"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Catch 22, l'Article 22, est un « attrape-nigaud » qui permet à un colonel américain d'imposer un nombre de missions sans cesse croissant à son escadrille de bombardiers basée dans une petite île de la Méditerranée pendant la Seconde Guerre mondiale. Yossaran, héros tragicomique de cette épopée burlesque, est décidé à tout tenter pour sauver sa peau : il estime que sa seule mission, quand il s'envole, consiste à atterrir vivant. Simuler la folie dans cet univers délirant lui paraît le meilleur moyen de tirer au flanc. Hélas, l'Article 22 stipule : « Quiconque veut se dispenser d'aller au feu n'est pas réellement fou. » Cette première oeuvre de Joseph Heller compte parmi les meilleurs romans américains de l'après-guerre.
Le dernier grand écrivain ? Joseph Heller.
Le dernier grand roman ? Catch 22.
J. G. Ballard.
L'article 22. Permet à un colonel américain d'imposer à son escadrille un nombre de missions sans cesse croissant.
Mais Yossarian ne veut plus partir en mission. Ne veut plus combattre. Invoque régulièrement la folie dont il est victime.
Mais comment l'entendre ? Comment admettre qu'un homme est fou, tant qu'il craint de mourir au front...
Personnage tragi-comique de ce formidable chef-d'oeuvre, Yossarian est celui qui permet à chacun d'entrer en scène, des colonels obsessionnels aux médecins, soldats, filles de joie. A la mort, la folie, la guerre jusqu'à son inutilité, son absurdité.
Entre de grands éclats de rires, des prises de position subtiles, brillantes, le tout servi par un style incomparable.
Nous sommes en 1944, probablement (ce n’est jamais précisé mais au vu des évènements historiques décrits, c’est plus que probable), dans une ile italienne occupée par un camp militaire américain. Yossarian, un bombardier de l’US Army, voudrait bien en finir avec cette guerre où il manque de mourir à chaque vol. Il a déjà à son actif le nombre requis de mission pour pouvoir retourner vivant aux Etats-Unis, il envisage même de se faire passer pour fou pour en finir avec cette guerre qui le terrifie. Mais son Colonel, avide de gloire, repousse sans cesse le nombre minimum de vol, afin d’apparaitre comme le meilleur colonel de l’Armée américaine. L’arme du Colonel Cathcart : l’article 22 « Quiconque veut se dispenser d’aller au feu n’est pas réellement fou ». Rarement un roman m’aura été si difficile à lire… De part sa taille, d’abord (presque 700 pages en écriture serrée) et surtout de part sa forme. Impossible de retenir le nombre ahurissant de personnages, impossible de se repérer dans le temps et de déterminer si le roman s’étale sur 6 mois, sur un an, sur 6 semaines car tout est déstructuré, impossible même de dégager une intrigue au-delà du fil conducteur de Yossarian et de sa quête de solution pour rentrer chez lui. Le roman revient en arrière, avance, puis recule dans le temps, nous assistons plusieurs fois à la même scène à plusieurs chapitres d’intervalle, sous des angles différents. Le style de Joseph Heller est déroutant, très répétitif, ses dialogues peuvent s’étaler sur plusieurs pages pour finalement n’aboutir à presque rien, c’est réellement déroutant comme lecture ! Au bout d’un moment, il faut accepter de se laisser embarquer dans sa folie et dérouler « Catch 22 » sans chercher à tout relier, à tout placer dans la petite case qui convient, sinon, on devient aussi fou que ses personnages ! Car c’est une autre caractéristique de « Catch 22 », c’est une fable sur l’absurdité de la guerre et Joseph Heller, que ce soit dans les situations ou les caractères de ses personnages, pousse le curseur de l’absurde, du non-sens, du surréalisme parfois bien au-delà du raisonnable. C’est tellement outrancier dans le « n’importe quoi » que très vite, on abandonne aussi l’idée du réalisme. En réalité, « Catch 22 », c’est « M.A.S.H » à une autre époque, dans une autre guerre, avec 1000 fois plus de non-sens et de folie. Si certains chapitres sont un peu difficiles à lire, d’autres sont si drôles (humour noir de chez noir) qu’on a presque honte d’en sourire ! Parce que oui, c’est férocement drôle de voir le personnage de Milo (responsable du Mess), par exemple, développer l’art du marché noir à un niveau industriel complètement fou, usant jusqu’à l’absurde le concept du capitalisme ! C’est férocement drôle de voir ce médecin, qui était par erreur sur la liste de vol d’un avion craché, et qui est donc déclaré mort par l’Armée alors qu’il est bien là, sous les yeux de tout le monde. Et tout le monde refuse de lui parler, de lui apporter à manger, de le loger, de lui payer sa solde parce qu’il est officiellement mort et que sa « veuve » a déjà touché ses frais d’obsèques ! Voilà, c’est un exemple parmi tant d’autres des situations improbables et absurdes d’un roman unique en son genre. En revanche, ce roman qui date de 1955 à les défauts de son époque et notamment, il est d’une misogynie qui ne passerait plus aujourd’hui, les femmes y étant quasiment toutes dépeintes comme des prostituées ou des proies à violer ! Il a récemment été adapté sur petit l’écran et je serais drôlement curieuse de voir comme George Clooney réussi à construire une série à partir d’un roman si étrangement déstructuré. C’est évident que « Catch 22 » ne conviendra pas à tout le monde, moi-même j’ai eu du mal à m’y retrouver parfois, et j’ai même été tentée d’arrêter les frais à une ou deux reprises. Mais je me suis accrochée, non pour savoir si Yossarian réussit à rentrer aux USA, mais pour aller au bout de ce étrange voyage au pays de l’absurdité faite reine.
Franz Kafka pendant la seconde guerre mondiale !
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