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Pourquoi avoir écrit précisément ce roman ? Enfant, Olivier découvrait avec émerveillement la dune du Pilat. Adolescent, il lisait avec délectation les légendes gasconnes qui le transportaient dans un monde peuplé d’êtres terrifiants. Adulte, il s’est intéressé aux traditions, aux proverbes pittoresques, à l’histoire mouvementée de cette région. Un personnage a notamment retenu toute son attention : Émile Péreire. Dans une France qui amorce sa révolution industrielle, il sera opportuniste et visionnaire. Son maître à penser est Saint-Simon. Devenu banquier, il révolutionnera le système traditionnel de l’épargne. Aux côtés du préfet Haussmann, il financera des projets immobiliers et d’urbanisation de grande ampleur dans la capitale qui assureront le rayonnement de Paris dans le monde entier. Paris devient une place financière de première importance rivalisant avec Londres. Émile Péreire financera le développement du rail, notamment dans le sud-ouest de la France, dynamisant le développement économique des villes de Bordeaux, Toulouse, Narbonne, Bayonne et Perpignan. Émile Péreire est alors l’une des personnes les plus fortunées de l’Hexagone, mais comme Icare il se fera brûler les ailes par James de Rothschild, jaloux de sa réussite. C’est à Émile Péreire que l’on doit également l’urbanisation de la ville d’Arcachon. À l’origine petit port de pêcheurs de sardines au fin fond des landes battues par les vents et marécageuses, il en fera une station thermale et balnéaire huppée, et une ville d’hiver accueillant des tuberculeux fortunés venus de toute l’Europe se faire soigner. Se basant sur des faits réels, l’auteur imagine une amitié fictive très forte entre des jeunes désireux de changer la société. Leur route sera parsemée d’embûches : les inégalités sociales, les conditions de travail épouvantables, la dévalorisation des femmes, les épidémies. D’où le titre Cœurs vaillants, car il faudra à ces jeunes beaucoup de courage.
Extraits du roman :
« Au début du XIXe siècle, c’est la sardine qui fait vivre économiquement le petit village de La Teste-de-Buch. Toute l’activité portuaire repose sur la pêche à la sardine pratiquée de manière artisanale, et la conserverie de sardines emploie, dès l’âge légal de huit ans, toute la population féminine du village. Les sardines constituent véritablement l’or bleu du golfe de Gascogne et de la côte Atlantique.
[…]
Henriette, excédée de voir son époux risquer chaque jour sa vie en franchissant la passe, le maudissait de ne pas être agriculteur, un travail de fonctionnaire, selon elle. “Tu sais bien que rien ne peut pousser par chez nous avec ce sol sablonneux. Et puis, il n’y a pas plus bête qu’un paysan : une goutte de pluie il est noyé, un rayon de soleil il est brûlé”, lui répliquait alors invariablement son mari, citant un proverbe gascon. Quand Henriette insistait et lui disait encore qu’il serait mieux chasseur que pêcheur, là encore il avait une réponse toute faite : “Il vaut mieux une sardine sur le pain qu’une perdrix qui vole !” Comme René aimait tous ces proverbes gascons qui lui permettaient de tenir tête à son épouse !
[…]
Les conditions de travail des femmes dans les conserveries sont épouvantables. Non syndiquées et peu informées de leurs droits, elles sont une main-d’œuvre corvéable à merci et sous-payée. Les cadences de travail sont infernales, les ouvrières devant travailler quinze heures par jour, parfois davantage. Leur unique jour de récupération est le dimanche. René s’emportait parfois contre le patron de la conserverie quand il posait son regard sur les mains abîmées de sa femme, sur son dos voûté ou encore sur ses cernes sous les yeux. “Il est né tout habillé comme on dit chez nous. Il n’a jamais eu à se battre comme nous pour avoir de quoi vivre. Ce sont les ouvrières qui se tuent à la tâche pour l’enrichir. Ce n’est pas juste !” Il était capable de dresser un constat lucide de leur situation et il lui arrivait même d’avoir des velléités de rébellion, mais ses emportements le ramenaient constamment à la perception de son impuissance à peser d’une manière ou d’une autre sur le cours de leur vie.
Accablé, il citait alors d’une voix sourde un autre dicton gascon : “Qui se fait brebis, le loup la mange.” »
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