Ultimo Parri est un jeune homme qui vieillit en s'efforçant de remettre de l'ordre dans le monde. Il a cinq ans lorsqu'il voit sa première automobile, l'année de la course mythique Versailles-Madrid de 1903, dix-neuf le jour de la grande défaite de Caporetto en 1917, vingt-cinq lorsqu'il rencontre la femme de sa vie, et beaucoup plus le soir où il meurt, loin de sa campagne piémontaise natale.
Cette histoire-là est son histoire, qui nous emporte dans une course effrénée à travers le vingtième siècle, à laquelle l'écriture brillante et habile d'Alessandro Baricco confère une formidable vivacité, pour en faire une de ses plus belles réussites.
Dans Cette histoire-là, l’architecture romanesque de l’auteur se construit autour d’une narration plurielle qui rythme le texte comme une partition. Seul le motif change. Pour ce récit en particulier, il s’agit d’évoquer la vie imaginaire d’Ultimo Parri, son parcours et sa trajectoire unique, à travers la réalité des événements du XXème siècle occidental qui s’apparente à une course effrénée.
Au fil des pages, on découvre comment le fils d’un paysan devenu garagiste au début du siècle apprend très tôt dans sa vie l’ivresse de la vitesse automobile avec l’amour immodéré pour les courses folles. Puis, un peu plus tard, on le voit survivre à l’horreur de la Grande Guerre, au désastre et à la honte de la retraite de Caporetto en 1917 . Patiemment enfin, on suit l'itinéraire d'Ultimo, de l’autre côté de l’Atlantique, aux Etats-Unis dans les années 20 et après la Seconde Guerre Mondiale en Angleterre jusqu’à la course des Mille Milles en Italie dans les années 1950, et alors on le voit, pugnace, continuer d'élaborer son projet un peu fou de faire bâtir un circuit à 18 courbes.
Ainsi, cette histoire-là retrace l’itinéraire du destin de ce personnage hors du commun, qui en dépit des circonstances extérieures l’environnant, ne cesse de vouloir donner un sens à son existence par la réalisation d’un dessein précis qu’il a échafaudé et rêvé depuis son enfance : « construire une piste ».
« Tout mouvement tend à l’immobilité et […] seul le trajet qui conduit vers soi-même est beau » est une phrase que j'ai aimé lire et qui résume en abîme l'intrigue qui se trame.
Un rythme d'enfer.
Dépaysant et étourdissant.
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