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Seule la vitesse compte. Le froid, les bruits, les images, les sensations en dépendent. Quand il est lancé sur sa machine, couché sur le corps de métal, entre une insomnie et l'apparition du soleil, Anton vibre de la seule vie qu'il se souhaite. Une course intense et sans fin dans l'immobilité pesante des jours. Pas d'avenir, mais l'instant transcendé ; pas d'objectif sinon une courbe à négocier, une plaque de verglas à éviter. L'amour de Leen alors est une entrave, car rien ne vaut une étreinte avec l'Elégante, l'impossible rivale de marque Triumph, l'ensorceleuse aux relents d'huile et de cuir, à la souplesse d'hirondelle.
Tous les jours, aux petites heures, Anton fend l'air comme suspendu dans le vide, quelque part entre le pont et l'eau. Mais la brume glacée qui monte la nuit des routes forestières de l'Est porte son lot de cauchemars et de fantômes. Le carénage ne protège que du vent, et la vitesse que du vide.
Hypnotique, précise et sonore, la langue de Sylvain Coher épouse les froides lignes de la mécanique pour produire une poésie lumineuse. Sur l'obsession et les rendez-vous fatidiques, Carénage est un roman envoûtant et sensuel, à l'impressionnante puissance onirique.
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