Inspirée d’une histoire vraie, cette BD apporte des conseils et des solutions pour sortir de l'isolement
À la demande de Mathilde, Charles a quitté Paris et son appartement de la rue de Vaugirard pour s'installer à la campagne avec leurs deux filles, le rêve d'une vie. Une vie au vert, rythmée par ses allers-retours vers la capitale pour s'occuper de sa société. Le bonheur de Mathilde n'a pas de prix, tout le monde le sait, Charles ferait tout pour sa famille.
Alors pourquoi Mathilde est-elle de plus en plus distante ?
Est-ce le regret de Paris, de sa vie d'avant ? Le voisin, Clément, qui lui a montré la voie d'un ailleurs possible ? Ou bien ce reflet dans le miroir, ces quelques kilos en trop qui ont surgi sur la balance, ce profil d'homme mûr, moins ferme que dans leur jeunesse ?
Il y a forcément quelque chose. Si seulement Charles pouvait comprendre.
Apparence, apparences, mensonges et faux-semblants : chez Xavier de Moulins, les héros ont tous cette beauté éclatante, solaire, qui cache les plus noirs secrets.
C’est seulement maintenant, deux ans après sa parution, que je viens de faire la connaissance de "Charles Draper", un roman de Xavier De Moulins.
Je remercie très sincèrement le site Lecteurs.com, ainsi que la maison d’édition JC Lattès pour cette lecture passionnante.
Je ne connaissais pas le Xavier De Moulins romancier et n’avais lu aucun de ses précédents ouvrages. Mais j’avoue avoir été captivée d’emblée par l’histoire de Charles et Mathilde, couple heureux et presque parfait, et de leurs deux petites filles adorables. Ils viennent d’acheter, pour le plaisir de Mathilde, une maison à la campagne, Charles se contentant d’un petit coin à Paris quatre jours par semaine. Le train le ramène chaque jeudi soir, mais Mathilde ne vient plus, comme au début, l’accueillir à la gare. Il sent bien qu’il se passe quelque chose, elle n’est plus la même et semble s’éloigner chaque jour davantage. Alors, il pense que son physique en est la cause, son ventre n’a plus la fermeté de la jeunesse. Il décide de se mettre au sport et au régime pour reconquérir sa femme.
A coups de cliffhangers et d’allusions fines, discrètes, perfides, semées ici et là, l’auteur transforme un récit de prime abord sympathique en un véritable thriller, jusqu’à la fin pour le moins étonnante. Avec beaucoup de doigté, il traite de l’amour mais aussi et surtout de la jalousie et de ses dérives. Il s’attache à décrire les effets néfastes du seul intérêt porté à l’apparence.
J’ai beaucoup aimé cet équilibre entre le fond et la forme : une histoire menée de main de maître, parfaitement agencée, servie par une écriture vive, presque sèche parfois, originale toujours, affublant souvent les mots d’un sens détourné : "Charles Draper prépare le petit-déjeuner de sa fille. Margaux, l’aînée, a déjà filé. Fleur arrive pieds nus. Index sur la bouche, il lui sonne un coup d’œil complice." Mais elle sait aussi se faire poétique, imagée et chantante : "Dehors le vent surgit. Charles Draper entend venir l’orage. Il gronde vers 3 heures du matin. Une demi-heure d’éclairs déchire la pièce dans l’obscurité. La lune a tourné le dos aux détonations. Elle s’est rentrée dans les nuages en attendant l’accalmie … Amputés par le vent, les arbres hurlent qu’ils ont mal…" Dans tous les cas, elle apporte de la couleur à l’histoire, elle la maquille élégamment sans en cacher la réalité.
S’agissant des personnages, Clément et Charlotte, malgré leurs rôles secondaires, restent pour moi très attachants, Clément par sa gentillesse et l’expression de sa tristesse et Charlotte par son côté quelque peu déjanté mais toujours prête à entourer son frère Charles.
En un mot, je trouve "Charles Draper", vraiment réussi jusqu’au dernier chapitre, reprenant les propos du premier comme une boucle sans fin dans laquelle la folie d’un homme nous entraîne.
memo-emoi.fr
Charles Draper quitte Paris pour s’installer à la campagne avec Mathilde et leurs deux filles. Mais Charles continue les allers-retours vers la capitale pour gérer son entreprise de déménagements. La distance s’installe dans le couple, Charles s’interroge ; il est prêt à tout pour lutter contre les effets du temps et de l’âge qui déprécient les corps. Les pensées les plus insensées frôlent son esprit, jusqu’à la paranoïa. Il en est sûr, Mathilde le trompe… Mais que se cache-t-il réellement derrière les apparences et les faux-semblants ?
