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Cloudstreet, c’est le nom d’une rue dans une ville d’Australie, mais c’est aussi le nom donné à la grande maison centrale de cette rue . Centrale pour ses habitants car à son rez de chaussée s’est installée une sorte de modeste épicerie-traiteur « une demeure immense, à la peinture écaillée, dotée d’yeux et d’oreilles, et qui dégage même pour eux, une impression d’opulence impie », « une maison vibrante et respirante », « une grande maison foutraque ».
Dans cette grande maison, vivent 2 familles venant d’horizons différents :les Lamb et les Pickle : 13 personnes en tout. Ces familles qui s’opposent dans trois domaines : le rapport au travail, le rapport à l’argent, les relations parents-enfants ont cependant en commun la modestie de leur situation sociale, et aussi, en leur sein, la présence d’un handicapé.
Dans la famille Lamb, c’est le père Sam, qui a perdu un bras dans un accident de pêche.
Dans la famille Pickle, c’est l’un des 3 fils, Fish, rescapé d’une noyade causée par l’inattention de son frère Quick, sauvé grâce aux efforts désespérés de sa mère pour le ramener à la vie par le bouche à bouche, mais qui reste diminué;
Peu à peu, insensiblement, les deux familles qui cohabitent d’abord chacune de leur côté du couloir central et ne se fréquentent pas, apprennent se rencontrer, s’entraider, se mêler . Ils forment ce que l’auteur appelle « une tribu, un équipage »et la maison « un navire battu par les tempêtes de la vie », qui ne manqueront pas au cours des 20 années sur lesquelles se déroule le roman. La maison apparaît alors comme un nid hors duquel personne ne peut être heureux, un cocon protecteur . Les enfants, qui, adultes, l’ont quittée, y reviennent pour s’y installer et y retrouver le bonheur.
CLOUDSTREET, c’est le roman d’une aventure collective où alternent tendresse, haine, mais toujours beaucoup d’émotion. Les personnages ne sont ni entièrement exemplaires, ni toujours entièrement sympathiques. Pas de manichéisme, non plus.
On y voit vivre des personnages poignants : celui de la mère, mais aussi, en particulier pour moi, l’un des enfants Lamb : Fish, celui « qui n’est pas revenu tout entier du monde de la mort ». Fish lié par un rapport fusionnel à son frère Quick, pourtant responsable de la noyade qui l’ a diminué. Fish, un enfant qui hurle la nuit et fait frémir toute la maisonnée, mais trouve l’apaisement en jouant du piano ou plutôt en cognant sans trêve ni harmonie sur l’instrument. C’est sur ce personnage que se termine le roman, une fin douce mais bouleversante .
Lire CLOUDSTREET, c’est entrer dans l’intimité de 13 personnages , découvrir la part d’ombre que chacun d’eux porte en lui, assister à des moments de crise, mais aussi de renaissance , vibrer en empathie avec eux. Comme l’écrit le narrateur au début du roman « tu ne peux t’empêcher de t’inquiéter pour eux, de les aimer, de les désirer, ceux qui continuent à défiler dans les fétides galeries confinées du temps et de l’espace, sans toi » J’ajouterai : tu ne peux t’empêcher de conserver leur souvenir.
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