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Claude-Catherine Kiejman a connu Clara Malraux, elle était donc prédestinée à écrire sur celle qui a été son amie alors qu’elle était une vieille dame toujours pleine de vivacité. C’est Jean Lacouture, biographe d’André Malraux, qui favorisa la rencontre avec Clara dont « le regard scrutateur et attentif à l’autre recelait toutefois un soupçon de tristesse. »
C’est en compagnie d’André Malraux, alors inconnu mais chez qui elle flaire le génie futur, que la jeune fille de la bourgeoisie va découvrir l’aventure à travers de lointains voyages.
Ils vivront ensemble durant quinze ans, auront une fille, Florence, avant que Malraux ne quitte Clara pour vivre d’autres amours, avec Josette Clotis dont il aura deux fils. Mais, durant ces années de complicité, les Malraux vont beaucoup voyager. Ce sera tout d’abord le Cambodge, où, tels des aventuriers, ils volent des statues dans un temple perdu dans la jungle ; mais seront vite arrêtés. Cet épisode, très romanesque et hasardeux, montre la témérité et l’inconscience du jeune couple.
Il y aura ensuite l’Indochine, puis la lutte contre le fascisme pendant la guerre d’Espagne, ainsi que des voyages en Union Soviétique.
Le couple va aussi fréquenter des écrivains et des artistes du monde entier.
Après leur séparation, Clara doit se réinventer mais la blessure de la rupture ne se fermera jamais. L’auteure nous confie ce combat d’une femme toujours éprise de Malraux, lequel refuse de la voir. Pendant la seconde guerre mondiale, Clara va entrer dans la résistance. Edgar Morin dira d’elle : « A la libération, elle n’était pas encore libérée de l’image gigantesque de Malraux, ni de la déchirure encore non cicatrisée de l’irrémédiable séparation. »
Je ne connaissais pas la vie de Clara Malraux et cette biographie sincère et lumineuse m’a beaucoup appris sur cette femme d’exception qui avait un sacré courage et a toujours été une rebelle dans l’âme. J’ai été touché par ses souffrances, qu’elle a su cacher tout en poursuivant son combat.
Un grand merci aux éditions Tallandier et à Masse critique Babelio pour cette biographie.
Qui était vraiment Clara Malraux, trop souvent éclipsée par la notoriété de son mari André Malraux ? Cette biographie nous permet d’aller à la rencontre d’une femme libre et aventureuse du XXe siècle.
Dans sa présentation, Jean Lacouture hésite, pour la définir, entre courage et ironie. Il dit : « Je choisirai pourtant le courage, ou mieux les courages. »
Très jeune, Clara Malraux affiche un tempérament rebelle. La soumission et le conformisme, très peu pour elle !
Née en 1897 dans une famille judéo-allemande installée à Paris, la jeune Clara Goldschmidt va être confrontée à la réalité de l’antisémitisme. Très jeune, elle affiche un tempérament rebelle. La soumission et le conformisme, très peu pour elle !
C’est sa rencontre avec André Malraux qui va être décisive dans sa vie. Dans ses mémoires, elle écrit : « C’est lui qui, pendant des années, comptera plus pour moi que tous les autres êtres. » Malraux va faire entrer l’aventure dans leur vie. Ils vont beaucoup voyager. Tout d’abord il y aura l’aventure Cambodgienne. Ils s’enfoncent dans la jungle cambodgienne à la recherche d’un temple oublié, aventure périlleuse qu’ils abordent avec la désinvolture de leur jeunesse.
D’autres voyages suivront. L’Indochine, où ils créeront un journal « L’Indochine », avec quelques intellectuels du cru. Mais, très critique vis à vis de l’administration coloniale, le journal doit interrompre sa publication.
De ces aventures naitront de grands livres, et Clara a pressenti que Malraux serait « l’inspirateur » de toute une génération.
Puis il y aura la guerre d’Espagne, prélude à l’engagement de Clara contre le nazisme durant la seconde guerre mondiale.
L’auteure révèle aussi les épreuves que Clara doit surmonter et la plus terrible sera la rupture avec Malraux. Sa liaison avec Josette Clotis dont il aura deux enfants la plonge dans un profond désarroi. Elle va élever pratiquement seule Florence, unique enfant du couple. Les Malraux divorcent en 1947.
Ce qui m’a bouleversé dans cette biographie, c’est la générosité et l’altruisme de Clara pour André Malraux. Sans elle, serait-il devenu ce grand écrivain du XXe siècle ?
Elle a écrit une œuvre considérable mais moins connue que celle de son illustre mari et devra faire face à des difficultés financières, elle qui a consacré sa fortune à son mari. Pourtant, jamais elle ne baissera les bras, poursuivant ses combats en s’engageant dans de nouvelles causes.
La plume de Claude-Catherine Kiejman introduit la connivence et nous rend proche cette femme exceptionnelle et qui a su marquer son époque.
A travers sa vie aventureuse, j’ai découvert un fragment du XXe siècle et la face plus sombre d’André Malraux. Clara Malraux, une femme de courage qu’on ne peut oublier.
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