Quand on ouvre ce livre, on pense y trouver l’histoire d’un couple, de sa déchéance, de la lutte presque acharnée d’un homme en proie au temps qui passe et face à un corps qui vieillit. On croit parcourir la description d’un homme absolument prêt à tout pour re-séduire sa femme qui semble s’éloigner. Certes, c’est à peu près ça…
A ceci près que ce roman prend au fil des pages des allures de thriller psychologique. La tension est palpable, elle s’intensifie peu à peu jusqu’à offrir au lecteur un rebondissement auquel il ne s’attendait pas en ayant ce roman entre les mains… Une banale histoire de couple ? Pas si sûr…
Le rythme de l’intrigue suit celui des pensées de Charles, il accélère dès lors que la fin approche. Et là, révélation, surprise. Une fin qui déstabilise, qui laisse une porte ouverte à l’interprétation de chacun. Comme une nécessité de relire cette fin deux ou trois fois, non qu’elle ne soit pas claire… Mais comme Charles Draper, le lecteur ne parvient pas à savoir si il a en face de lui la vérité, ou si l’interprétation qu’il se fait de tout ça n’est que le fruit de son imagination. A l’instar du personnage principal et des pensées qui l’assaillent, le doute subsiste, même une fois le livre refermé.
C’est donc un joli coup de maître que réalise Xavier de Moulins avec Charles Draper. Sans discontinuer, jusqu’au bout, l’auteur maintient son lecteur dans l’enchaînement infernal des choses, tout en créant un climat d’incertitudes, d’ambiguïté, qui nous donne envie d’aller jusqu’à la fin, en quête d’une vérité, celle de cette histoire…
Charles Draper se réclame du "Mépris" de Godard et il n'a pas tort tant le délitement de son couple est une version revisitée du thème cher à Moravia. Mais plus que le "Mépris", c'est "L'Enfer" de Clouzot qui semble être la référence la plus proche de ce disjonctage en bonne et due forme du héros de ce roman. La poussière dans l'engrenage, la jalousie, la folie...spirale infernale dans laquelle nous entraîne Charles Draper grâce à une écriture vive et soutenue, sans temps mort et un réel suspens. Tension psychologique garantie. Réflexion sur le couple juste et hallucinée à la fois. On en sort pas rassuré pour autant. C'est la grande qualité du roman.
Charles Draper dirige une entreprise de déménagement et vit avec Mathilde, son amour d'adolescent, que la vie a séparés puis à nouveau réunis "un jour de fin du monde" (en 2004, pendant le tsunami qui a ravagé les côtes indonésiennes), et dont il a deux enfants, Fleur et Margaux. Désireux de se mettre au vert, les voilà qui acquièrent un corps de ferme à la campagne...
Voici là les ingrédients d'une histoire somme toute parfaitement banale. Si ce n'est que Mathilde est une femme lumineuse et Charles Draper, au tournant de sa vie, un homme mal dans son corps qu'il sent lui échapper et à qui il entreprend de donner une seconde jeunesse, entre réalité d'efforts soutenus et illusion d'une décrépitude peut-être par trop ruminée... Mais ce que Charles Draper ignore et va découvrir tragiquement, c'est que la course à la plastique de rêve et la suspicion sont tous deux des venins qui lentement mènent à bien leur travail de sape...
"Charles Draper", ces deux noms accolés, comme une marque, le prototype d'une époque où le portable rythme nos vies ; "Charles Draper", l'alpha et l'oméga d'un même homme aux prises avec ses doutes, ses questionnements... Xavier de Moulins, en merveilleux styliste, manie une écriture profondément originale et donne corps et vie aux choses, à la nature, avec un sens de l'intrigue maîtrisé. Le malaise est prégnant, on éprouve de l'empathie pour ce Charles bedonnant et ses souffrances. Ces pages dénotent chez le journaliste, qui est sans conteste un écrivain, un attachement aux mots, un vrai sens de la formule. L'ensemble fait mouche.
Coup de mou du côté des correcteurs cependant : bien trop de coquilles, argh !
Charles rencontre Mathilde en 2004, au rayon télé d’un magasin Darty le jour où se déchaîne le violent tsunami au large de Sumatra. «Trois semaines plus tard, loin des hurlements de la nature déchaînée, la paille d’un mojito coincée entre les dents, Charles et Mathilde se jurèrent de ne plus jamais se séparer, de commencer, enfin, la suite de leur histoire. Alors, ils se mirent à courir.»
La suite aurait pu être la chronique d’un couple modèle, d’une famille sans soucis, d’une ascension sociale gratifiante. Cela devient un thriller psychologique glaçant. Une mécanique d’une précision implacable.
À la tête de la société de déménagement «CD Mouve», Charles voit son entreprise se développer, sa famille s’agrandir, son épouse se plaire dans son rôle de mère au point d’envisager de quitter Paris pour s’installer en province. Bref, tout semble pour le mieux dans le meilleur des mondes.
