agricole qui fait sa fierté. Un beau jour (façon de parler), la guerre s’invite… « Il semble que nous ayons déclaré la guerre la semaine dernière, le 4. La nouvelle a simplement mis un peu de temps à nous arriver, ici dans la brousse. »
William Boyd nous conte les destins croisés d’une famille de militaires anglais, de l’agriculteur américain et de son voisin allemand dans cette guerre d’Afrique-Orientale tout aussi absurde et meurtrière que celle de France et de Belgique.
Souvent cinématographique (la traversée en side-car dans la plaine dominée par le Kilimandjaro au lever du soleil), le récit alterne entre le tragique et le cocasse (cet officier anglais gaffeur ou cet américain qui fera quatre années de guerre pour récupérer une machine agricole) avec les qualités habituelles et reconnues de l’auteur, l’humour, par exemple :
La moto surgit dans la rue. Le conducteur s’arrêta et ôta ses grosses lunettes. C’était un soldat anglais. « Dis-moi mon pote, dit l’homme gaiement, où est tout le monde ? J’crois que je suis perdu. Tu peux me dire où est la garnison de Kasama ?
Von Bishop se rendit compte qu’avec son uniforme dépenaillé, il ressemblait plus à un fermier qu’à un officier allemand. C’était d’autant plus embarrassant qu’il n’avait même pas un revolver.
_ Cette ville est occupée par les troupes allemandes.
_ Oh ! Je suis fait prisonnier, alors ?
_ Oui, vous l’êtes, dit von Bishop, avec le sentiment d’être plutôt ridicule.
_ Vous n’êtes pas au courant, dit l’estafette, la guerre est finie depuis avant-hier. »
Vous ne connaissez pas encore William Boyd ? Courez vite réparer cette faute de goût et surtout ne vous en vantez pas !
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