Mais, à l’image du sang que sa fille voit derrière son oreille, les petits détails vont gripper la belle machine. Le soupçon s’installe au fur et à mesure. Que se passe-t-il quand il n’est pas là ? Charles retrouve ses interrogations, ses doutes d’adolescent, quand « les filles de son âge ricanent sur son passage, elles moquent sa maigreur de squelette, sa transparence aussi. Il a le béguin pour Alice, Laure, Juliette et Aurore. C’est un garçon paranoïaque, une matière inflammable.»
Clément, le fleuriste, n’est-il pas trop proche de Mathilde ? Et lui, ne s’est-il pas laisser aller ? A-t-il changé au point de ne plus intéresser sa femme ?
«Ventripotent, il estime qu’il ressemble à du mou, du gras mou non identifié, à de la chair blanche avariée, un mauvais cadavre dont même un charognard ne voudrait pas. L’ampleur du constat le rend triste et pâle.»
Il va alors chercher dans un club de sport le moyen de regagner l’estime d’une épouse qu’il trouve par trop distante. Mais soulever de la fonte quelques fois par semaine ne lui suffit pas. Il va donner un coup de main à ses ouvriers et aider aux déménagements, avant de céder à son fournisseur de médicaments et de pilules magiques pour retrouver plus vite encore un corps de rêve.
Tentative aussi pitoyable que dangereuse qui va encore creuse le fossé entre lui et Mathilde qui n’en peut plus. Elle qui «simule sa vie, sans trop de blanc» qui arrive jusque là « à combler la faille», mais s’interroge : «pour combien de temps ?» En attendant que Charles s’assagisse, elle va s’occuper, retrouver une vie sociale mise jusque là entre parenthèses.
Loin des yeux, loin du cœur, Charles va de plus en plus mal. Construit petit à petit le drame qui couve. À ses yeux, «le fleuriste à les mains pleines de Mathilde». Même les conseils de sa sœur Charlotte ne le font pas dévier de ses – fausses – certitudes. Car désormais, à l’image de téléphone portable qui le nargue, tout le renforce dans son idée fixe : « Le téléphone est l’intranquillité de ceux qui attendent tout de rien, le territoire de tous les possibles, un terrain miné propice à tous les scénarios, jusqu’au cancer des propositions les plus noires (…) Nos téléphones sont les couteaux suisses de la trahison, des accélérateurs de paranoïa. Dans leur batterie se niche un nouveau virus, pour lequel on ne connaît aucun médicament ni vaccin, le poison du doute. »
Habilement construit et très juste dans l’analyse psychologique, l’épilogue de ce roman a toutes les chances de vous surprendre. C’est pourquoi nous n’en dirons pas davantage.
http://urlz.fr/3j5j
http://www.leslecturesdumouton.com/archives/2016/02/24/33415492.html
« Mathilde vengeait des millions de femmes. Dans sa nuit, Charles Draper comprenant qu'elles n'étaient pas les seules à vivre dans l'obsession d'un corps sans faute. Elles aussi avaient des yeux pour apprécier la beauté du monde. »
En voilà une belle surprise ! Après avoir lu la quatrième de couverture, je pensais que ce roman avait de bonnes chances d'être une banale histoire de couple à la dérive sur fond d'adultère. Grossière erreur ! Si le postulat de départ est bien celui-là, Xavier de Moulins arrive à balader son lecteur avec talent : Dieu sait pourtant que je pensais avoir deviné la fin !
Charles Draper, marié à Mathilde et père de deux filles, installe sa famille à la campagne. Il continue à travailler quatre jours par semaine sur Paris pour son entreprise de déménagement. Au fil des mois, il sent que Mathilde s'éloigne de lui : elle évite les moments d'intimité, ne semble passionnée que par ses cours de théâtre. Seul Clément, un veuf, ami du couple, semble apporter un peu de vie à son épouse. Il n'en faut pas plus pour qu'il soupçonne une relation. En parallèle, blessé par une remarque anodine de son épouse, il passe son temps à tenter de retrouver un corps de jeune homme pour la reconquérir. Seulement, si Charles est préoccupé par son apparence, le lecteur – lui – ne doit pas se fier aux apparences. Les derniers chapitres nous tiennent en haleine et on est surpris – et conquis pour ma part – par le twist final.
Xavier de Moulins signe un bien beau roman où la psychologie des personnages est ultra-travaillée. Il sait se montrer un fin observateur de ses contemporains et manie habillement les ressorts du thriller. Développer l'obsession de l'apparence chez les hommes, là où on la voit habituellement chez les femmes, est bien vu et juste.
Je ne sais que dire de plus : lisez Charles Draper !
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